C’est à un très beau panorama de la musique anglaise du début du XXe siècle que nous convie ce nouveau disque centré autour de la Première Guerre mondiale. Honneur tout d’abord à George Butterworth (1885-1916), un compositeur trop tôt disparu pendant la bataille de la Somme, alors qu’il était considéré comme un des talents les plus sérieux aux côtés de son ami Ralph Vaughan Williams. Ce dernier lui rendra hommage en lui dédiant sa London Symphony, fruit de leur stimulante émulation. Avec la rhapsodie pour orchestre A Shropshire Lad (Un Gars du Shropshire – un comté anglais frontalier du Pays de Galles) composée en 1912, Butterworth fait valoir un puissant lyrisme contrasté avec des passages plus retenus, délicatement mélancoliques, d’une maîtrise orchestrale solide.
Si l’on connaît davantage la figure de Gerald Finzi (1901-1956), on sait moins qu’il subit lui aussi les affres du conflit mondial par la perte de son très proche professeur et mentor, Ernest Farrar (lui-même élève de Charles Villiers Stanford et ami de Vaughan Williams), à qui le Requiem da camera est dédié. Cette œuvre enregistrée en première mondiale (tout comme The Trumpet d’Ivor Gurney) commence par un prélude envoûtant, où Finzi se délecte des atmosphères brumeuses et songeuses qu’il chérit tant. Les trois mouvements suivants font recours aux solistes et au chœur, sur des textes poétiques – un autre point commun avec Gurney. Mais là où Ivor Gurney (1890-1937) utilise souvent le chœur à l’unisson, en un ton franc et direct, Finzi opte pour une élégie raffinée et enveloppante, d’une splendide sérénité. Assurément la plus belle œuvre gravée sur ce disque.
Le disque se conclut par An Oxford Elegy, une œuvre pour récitant d’une vingtaine de minutes composée par Ralph Vaughan Williams entre 1947 et 1949, période où l’Anglais expérimente de nouvelles sonorités (l’harmonica ou le tuba par exemple). Les sombres textes poétiques de Matthew Arnold trouvent ici un écrin parfait. Immédiatement, la luxuriance orchestrale s’oppose au chœur fantomatique et glacial, tandis que le récitant évite toute emphase en un sérieux presque monotone. A ce jeu-là, Jeremy Irons est parfait – attendant, imperturbable et serein, la douce lumière de la délivrance finale. Un Vaughan Williams grave et pessimiste – assurément une œuvre en phase avec le sujet du disque. Le meilleur se situe plus encore au niveau de la direction de Hilary Davan Wetton, superlative et magnifiquement captée. Un disque qui donne envie d’aller plus loin encore dans la découverte de cette musique anglaise si riche de talents variés pendant la première moitié du XXe siècle.
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