Paul McCreesh |
Vous penchez plutôt pour The Fairy Queen (1692) ou King Arthur
(1691)? Le Festival de Beaune nous convie cette année à une
passionnante confrontation de deux des chefs-d’œuvre parmi les plus
achevés de Purcell, donnés deux soirs de suite avec les mêmes
interprètes (à quelques exceptions près parmi les chanteurs), sous la
houlette du grand Paul McCreesh (né en 1960). Le grand point fort de ces
concerts est de donner la primauté au théâtre, si important dans ce
répertoire, en insistant sur la parfaite diction. On retrouve, lors des
deux représentations données dans en la basilique, un dispositif
scénique identique qui permet à la troupe anglophone de rendre vivantes
les versions de concert: le placement des chanteurs assis en arc de
cercle pendant les passages orchestraux dégage une petite scène
rapidement investie au gré des interventions vocales. Les interprètes
vivent l’action avec leurs partenaires, au moins dans leurs attitudes et
leurs regards, sans jamais paraître passifs.
Cette idée donne une vitalité bienvenue pendant les représentations, même si on note que le placement de l’orchestre, en retrait par rapport au concert Rameau de la veille, fait perdre un peu au niveau du nécessaire confort acoustique – les sonorités s’éparpillant davantage dans les transepts. Il aurait sans doute fallu renforcer les effectifs de cordes, qui sonnent bien frustes dans ce contexte, même si les interventions des vents donnent heureusement plus de corps à l’ensemble. On regrettera surtout des trompettes naturelles peu en forme lors des deux concerts, sans doute indisposées par la chaleur, qui font regretter les superlatives trompettes à pistons entendues la veille dans Rameau.
Si The Fairy Queen a pour lui son livret truculent, truffé de parties comiques bienvenues dans l’esprit de l’époque, l’interprétation générale est desservie par la défection de Rebecca Bottone dans l’un des rôles principaux. Elle est remplacée par la perfectible Gilian Keith, qui malgré sa belle sensibilité dans les piani, atteint ses limites techniques à de nombreuses reprises dans la tessiture aiguë, dure et forcée – et parfois trahie par un placement de voix incertain qui occasionne quelques faussetés. C’est d’autant plus regrettable que le reste du plateau atteint un bon niveau, hormis dans la scène comique initiale aux nombreuses verticalités rythmiques, où les chanteurs montrent des lacunes dans la gestion du souffle. Plus à l’aise ensuite, ils se saisissent bien des différents climats de l’ouvrage, qui n’hésite pas à embrasser le merveilleux ou les scènes spectaculaires – la scène de l’orage notamment, assez troublante compte tenu du fait qu’un orage gronde en même temps au dehors. James Way domine sans conteste la distribution par ses phrasés investis, aussi éloquents que nuancés.
Cette idée donne une vitalité bienvenue pendant les représentations, même si on note que le placement de l’orchestre, en retrait par rapport au concert Rameau de la veille, fait perdre un peu au niveau du nécessaire confort acoustique – les sonorités s’éparpillant davantage dans les transepts. Il aurait sans doute fallu renforcer les effectifs de cordes, qui sonnent bien frustes dans ce contexte, même si les interventions des vents donnent heureusement plus de corps à l’ensemble. On regrettera surtout des trompettes naturelles peu en forme lors des deux concerts, sans doute indisposées par la chaleur, qui font regretter les superlatives trompettes à pistons entendues la veille dans Rameau.
Si The Fairy Queen a pour lui son livret truculent, truffé de parties comiques bienvenues dans l’esprit de l’époque, l’interprétation générale est desservie par la défection de Rebecca Bottone dans l’un des rôles principaux. Elle est remplacée par la perfectible Gilian Keith, qui malgré sa belle sensibilité dans les piani, atteint ses limites techniques à de nombreuses reprises dans la tessiture aiguë, dure et forcée – et parfois trahie par un placement de voix incertain qui occasionne quelques faussetés. C’est d’autant plus regrettable que le reste du plateau atteint un bon niveau, hormis dans la scène comique initiale aux nombreuses verticalités rythmiques, où les chanteurs montrent des lacunes dans la gestion du souffle. Plus à l’aise ensuite, ils se saisissent bien des différents climats de l’ouvrage, qui n’hésite pas à embrasser le merveilleux ou les scènes spectaculaires – la scène de l’orage notamment, assez troublante compte tenu du fait qu’un orage gronde en même temps au dehors. James Way domine sans conteste la distribution par ses phrasés investis, aussi éloquents que nuancés.
James Way |
On retrouve une même subtilité chez Jeremy Budd, la puissance en moins,
tandis qu’Ashley Riches fait valoir l’étalage de toute sa classe vocale
en de multiples emplois, comiques ou dramatiques, sans jamais faillir.
Il fait partie des plus belles satisfactions des deux soirées, bien
épaulé par Marcus Farnsworth, solide baryton au timbre charmeur. Jessica
Cale et Charlotte Shaw séduisent également par le velouté de leur
émission et leur sens dramatique affirmé, même si on pourra leur
préférer la grâce aérienne de Rowan Pierce, vivement applaudi pour son
unique prestation dans King Arthur. Son aigu rayonnant et
puissant compense un grave parfois limite pour le rôle, mais qui ne
l’empêche pas de remplir parfaitement son office.
A l’instar de The Fairy Queen, King Arthur offre des passages jubilatoires pour tout amoureux de la langue de Shakespeare, tant le jeu sur les sonorités des mots, en une ivresse rythmique confondante, n’a d’égal que l’humour constant qui irrigue l’ouvrage. McCreesh se permet à cet effet d’ajouter une intervention parlée – en un parfait français – pour introduire le truculent chœur patriotique des paysans au V. Cet hymne à l’Angleterre est entonné par des chanteurs volontiers gaillards, sous le regard hilare de l’ensemble des interprètes, musiciens compris, qui agitent des drapeaux différents – anglais ou européens – afin de rappeler avec ironie la division actuelle du pays face à l’interminable Brexit.
A l’instar de The Fairy Queen, King Arthur offre des passages jubilatoires pour tout amoureux de la langue de Shakespeare, tant le jeu sur les sonorités des mots, en une ivresse rythmique confondante, n’a d’égal que l’humour constant qui irrigue l’ouvrage. McCreesh se permet à cet effet d’ajouter une intervention parlée – en un parfait français – pour introduire le truculent chœur patriotique des paysans au V. Cet hymne à l’Angleterre est entonné par des chanteurs volontiers gaillards, sous le regard hilare de l’ensemble des interprètes, musiciens compris, qui agitent des drapeaux différents – anglais ou européens – afin de rappeler avec ironie la division actuelle du pays face à l’interminable Brexit.
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