On ne pourra que conseiller vivement la reprise de la production de La Passagère de Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) montée voilà déjà trois ans,
et ce d’autant plus que l’on bénéficie désormais des surtitres en
anglais à Francfort. Tout, dans ce spectacle, n’appelle que des éloges,
particulièrement le plateau vocal réuni cette année, meilleur qu’en
2015. Parmi les nombreux rôles en présence, Peter Marsh reprend
vaillamment le flambeau de celui de Walter, surtout actif dans la partie
initiale de l’ouvrage, très nerveuse. On se régale à nouveau de son
timbre et de son émission d’une clarté éloquente, le ténor étant par
ailleurs doté d’une projection idéale. A ses côtés, les deux principaux
rôles féminins sont assurés par deux nouvelles recrues, Jessica Strong
(Marta) et Katharina Magiera (Lisa). C’est surtout la première qui
impressionne par son chant radieux, admirable de couleurs tout autant
que passionnant dans ses prises de risque. Katharina Magiera assure bien
sa partie, mais déçoit quelque peu dans son air superbe en début de
seconde partie, notamment dans le suraigu. Elle est surclassée par
Elizabeth Reiter (Katja), tout simplement bouleversante dans la chanson
russe interprétée par son personnage dans les ténèbres du camp de
concentration au II. On félicite aussi tous les formidables seconds
rôles réunis au bénéfice de cette production, accompagnés par des chœurs
à la hauteur de l’événement. La baguette toujours sure de Leo Hussain
se joue admirablement des différents climats de cette œuvre riche,
vibrant dans les passages verticaux avant de montrer un visage plus
lyrique dans les parties apaisées.
On retrouve aussi avec plaisir le décor splendide de Katja Hass, dont le bateau embrasse toute la scène de sa masse: un effet visuel saisissant et efficace au niveau acoustique. Autant la variété des éclairages que la poésie constante (notamment les textes en toutes langues qui apparaissent au long du spectacle sur la coque) aident à la compréhension des allers-retours entre passé et présent, tandis que le plateau tournant imprime un mouvement hypnotique particulièrement pertinent dans la révélation de tableaux inattendus. La caractérisation musicale de Weinberg permet enfin à chaque scène de trouver un coloris bien spécifique, des scansions verticales initiales cravachées par les percussions, vite balayées par les rythmes jazzy inquiétants entonnés autour de Walter, sans parler des effets de masse proches de Chostakovitch ou du Britten de Peter Grimes. L’intensité dramatique prend bien entendu corps dans le camp de concentration autour d’une raréfaction bienvenue de l’action, Weinberg atteignant alors au cœur de l’ouvrage par la simplicité de son discours musical, qui prend l’auditoire aux tripes.
On retrouve aussi avec plaisir le décor splendide de Katja Hass, dont le bateau embrasse toute la scène de sa masse: un effet visuel saisissant et efficace au niveau acoustique. Autant la variété des éclairages que la poésie constante (notamment les textes en toutes langues qui apparaissent au long du spectacle sur la coque) aident à la compréhension des allers-retours entre passé et présent, tandis que le plateau tournant imprime un mouvement hypnotique particulièrement pertinent dans la révélation de tableaux inattendus. La caractérisation musicale de Weinberg permet enfin à chaque scène de trouver un coloris bien spécifique, des scansions verticales initiales cravachées par les percussions, vite balayées par les rythmes jazzy inquiétants entonnés autour de Walter, sans parler des effets de masse proches de Chostakovitch ou du Britten de Peter Grimes. L’intensité dramatique prend bien entendu corps dans le camp de concentration autour d’une raréfaction bienvenue de l’action, Weinberg atteignant alors au cœur de l’ouvrage par la simplicité de son discours musical, qui prend l’auditoire aux tripes.
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