Valer Sabadus |
L’art interprétatif de Leonardo García Alarcón est désormais bien connu
des habitués de l’Opéra de Versailles, qui ne manqueraient pour rien au
monde un de ses concerts. C’est sans doute ce qui lui permet de nous
proposer des programmes sans cesse plus audacieux, autour de
compositeurs méconnus: la confiance gagnée auprès du public fait vivre
un répertoire baroque riche de sa diversité. En ce Vendredi Saint, le
programme présente tout d’abord une Passion du méconnu Gaetano
Veneziano (1665-1716), contemporain d’Alessandro Scarlatti. Cette œuvre a
été trouvée dans les archives de la bibliothèque des Girolamini à
Naples avant de se voir enregistrée par Antonio Florio avec la Cappella
Neapolitana et le Chœur Ghislieri de Pavie (Glossa, 2016). Composée en 1685, cette Passion pour le Vendredi Saint
surprend tout du long pas la place prépondérante laissée au rôle de
l’Evangéliste, avec un chœur réduit à commenter l’action en de brèves
interventions. Les nombreux récitatifs accompagnés donnent la primauté
au texte en une piété sérieuse mais jamais austère, admirablement mise
en valeur par la direction de Leonardo García Alarcón: l’Argentin
impressionne une fois encore par sa capacité à révéler les moindres
détails de l’orchestration inventive de Veneziano, sans jamais perdre de
vue un discours d’ensemble qui avance en des tempi toujours très
différenciés.
En début de concert, Leonardo García Alarcón demande au public de ne pas applaudir entre les deux œuvres, «que l’on soit croyant ou non», afin de respecter le sens spirituel et dramatique de ces deux œuvres réunies. Le Stabat Mater d’Antonio Nola (1642-après 1715) donne enfin un rôle décisif à l’admirable Chœur de chambre de Namur, toujours aussi investi. La reprise du chœur final en bis, donné devant l’estrade face au public, donne à entendre combien chaque individualité sait apporter sa pierre à l’édifice vocal, sans chercher à tirer la couverture à soi. Dans leur dos, Leonardo García Alarcón se retourne pour diriger face au public, alors qu’aucun membre du chœur ne le voit: un moment étrange et fascinant où le chef argentin laisse entrevoir toute sa foi sincère. Comment ne pas terminer ce compte-rendu sans rendre hommage à l’évangéliste aérien et céleste de Valer Sabadus? Dans la chapelle royale, le contre-ténor trouve une salle à sa mesure, portant son timbre splendide au moyen d’une émission d’une souplesse idéale. L’attention à la diction impressionne également, faisant passer le sens au premier rang de son interprétation. On ne sent jamais l’effort ou la technique: c’est là toute la classe de ce grand chanteur. A ses côtés, Francisco Manalich (Christ) et Philippe Favette (Pilate) sont un ton en dessous, mais assurent bien leur partie. De quoi permettre une belle ovation en fin de représentation pour l’ensemble des interprètes.
En début de concert, Leonardo García Alarcón demande au public de ne pas applaudir entre les deux œuvres, «que l’on soit croyant ou non», afin de respecter le sens spirituel et dramatique de ces deux œuvres réunies. Le Stabat Mater d’Antonio Nola (1642-après 1715) donne enfin un rôle décisif à l’admirable Chœur de chambre de Namur, toujours aussi investi. La reprise du chœur final en bis, donné devant l’estrade face au public, donne à entendre combien chaque individualité sait apporter sa pierre à l’édifice vocal, sans chercher à tirer la couverture à soi. Dans leur dos, Leonardo García Alarcón se retourne pour diriger face au public, alors qu’aucun membre du chœur ne le voit: un moment étrange et fascinant où le chef argentin laisse entrevoir toute sa foi sincère. Comment ne pas terminer ce compte-rendu sans rendre hommage à l’évangéliste aérien et céleste de Valer Sabadus? Dans la chapelle royale, le contre-ténor trouve une salle à sa mesure, portant son timbre splendide au moyen d’une émission d’une souplesse idéale. L’attention à la diction impressionne également, faisant passer le sens au premier rang de son interprétation. On ne sent jamais l’effort ou la technique: c’est là toute la classe de ce grand chanteur. A ses côtés, Francisco Manalich (Christ) et Philippe Favette (Pilate) sont un ton en dessous, mais assurent bien leur partie. De quoi permettre une belle ovation en fin de représentation pour l’ensemble des interprètes.
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