Disons-le tout net: ce spectacle tout droit venu de Genève (en 2017 avec un plateau vocal quasi identique)
est l’un des plus enthousiasmants vus à Versailles depuis longtemps! On
sait maintenant combien chaque production dirigée par Leonardo García
Alarcón est un indiscutable gage de qualité, mais on se surprend chaque
fois à se délecter de la justesse de la mise en place, de l’allant et de
l’entrain insufflé aux interprètes réunis, sans parler de la constante
joie de faire revivre ensemble une musique digne d’intérêt. C’est bien
évidemment le cas d’Il Giasone (1649), quinzième opéra de
Francesco Cavalli (1602-1676), dont la popularité va de pair avec sa
capacité à caractériser les personnages et à varier les situations. Le
livret, qui adapte les aventures de Jason à la recherche de la toison
d’or, est en effet l’un des plus aboutis de toute sa production, mêlant
avec maestria les intrigues amoureuses avec le merveilleux (dévolu à
Médée ou aux Dieux), tandis que les habituelles parties burlesques
propres aux ouvrages de cette époque sont très présentes – dans l’esprit
des pièces comiques de Shakespeare.
On pourra bien entendu préférer la première partie qui bénéficie de péripéties plus différenciées, également plus inspirées au niveau mélodique et dramatique. Il n’en reste pas moins que la mise en scène totalement déjantée de Serena Sinigaglia parvient à limiter cet écueil en donnant une caractérisation psychologique très aboutie à l’ensemble de ses personnages. Ainsi de l’insistance sur la faiblesse et l’aveuglement de Jason face au désir (masculin et féminin), de la nécessaire noirceur de la magicienne Médée, ou encore de la fragilité morale d’Hypsipyle, entourée d’une nuée de servantes aux déplacements chorégraphiques irrésistibles dans le ballet de leurs petits soins. L’idée d’une transposition dans les années 1930 nous ramène souvent, par ses gags visuels simples et efficaces, à l’humour des bandes dessinées d’Hergé, tandis que la superbe et astucieuse scénographie donne une variété inattendue dans le renouvellement permanent de son amas de pierres. Les scènes diaboliques avec Médée ou le dévoilement de la toison d’or sont ainsi parmi les plus réussies visuellement, tout en permettant une intimité bienvenue aux parties comiques avec la nourrice ou l’Amour grimé en angelot dodu et déluré.
On pourra bien entendu préférer la première partie qui bénéficie de péripéties plus différenciées, également plus inspirées au niveau mélodique et dramatique. Il n’en reste pas moins que la mise en scène totalement déjantée de Serena Sinigaglia parvient à limiter cet écueil en donnant une caractérisation psychologique très aboutie à l’ensemble de ses personnages. Ainsi de l’insistance sur la faiblesse et l’aveuglement de Jason face au désir (masculin et féminin), de la nécessaire noirceur de la magicienne Médée, ou encore de la fragilité morale d’Hypsipyle, entourée d’une nuée de servantes aux déplacements chorégraphiques irrésistibles dans le ballet de leurs petits soins. L’idée d’une transposition dans les années 1930 nous ramène souvent, par ses gags visuels simples et efficaces, à l’humour des bandes dessinées d’Hergé, tandis que la superbe et astucieuse scénographie donne une variété inattendue dans le renouvellement permanent de son amas de pierres. Les scènes diaboliques avec Médée ou le dévoilement de la toison d’or sont ainsi parmi les plus réussies visuellement, tout en permettant une intimité bienvenue aux parties comiques avec la nourrice ou l’Amour grimé en angelot dodu et déluré.
Par rapport au plateau vocal réuni Genève, trois chanteurs endossent de nouveaux rôles. Ainsi de l’incandescente Francesca Aspromonte en Hypsipyle, au chant de caractère bien projeté, dont on ne regrette que certaines duretés dans l’aigu. Taras Berezhansky est un Hercule solide et sonore, tandis qu’Alejandro Meerapfel (Oreste) apparaît bien pâle en comparaison. On retrouve Valer Sabadus, annoncé souffrant (rien d’étonnant cela dit, tant la mise en scène prend un malin plaisir à le déshabiller et le rhabiller à de nombreuses reprises!), avec ses habituelles qualités de diction et de souplesse dans les phrasés, irrésistible quand la voix est bien posée, plus en délicatesse dans les accélérations et les récitatifs. Egalement en manque de puissance, Kristina Hammarström (Medea) se fonde sur une technique différente, au vibrato trop présent – heureusement compensé par un bel investissement dramatique. De conviction, Raúl Giménez (Egée) ne manque pas, malgré un timbre un peu fatigué. Mais quel art dans les phrasés! On félicitera encore l’engagement scénique de Mariana Florès (Alinda), tandis que les deux rôles comiques incarnés par Migran Agadzhanyan et Dominique Visse (inoxydable!) emportent l’adhésion.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire