Déjà ressuscité en 2002 par le Festival de Montpellier, l’opéra romantique Les Fées du Rhin
fait aujourd’hui son grand retour à Tours pour une double première: sa
création mondiale dans la langue de Molière et sa création scénique en France, là
où Montpellier s’était contentée d’une version de concert en allemand.
Créé à Vienne en 1864 en une adaptation allemande réduite à deux actes,
cet ouvrage sérieux invite à nous éloigner de l’image bouffe à laquelle
on réduit souvent Offenbach, même si on pourra être déçu par son livret
rocambolesque, accumulant raccourcis et invraisemblances. Outre ces
critiques justifiées, l’absence de production dans notre pays peut
s’expliquer par la présence insolite d’un chœur célébrant la terre
allemande: il s’agit sans doute là d’un clin d’œil audacieux d’Offenbach
pour affirmer ses origines germaniques et conquérir Vienne, mais qui
solda définitivement le sort de cet ouvrage dans notre pays après la
défaite de 1870.
Reconstruite par Jean-Christophe Keck, la version en quatre actes est aujourd’hui présentée avec quelques rares coupures à l’Opéra de Tours, alors que les représentations de la fin de l’année en Suisse se limiteront à une version plus réduite, avec un plateau vocal différent (hormis Serenad Burcu Uyar et Guilhem Worms). L’Ouverture fait résonner d’emblée la mélodie bien connue qu’Offenbach réutilisera dans la Barcarolle des Contes d’Hoffmann: une musique irrésistible qui servira ensuite de leitmotiv pour les apparitions fantastiques des fées. Globalement, Offenbach fait ici valoir son talent mélodique en des climats admirablement variés, autour d’un chœur très présent. Ce sont précisément les chœurs et les ensembles qui laissent une impression vibrante en fin de soirée, là où l’inspiration d’Offenbach est à son meilleur.
Reconstruite par Jean-Christophe Keck, la version en quatre actes est aujourd’hui présentée avec quelques rares coupures à l’Opéra de Tours, alors que les représentations de la fin de l’année en Suisse se limiteront à une version plus réduite, avec un plateau vocal différent (hormis Serenad Burcu Uyar et Guilhem Worms). L’Ouverture fait résonner d’emblée la mélodie bien connue qu’Offenbach réutilisera dans la Barcarolle des Contes d’Hoffmann: une musique irrésistible qui servira ensuite de leitmotiv pour les apparitions fantastiques des fées. Globalement, Offenbach fait ici valoir son talent mélodique en des climats admirablement variés, autour d’un chœur très présent. Ce sont précisément les chœurs et les ensembles qui laissent une impression vibrante en fin de soirée, là où l’inspiration d’Offenbach est à son meilleur.
Il faut dire que le Chœur de l’Opéra de Tours n’est pas pour rien dans cette ivresse bienvenue, tant ses qualités de cohésion et de précision emportent l’adhésion. Une des grandes satisfactions de la soirée avec la direction de Benjamin Pionnier, toute de finesse et d’attention à l’étagement des mélodies entrecroisées: on pourrait évidemment souhaiter plus d’électricité dans certains passages, mais son geste sûr respire sans jamais s’alanguir, donnant beaucoup de noblesse à cet Offenbach ambitieux. L’Orchestre symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours, très en forme, semble faire corps avec son chef, hormis quelques rares imperfections dans les départs aux cuivres.
Le plateau vocal réuni est malheureusement plus inégal en comparaison, même si on pourra noter une attention générale à la prononciation et au texte. C’est tout particulièrement vrai pour Guilhem Worms (Gottfried), dont chacune des interventions est un régal. Son timbre splendide, tout autant que la sûreté et la largeur d’émission, lui permettent de tenir son rôle avec beaucoup de conviction. A ses côtés, Marie Gautrot (Hedwig) fait valoir une présence tout aussi vibrante, autour de phrasés admirables de couleur et parfaitement projetés. La ligne est moins tenue pour la décevante Serenad Burcu Uyar (Laura), par ailleurs peu crédible scéniquement et stylistiquement. C’est d’autant plus regrettable que les moyens sont là, mais mal exploités. Outre l’inaudible Sébastien Droy (Franz), on mentionnera la prestation frustrante de Jean-Luc Ballestra (Conrad), qui alterne le meilleur comme le pire avec une assurance pourtant éclatante. Dès lors que la voix est bien placée, on a là l’un des barytons les plus irrésistibles du moment à force d’intention et de présence, mais que dire lorsque le timbre se délite en un râle indigne d’un chanteur de ce niveau? C’est d’autant plus surprenant que ces difficultés techniques apparaissent d’emblée et non pas sur la durée, comme l’expression d’un chant négligent et nonchalant, avec de nombreux passages en force pour compenser.
Copieusement sifflée en fin de représentation, la mise en scène de Pierre-Emmanuel Rousseau tente d’animer le plateau en transposant l’action dans la barbarie des conflits de l’ex-Yougoslavie. Rien de nouveau dans cette proposition qui peut se défendre, mais qui joue trop lourdement sur la fureur et les affirmations d’autorité répétées. S’il est vrai que le livret ne passionne guère, faut-il pour autant multiplier aussi systématiquement les menaces et autres singeries avec les armes? On a parfois l’impression d’assister à une série américaine autocentrée sur sa fascination pour la violence, en mal d’idées. Pour autant, Pierre-Emmanuel Rousseau se montre plus à son aise avec l’expression du merveilleux, dévoilant un beau tableau animal lors du ballet au III. De quoi donner un moment de poésie bienvenue, mais trop rare, à cette mise en scène qui se repose trop sur le jeu (perfectible) des interprètes.
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