vendredi 3 avril 2015

« Brass too » - Oeuvres de Chostakovitch, Glanert, Tomasi, Piazzolla et Hindemith - Cuivres du Concertgebouw Amsterdam - Disque RCO Live



Disons-le d’emblée: on ne pensait pas prendre autant de plaisir à l’écoute de ce nouveau disque consacré au répertoire très sous-estimé des ensembles de cuivres. Et pourtant, la réussite est complète. On doit au trompettiste flamand Wim Van Hasselt, ancien membre de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam, la volonté de mettre en valeur le répertoire des cuivres par l’enregistrement d’un disque dédié en 2007. Huit ans après «Brass», RCO Live présente un deuxième volume, intitulé «Brass Too», dont seul l’enregistrement consacré à la Konzertmusik d’Hindemith a été capté sur le vif, avec les cordes en supplément. Cette œuvre commandée par Serge Koussevitzky pour le cinquantième anniversaire de l’Orchestre symphonique de Boston, en 1931, annonce de très près la Symphonie «Mathis le peintre», chef-d’œuvre du compositeur allemand. Hindemith y assagit le discours moderniste des années 1920 pour privilégier un entrecroisement des mélodies en un élan exaltant. Kurt Masur marque les scansions sans temps mort, à la tête – faut-il le préciser? – d’un superlatif pupitre de cuivres.


Autre compositeur bien connu en entame de ce disque, avec Chostakovitch et l’une de ses musiques de film. Si l’on connaît davantage les partitions de Korngold ou Prokofiev, les Néerlandais enregistrent ici l’une des partitions les plus fameuses de Chostakovitch en la matière, écrite pour le film Le Taon (1955). Des douze mouvements de cette Suite, l’adaptation de Steven Verhaert ne retient que cinq extraits (1, 5, 6, 8 et 12), dont l’irrésistible «Romance», extrait le plus fameux, inspiré de la Méditation de Thaïs de Massenet. La référence est ici moins marquante du fait de la disparition du solo de violon, mais le morceau reste un beau moment de poésie contrastant idéalement avec les autres parties de la Suite, plus martiales.


Le disque fait ensuite une place à Detlev Glanert (né en 1960), en résidence à l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam. Le compositeur allemand propose une courte pièce savoureuse qui parodie la musique de cabaret, mâtinée d’emprunts au jazz. Si les deux extraits de l’opéra-tango María de Buenos Aires restent dans la même veine joyeuse et dansante, ce disque a la bonne idée d’inclure la rare musique du compositeur corse Henri Tomasi (1901-1971). On retrouve les Fanfares liturgiques tirées de son premier opéra Don Juan de Manara (1944), véritable délice d’imagination mélodique, en une veine néoclassique proche de Ravel qui rappelle aussi parfois l’orchestration brillante du Roi David d’Honegger.


Un disque à la programmation admirablement variée, idéal pour bien percevoir toutes les possibilités offertes aux différentes individualités du pupitre des cuivres.

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