Thomas Søndergård |
En ce début d’année, Thomas Søndergård (né en 1969) fait son retour à Paris avec la Cinquième symphonie
de Sibelius, un peu moins d’un an après avoir interprété la même œuvre à
la Seine musicale de Boulogne-Billancourt. L’actuel directeur musical
de l’Orchestre national royal d’Ecosse laisse cette fois de côté sa
formation pour endosser les habits de chef invité auprès de l’Orchestre
national de France. Comme nous avions pu le constater à Montpellier en 2016,
le chef danois conforte son statut de spécialiste du compositeur
finlandais, dont il a entrepris une intégrale des symphonies toujours en
cours.
Les premières notes de la Cinquième Symphonie résonnent en une optique globalement allégée au niveau des cordes, qui fait ressortir les bois: le son un peu pauvre manque de mystère, sans parler de l’assise dans les graves peu audible en contraste. Pour autant, on reste attentif à cette direction nerveuse qui se joue avec agilité des tempi, les accélérant ici pour mieux les ralentir ensuite, en cherchant visiblement à surprendre : on pense par exemple à cet étrange passage quasi somnolent des cordes (sans vibrato), avec le basson soliste en arrière-plan. Le geste cinglant de Søndergård respire peu tout du long de la symphonie, enchaînant les variations en des tempi très vifs au détriment de l’expression mélodique. On gagne en musique pure ce que l’on perd en narration et en émotion, tandis que la construction des crescendos, littéralement cravachés, surprend par son caractère abrupt. Très réussi, le début du dernier mouvement donne une électricité bien rendue par les pupitres de cordes très sollicités, tandis que les cors ressortent peu, de même que les timbales – un constat étonnant de la part d’un chef qui a commencé sa carrière à ce pupitre! En fin de compte, une lecture toujours intéressante mais parfois déroutante dans ses variations de tempo.
En première partie de soirée, Søndergård fait valoir sa proximité avec la musique anglaise dans l’une des œuvres les plus fameuses d’Elgar, son ouverture de concert Cockaigne (1901). On retrouve le goût du compositeur britannique pour l’ivresse des variations de climat, alternant admirablement différentes influences, qu’elles soient populaires, lyriques ou savantes. Le chef danois paraît parfois un peu brusque dans les attaques, se montrant davantage inspiré dans les passages apaisés. Son geste porte là aussi le flux symphonique sans temps mort et sans volonté de privilégier un groupe d’instruments par rapport à un autre. Les plus observateurs auront identifié, lors des dernières mesures, la présence spectaculaire de l’orgue en arrière-plan sonore.
Après cette mise en bouche, place à la découverte du rare Concerto pour violoncelle de Lalo, une œuvre composée en 1876 dans la foulée de son opéra Le Roi d’Ys (1875) et de sa célèbre Symphonie espagnole (1874). Au faîte de ses moyens, le compositeur aux lointaines origines espagnoles surprend dans ce Concerto inégal, mais toujours intéressant. Ainsi des scansions initiales entêtantes pendant le premier mouvement qui répondent au chant aérien du violoncelle: Raphaël Perraud, super-soliste de l’Orchestre national depuis 2005, impose son rythme serein au bénéfice d’un archet gorgé de couleurs. Dans une recherche constante de beau son, il ne surjoue jamais les aspects dramatiques, démontrant une belle intériorité dans le mouvement lent qui suit, admirablement varié avec des passages sautillants en pizzicato aux cordes. Il déçoit cependant dans l’Allegro final à force de modestie dans la virtuosité et de timidité face à l’orchestre, plus présent dans le dialogue. C’est d’autant plus regrettable que le début intense de ce mouvement fait entendre un cri déchirant en solo sur un tapis de graves: du Chostakovitch avant l’heure! En bis, Raphaël Perraud et le pupitre de violoncelles interprètent Le Chant des oiseaux de Pablo Casals en une manière trop mesurée qui manque de caractère. De quoi nous convaincre que ce super-soliste, contrairement à sa collègue Sarah Nemtanu, est davantage un chambriste qu’un concertiste.
Les premières notes de la Cinquième Symphonie résonnent en une optique globalement allégée au niveau des cordes, qui fait ressortir les bois: le son un peu pauvre manque de mystère, sans parler de l’assise dans les graves peu audible en contraste. Pour autant, on reste attentif à cette direction nerveuse qui se joue avec agilité des tempi, les accélérant ici pour mieux les ralentir ensuite, en cherchant visiblement à surprendre : on pense par exemple à cet étrange passage quasi somnolent des cordes (sans vibrato), avec le basson soliste en arrière-plan. Le geste cinglant de Søndergård respire peu tout du long de la symphonie, enchaînant les variations en des tempi très vifs au détriment de l’expression mélodique. On gagne en musique pure ce que l’on perd en narration et en émotion, tandis que la construction des crescendos, littéralement cravachés, surprend par son caractère abrupt. Très réussi, le début du dernier mouvement donne une électricité bien rendue par les pupitres de cordes très sollicités, tandis que les cors ressortent peu, de même que les timbales – un constat étonnant de la part d’un chef qui a commencé sa carrière à ce pupitre! En fin de compte, une lecture toujours intéressante mais parfois déroutante dans ses variations de tempo.
En première partie de soirée, Søndergård fait valoir sa proximité avec la musique anglaise dans l’une des œuvres les plus fameuses d’Elgar, son ouverture de concert Cockaigne (1901). On retrouve le goût du compositeur britannique pour l’ivresse des variations de climat, alternant admirablement différentes influences, qu’elles soient populaires, lyriques ou savantes. Le chef danois paraît parfois un peu brusque dans les attaques, se montrant davantage inspiré dans les passages apaisés. Son geste porte là aussi le flux symphonique sans temps mort et sans volonté de privilégier un groupe d’instruments par rapport à un autre. Les plus observateurs auront identifié, lors des dernières mesures, la présence spectaculaire de l’orgue en arrière-plan sonore.
Après cette mise en bouche, place à la découverte du rare Concerto pour violoncelle de Lalo, une œuvre composée en 1876 dans la foulée de son opéra Le Roi d’Ys (1875) et de sa célèbre Symphonie espagnole (1874). Au faîte de ses moyens, le compositeur aux lointaines origines espagnoles surprend dans ce Concerto inégal, mais toujours intéressant. Ainsi des scansions initiales entêtantes pendant le premier mouvement qui répondent au chant aérien du violoncelle: Raphaël Perraud, super-soliste de l’Orchestre national depuis 2005, impose son rythme serein au bénéfice d’un archet gorgé de couleurs. Dans une recherche constante de beau son, il ne surjoue jamais les aspects dramatiques, démontrant une belle intériorité dans le mouvement lent qui suit, admirablement varié avec des passages sautillants en pizzicato aux cordes. Il déçoit cependant dans l’Allegro final à force de modestie dans la virtuosité et de timidité face à l’orchestre, plus présent dans le dialogue. C’est d’autant plus regrettable que le début intense de ce mouvement fait entendre un cri déchirant en solo sur un tapis de graves: du Chostakovitch avant l’heure! En bis, Raphaël Perraud et le pupitre de violoncelles interprètent Le Chant des oiseaux de Pablo Casals en une manière trop mesurée qui manque de caractère. De quoi nous convaincre que ce super-soliste, contrairement à sa collègue Sarah Nemtanu, est davantage un chambriste qu’un concertiste.
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