On se faisait une joie, en cette année qui célèbre les deux cents ans de
la naissance de Charles Gounod (1818-1893), de découvrir à Tours le
rare Philémon et Baucis, un opéra-comique composé un an seulement après le chef-d’œuvre Faust (1859). Aujourd’hui délaissé au profit du délicieux Médecin malgré lui (1858), Philémon et Baucis
pâtit malheureusement d’un livret assez convenu autour des tribulations
de Jupiter et Vulcain, déguisés pauvrement afin d’éprouver les vertus
d’hospitalité d’un couple de vieillards, avant de leur accorder la
jeunesse en récompense. Il s’agit là d’une lointaine adaptation des Métamorphoses
d’Ovide (Mercure étant notamment remplacé par Vulcain) réalisée par les
librettistes Barbier et Carré dans la foulée du grand succès rencontré
par la fable mythologique Orphée aux enfers d’Offenbach en 1858. Mais on est plus proche ici d’un charmant opéra de chambre mozartien que des satires d’Offenbach.
La principale déception de la soirée vient surtout de la mise en scène bancale de Julien Ostini, manifestement peu à l’aise avec son sujet. Il choisit en effet tout d’abord une présentation littérale de l’histoire, en situant Philémon et Baucis autour d’un âtre de fortune, occupés à leur subsistance. Le tout est surplombé par quelques voiles qui s’agitent pendant la tempête provoquée par les dieux ou qui servent d’ombres chinoises à l’occasion: on a là une scénographie habile, mais dont l’absence d’originalité fleure bon la naphtaline, et ce d’autant plus que les éclairages n’apportent pas le climat de poésie souhaité (dans le même esprit, Yoshi Oida nous avait nettement plus convaincu dans Les Pêcheurs de perles ou dans Peter Grimes). La direction d’acteurs déçoit également tout du long par le conformisme de ses postures, sans parler du chœur aux déplacements maladroits. L’ajout de quatre danseurs ne peut sauver cet ensemble trop statique et approximatif pour convaincre.
Mais ce qui gêne le plus, au-delà de ces désagréments visuels, est certainement l’incapacité de Julien Ostini à se tenir à sa volonté initiale de présenter cette histoire sans la modifier ou la transposer. Pourquoi en effet avoir affublé Jupiter d’un costume bling-bling en début d’opéra, au risque du contresens ? Si les quelques allusions à Macron-Jupiter peuvent se concevoir, on aurait aimé que cela aille plus loin que de simples clins d’œil en forme de pirouettes: la modernisation des dialogues s’avère ainsi beaucoup trop poussée pour respecter l’œuvre originale, frisant à plusieurs reprises l’outrance et la vulgarité facile.
Face à cette mise en scène qui ne restera pas dans les annales, le plateau vocal manque d’homogénéité. Sébastien Droy (Philémon) charme par ses phrasés parfaitement articulés, sans pour autant parvenir à faire oublier un timbre fatigué, un léger vibrato dans l’émission et un manque d’éclat certain. C’est d’autant plus regrettable que la Baucis de Norma Nahoun affiche une santé vocale rayonnante, vivement applaudie en fin de représentation. On regrettera seulement un manque de substance dans les vocalises et une compréhension du texte pas toujours facilitée par sa diction. A ses côtés, le Jupiter d’Alexandre Duhamel s’impose par son impact et sa puissance physiques. Il est dommage que ses approximations le conduisent à de nombreux décalages avec la fosse. Il en est malheureusement de même pour Eric Martin-Bonnet (Vulcain), qui compense ces désagréments par son engagement et sa force comique brute bienvenue. Enfin, on mentionnera la bonne prestation du Chœur de l’Opéra de Tours, très attentif à la diction.
Malgré des cordes en difficulté pendant l’Ouverture, l’Orchestre symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours se joue des pièges de la partition, particulièrement les vents, très à l’aise. La direction de Benjamin Pionnier avance bien, en un geste gracieux et léger qui séduit tout du long. Enfin, il est à noter que ce spectacle sera visible sur France Télévisions, à une date encore indéterminée.
La principale déception de la soirée vient surtout de la mise en scène bancale de Julien Ostini, manifestement peu à l’aise avec son sujet. Il choisit en effet tout d’abord une présentation littérale de l’histoire, en situant Philémon et Baucis autour d’un âtre de fortune, occupés à leur subsistance. Le tout est surplombé par quelques voiles qui s’agitent pendant la tempête provoquée par les dieux ou qui servent d’ombres chinoises à l’occasion: on a là une scénographie habile, mais dont l’absence d’originalité fleure bon la naphtaline, et ce d’autant plus que les éclairages n’apportent pas le climat de poésie souhaité (dans le même esprit, Yoshi Oida nous avait nettement plus convaincu dans Les Pêcheurs de perles ou dans Peter Grimes). La direction d’acteurs déçoit également tout du long par le conformisme de ses postures, sans parler du chœur aux déplacements maladroits. L’ajout de quatre danseurs ne peut sauver cet ensemble trop statique et approximatif pour convaincre.
Mais ce qui gêne le plus, au-delà de ces désagréments visuels, est certainement l’incapacité de Julien Ostini à se tenir à sa volonté initiale de présenter cette histoire sans la modifier ou la transposer. Pourquoi en effet avoir affublé Jupiter d’un costume bling-bling en début d’opéra, au risque du contresens ? Si les quelques allusions à Macron-Jupiter peuvent se concevoir, on aurait aimé que cela aille plus loin que de simples clins d’œil en forme de pirouettes: la modernisation des dialogues s’avère ainsi beaucoup trop poussée pour respecter l’œuvre originale, frisant à plusieurs reprises l’outrance et la vulgarité facile.
Face à cette mise en scène qui ne restera pas dans les annales, le plateau vocal manque d’homogénéité. Sébastien Droy (Philémon) charme par ses phrasés parfaitement articulés, sans pour autant parvenir à faire oublier un timbre fatigué, un léger vibrato dans l’émission et un manque d’éclat certain. C’est d’autant plus regrettable que la Baucis de Norma Nahoun affiche une santé vocale rayonnante, vivement applaudie en fin de représentation. On regrettera seulement un manque de substance dans les vocalises et une compréhension du texte pas toujours facilitée par sa diction. A ses côtés, le Jupiter d’Alexandre Duhamel s’impose par son impact et sa puissance physiques. Il est dommage que ses approximations le conduisent à de nombreux décalages avec la fosse. Il en est malheureusement de même pour Eric Martin-Bonnet (Vulcain), qui compense ces désagréments par son engagement et sa force comique brute bienvenue. Enfin, on mentionnera la bonne prestation du Chœur de l’Opéra de Tours, très attentif à la diction.
Malgré des cordes en difficulté pendant l’Ouverture, l’Orchestre symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours se joue des pièges de la partition, particulièrement les vents, très à l’aise. La direction de Benjamin Pionnier avance bien, en un geste gracieux et léger qui séduit tout du long. Enfin, il est à noter que ce spectacle sera visible sur France Télévisions, à une date encore indéterminée.
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