mercredi 12 septembre 2018

Cantates et musiques de Charles Gounod pour le Prix de Rome - Disque Ediciones Singulares


Après le disque consacré à Paul Dukas notamment, il s’agit déjà du sixième volume pour la toujours passionnante collection des «Cantates et musiques pour le Prix de Rome» qui permet de découvrir nos jeunes compositeurs français dans leur premier pas, aventureux... ou non. On a en effet raillé depuis plusieurs décennies l’académisme de ce prix peu en phase avec son temps, du fait notamment du choix de formes et de sujets désuets: la notice tente de revenir sur ces préjugés en analysant de manière plus approfondie le prix sur plusieurs décennies.


Pour ce volume dédié à Charles Gounod (1818-1893), dont on fête cette année le bicentenaire de la naissance, on découvre des sujets originaux pour les trois cantates composées pour Rome: du style gothique de Marie Stuart et Rizzio (1837), au réalisme social façon Mérimée dans La Vendetta (1838), en passant par l’exotisme hispanisant de Fernand (1839). Cette dernière cantate, plus développée que les autres, bénéficie en outre d’un livret pour trois solistes, enrichissant les possibilités de variations dramatiques. Gounod y fait preuve de réels progrès dans l’écriture orchestrale, plus fouillée et travaillée, tandis qu’il alterne admirablement les climats doux et subtils avec le caractère donné au premier duo. Un superlatif Nicolas Courjal fait valoir ses qualités de diction (notamment dans les accélérations) et de projection autour de phrasés d’une noblesse bienvenue. Yu Shao se distingue dans l’éloquence héroïque, mais son timbre manque d’un rien de substance. On se régale toujours autant du timbre charnu et lumineux de Judith Van Wanroij qui compense largement une prononciation plus approximative. La première cantate, très dramatique, est moins prioritaire du fait des deux interprètes, assez moyens: Sébastien Droy compense un léger vibrato par son attention au texte, tandis que Gabrielle Philiponet force dans l’aigu. On préférera les interprètes de La Vendetta, malgré une justesse parfois à la limite, tant le duo final impressionne par sa qualité d’écriture et de spectaculaire maîtrisé. Chantal Santon y domine son partenaire par son jeu dramatique toujours pertinent.


Le second disque est consacré à plusieurs œuvres religieuses, légèrement plus tardives, parmi le vaste corpus composé par Gounod: on retiendra surtout la très belle Messe vocale (1843) pour chœur et orgue, lumineuse et fervente. Le Chœur de la Radio flamande montre une belle cohésion dans ses différentes interventions, essentiellement homophones. On retrouve la merveilleuse Judith Van Wanroij dans les naïfs mais bien ficelés Christus factus est (1842) et Hymne sacré (1843), tandis que la Messe de Saint-Louis-des-Français (1841) apparaît plus inégale malgré quelques beaux passages. Hervé Niquet, déjà à la baguette pour les cinq précédents disques de cette collection, reste toujours aussi inspiré dans ce répertoire. Son geste avance, sans précipitation, dosant parfaitement les différents climats, tout en captant la lumière intérieure de chaque œuvre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire