Episodiquement jouée de nos jours, l’œuvre pourtant considérable d’Anton
Rubinstein (1829-1894) s’est épanouie dans tous les domaines: survivent
aujourd’hui certains de ses concertos pour piano ou son chef-d’œuvre
lyrique Le Démon (1871), donné en début d’année
à Bruxelles. C’est peu dire que Rubinstein a été une personnalité
incontournable de son époque, à la fois en tant que pianiste virtuose,
compositeur et pédagogue renommés. C’est lui, et non pas le Polonais
Arthur Rubinstein (auquel aucun lien de parenté ne les lie), qui est à
l’origine du fameux prix de piano – sans parler de sa contribution à la
création du Conservatoire de Saint-Pétersbourg, à l’instar de son frère
Nikolaï à Moscou. La musique de cet ancien professeur de Tchaïkovski a
souffert dès son vivant de son style jugé trop germanique, façonné par
son admiration pour Beethoven et Mendelssohn, tout comme de son refus de
l’intégration de coloris russes, tandis que ses opéras eux-mêmes ont
été le plus souvent créés dans la langue de Goethe. Certes classiques,
ses compositions méritent pourtant une réévaluation, comme le prouve
aisément ce dernier disque d’une intégrale des Concertos pour piano – un projet semble-t-il inédit jusqu’à présent, les cinq Concertos ayant fait l’objet d’enregistrements épars.
On doit cet intérêt au chef américain Jon Ceander Mitchell: entamée en 2013 avec le Deuxième Concerto (1851), cette intégrale se poursuit aujourd’hui avec l’enregistrement du Premier. Composée en 1850 mais seulement publiée huit ans plus tard, cette œuvre de jeunesse affiche sa dette envers Schumann, autant par sa structure classique que par la primauté donnée à l’expression d’un thème mélodique immédiatement identifiable et aisément mémorisable, qui raisonne longtemps après l’écoute. Le deuxième mouvement (Andante), plus court, a pour lui l’originalité d’un dialogue entre le cor et le piano, tandis que l’Allegro final séduit par sa rythmique entraînante, toujours assise sur les contrechants mélodiques. Les interprètes font le choix d’une optique non romantique en des tempi allants et sans vibrato, imposant une radiographie de l’œuvre qui ne s’appesantit jamais. Soutenue par le ton félin et sans états d’âme de Grigorios Zamparas au piano, cette interprétation allégée apporte une certaine modernité à l’œuvre, même si l’on pourra regretter que ce choix mette peu en valeur les dialogues entre orchestre et soliste. L’orchestre philharmonique Bohuslav Martinů de Zlín montre quant à lui des qualités honorables – seules les cordes manquant quelque peu de personnalité.
Ce disque se conclut avec l’humoresque pour orchestre Don Quichotte (1870), moins connue que l’œuvre homonyme de Strauss, mais qui permet de découvrir un Rubinstein au ton plus personnel, même si le Russe refuse là encore toute introduction de motifs ibériques. On retient surtout le recours à une scansion mystérieuse imprimée par les cordes sous forme de leitmotiv entêtant, où l’orchestre fait montre de davantage de caractère que dans le concerto. Assurément une bonne version d’attente, mais on aimerait qu’un Riccardo Chailly ou un Simon Rattle se penche sur ce répertoire trop délaissé.
On doit cet intérêt au chef américain Jon Ceander Mitchell: entamée en 2013 avec le Deuxième Concerto (1851), cette intégrale se poursuit aujourd’hui avec l’enregistrement du Premier. Composée en 1850 mais seulement publiée huit ans plus tard, cette œuvre de jeunesse affiche sa dette envers Schumann, autant par sa structure classique que par la primauté donnée à l’expression d’un thème mélodique immédiatement identifiable et aisément mémorisable, qui raisonne longtemps après l’écoute. Le deuxième mouvement (Andante), plus court, a pour lui l’originalité d’un dialogue entre le cor et le piano, tandis que l’Allegro final séduit par sa rythmique entraînante, toujours assise sur les contrechants mélodiques. Les interprètes font le choix d’une optique non romantique en des tempi allants et sans vibrato, imposant une radiographie de l’œuvre qui ne s’appesantit jamais. Soutenue par le ton félin et sans états d’âme de Grigorios Zamparas au piano, cette interprétation allégée apporte une certaine modernité à l’œuvre, même si l’on pourra regretter que ce choix mette peu en valeur les dialogues entre orchestre et soliste. L’orchestre philharmonique Bohuslav Martinů de Zlín montre quant à lui des qualités honorables – seules les cordes manquant quelque peu de personnalité.
Ce disque se conclut avec l’humoresque pour orchestre Don Quichotte (1870), moins connue que l’œuvre homonyme de Strauss, mais qui permet de découvrir un Rubinstein au ton plus personnel, même si le Russe refuse là encore toute introduction de motifs ibériques. On retient surtout le recours à une scansion mystérieuse imprimée par les cordes sous forme de leitmotiv entêtant, où l’orchestre fait montre de davantage de caractère que dans le concerto. Assurément une bonne version d’attente, mais on aimerait qu’un Riccardo Chailly ou un Simon Rattle se penche sur ce répertoire trop délaissé.
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