Figure littéraire bien connue des mélomanes, Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776-1822) a inspiré plusieurs œuvres bien installées au répertoire à l’instar de Casse-Noisette de Tchaïkovski ou des Contes d’Hoffmann d’Offenbach. Le natif de Königsberg fut tout au long de sa vie un incroyable génie touche-à-tout, capable de réussir dans son métier de juriste pour embrasser en même temps la littérature, la critique musicale, la peinture ou la caricature. Admirateur de Mozart pour qui il fit changer l’un de ses prénoms en Amadeus, Hoffmann s’essaya aussi à la composition, s’investissant principalement dans la musique lyrique avec une dizaine d’opéras à son actif. L’éditeur CPO contribue ces dernières années à la redécouverte de son œuvre – son opéra Amour et jalousie (Liebe und Eifersucht) ayant été enregistré en 2010, avant son Miserere l’an passé.
Hoffmann s’est montré plus discret dans le genre symphonique, ne composant en 1806 qu’une unique Symphonie en mi bémol majeur. Son introduction lente fait d’emblée penser aux premiers accords de la Trente-neuvième Symphonie de Mozart, tandis que résonne l’influence rythmique de Haydn, omniprésente dans cette œuvre. Sous la baguette précise de Michael Alexander Willens, cette entrée en matière majestueuse respire harmonieusement, avant de laisser éclater une énergie revigorante dans la suite du mouvement. Vive et enjouée, la direction du chef américain fait ressortir les aspects verticaux, même si elle en fait un peu trop dans le finale, où la scansion des cuivres et timbales est trop prononcée. L’élan musclé et vigoureux produit donne ainsi une belle énergie à l’ensemble mais semble trop uniforme et réducteur, particulièrement dans ce répertoire.
En complément de programme, les deux ouvertures d’opéra ici enregistrées laissent entrevoir les mêmes travers, le surcroît d’énergie ne parvenant pas à masquer le manque de finesse de l’orchestration d’Hoffmann, particulièrement dans Undine. L’Ouverture d’Aurora apparaît heureusement plus variée dans sa construction, une introduction lente lui étant adjointe à l’instar de la symphonie. Mais c’est surtout la Symphonie en la du compositeur Friedrich Witt (1770-1837), parfait contemporain d’Hoffmann, qui surprend en contraste par ses qualités d’agilité et de légèreté. Un indéniable savoir-faire irrigue cette œuvre due à un véritable symphoniste – on lui en doit plus d’une vingtaine, l’une d’elle, appelée Symphonie «Iéna», ayant pendant quelques années été attribuée à rien moins que Beethoven. Ici, la baguette de Willens offre davantage de transparence dans la douceur, se régalant de l’imagination mélodique de Witt.
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