Créée en 2012 à Nancy et reprise plusieurs fois ensuite, notamment à Montpellier en 2017, la production de L’Italienne à Alger
imaginée par David Hermann fait étape à Tours pour trois dates en ce
début d’année. En une période où la plupart des institutions lyriques
doivent resserrer leur budget, les coproductions se développent en
France: la salle comble à Tours démontre combien cette option tient la
route. Rossini continue, quant à lui, à séduire le public au-delà de son
chef-d’œuvre, Le Barbier de Séville, ce dont on ne peut que se réjouir. Si les titres de L’Italienne à Alger (1813) et de son quasi-jumeau de 1814, Le Turc en Italie,
prêtent parfois à confusion, c’est bien la musique du premier qui en
fait l’un des plus beaux ouvrages de son auteur, du fait d’une verve
rythmique irrésistible et d’un livret efficace. On y retrouve en effet
quelques emprunts au Bourgeois gentilhomme de Molière dans le portrait satirique de Mustafà: le Mamamouchi du Français ne fait-il pas écho au Pappataci de Rossini?
David Hermann s’empare de ce sujet en proposant une transposition audacieuse dans l’Amazonie, où un avion s’est échoué. Le décor unique pendant toute la représentation est splendide, mais l’absence de plateau tournant ne permet pas de le revisiter, de même que des éclairages trop peu inventifs. Si les costumes, notamment du chœur grimé en sauvages, ravissent tout autant par leur perfection formelle, cela ne suffit pas à gommer un manque d’imagination dans la direction d’acteur, trop statique et conventionnelle.
David Hermann s’empare de ce sujet en proposant une transposition audacieuse dans l’Amazonie, où un avion s’est échoué. Le décor unique pendant toute la représentation est splendide, mais l’absence de plateau tournant ne permet pas de le revisiter, de même que des éclairages trop peu inventifs. Si les costumes, notamment du chœur grimé en sauvages, ravissent tout autant par leur perfection formelle, cela ne suffit pas à gommer un manque d’imagination dans la direction d’acteur, trop statique et conventionnelle.
Fort heureusement, la soirée vaut avant tout pour la présence d’une chanteuse d’exception en la personne de Chiara Amarù (Isabella), une mezzo spécialiste du répertoire bel canto, et cela s’entend! Chacune de ses interventions impressionne par la qualité de l’interprétation, aux accents admirables de caractère, tout autant que l’aisance technique confondante, de la rondeur de l’émission au timbre bien corsé. Curieusement, le public semble lui préférer le Lindoro de Patrick Kabongo, que l’on a pourtant trouvé plus à l’aise dans le répertoire français récemment à Strasbourg. Rien d’indigne bien sûr, tant le timbre clair et la diction précise font mouche, mais on attend dans ce rôle un ténor à la voix plus charnue et aux aigus moins serrés, tout autant qu’une présence plus robuste.
De robustesse, Burak Bilgili (Mustafà) ne manque pas, et c’est plutôt davantage de subtilité que l’on aimerait trouver dans ses phrasés. Il assure cependant l’essentiel, même si la voix fatigue quelque peu au fil de la soirée. A ses côtés, belle ovation finale méritée pour le vaillant Taddeo de Pierre Doyen, puissant et engagé. Jeanne Crousaud compose quant à elle une touchante Elvira, dont on aurait seulement aimé davantage de coffre, tandis qu’Anna Destraël (Zulma) se distingue dans son court rôle avec de belles couleurs vocales. Si le chœur montre une belle cohésion, on est déçu en revanche par la direction placide et sans surprise de Gianluca Martinenghi. L’électricité attendue en de maints passages est plusieurs fois refusée, au profit de tempi mesurés et d’une parfaite mise en place. Un geste probe qui a au moins pour avantage de ne pas couvrir les chanteurs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire