dimanche 17 décembre 2023

« Martha oder der Markt zu Richmond » de Friedrich von Flotow - Katharina Thoma - Opéra de Francfort - 16/12/2023

Largement oubliée de nos jours en dehors de son pays natal, la musique de Friedrich von Flotow trouve encore le chemin des planches grâce à son plus éclatant succès, Martha (1847), dont Francfort reprend opportunément, pour les fêtes, le spectacle très réussi créé en 2016. C’est là une idée lumineuse, tant la muse mélodique de Flotow parcourt l’orchestre de sa grâce toute de légèreté étourdissante, rappelant ses modèles Auber et Adam, encensés pendant ses années d’études parisiennes avec Reicha. Tout en aidant Offenbach à s’établir dans notre pays, Flotow y fut longtemps fêté : il serait grand temps que ce répertoire délicieux de fraîcheur soit davantage donné en France, à la suite des récentes résurrections initiées par les équipes du Palazzetto Bru Zane (voir notamment le livre‑disque consacré au Pré aux clercs d'Hérold).

En attendant, la reprise de production de Katharina Thoma n’a pas pris une ride, provoquant l’émerveillement par la fluidité des saynètes dévoilées grâce au plateau tournant, en un ton général malicieux et bon enfant. La splendeur visuelle des décors et costumes permet de contraster astucieusement les oppositions sociales entre les tourtereaux, tandis que la seconde partie du spectacle fait place à une émotion que la première, plus rocambolesque, n’avait pas laissé entrevoir.


Seule rescapée du plateau vocal présentée en 2016, Katharina Magiera (Nancy/Julia) en est aussi l’élément le plus satisfaisant pour cette reprise, tant ses phrasés mordants mettent en valeur ses graves idéalement projetés. On est plus déçu en revanche par la voix trop lourde dans ce répertoire de Monika Buczkowska (Martha), qui n’évite pas de nombreuses stridences dans l’aigu en puissance. Si Erik van Heyningen (Plumkett) a pour lui un timbre superbe et bien articulé, son jeu plat et morne dessert tout du long la crédibilité de son personnage. On lui préfère l’élégance aérienne de Gerard Schneider, remplaçant de dernière minute suite à la défection d’AJ Glueckert dans le rôle de Lyonel, et ce malgré quelques imprécisions dans les accélérations, au niveau de la justesse.


Enfin, Victorien Vanoosten souffle le chaud et le froid en trouvant le ton juste au niveau narratif dans les passages lents, admirablement étagés, tout en appuyant par trop les contrastes dans les verticalités, aux tempi dantesques. Dommage.

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