On ne peut que se réjouir de la programmation de Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny
 (1930), une œuvre trop rare en France: au vu de l’assistance venue en 
nombre lors de l’avant-dernière représentation à Aix, le pari du succès 
public semble atteint. Cela reste en effet une gageure de présenter ce 
type d’ouvrage qui nécessite tout à la fois de réunir une distribution 
fournie et homogène, aussi à l’aise au niveau vocal que théâtral. C’est 
bien là le principal motif de satisfaction de cette production aixoise, 
dont on pourra bien entendu souligner les qualités vocales 
individuelles, au premier rang desquelles l’incarnation vibrante de 
Nikolai Schukoff (Jim Mahoney) – et ce malgré une émission parfois 
resserrée dans l’aigu. Le ténor autrichien reste un interprète de tout 
premier plan dans ce rôle qui sollicite ses atouts dramatiques 
superlatifs. Ces mêmes qualités restent éclatantes avec Karita Mattila 
(Leokadja Begbick), toujours aussi percutante de caractère, de même que 
Willard White (Trinity Moses). Ce dernier est cependant de plus en plus 
handicapé par un timbre qui se délite, tandis que la projection se 
montre trop faible. Il est vrai que l’absence de décor pendant toute la 
représentation n’aide guère les interprètes de ce point de vue, en ôtant
 toute réverbération. Aucun problème de puissance concernant Annette 
Dasch (Jenny Hill), qui rayonne à chacune de ses interventions autour 
d’une émission veloutée et de graves mordants. On soulignera encore la 
prestation vocale parfaite d’aisance de Sean Panikkar dans son double 
rôle, tandis que le chœur Pygmalion remplit bien sa partie en se jouant 
des difficultés (essentiellement rythmiques).
La déception de la soirée vient de la mise en scène peu inspirée d’Ivo van Hove, qui semble se caricaturer lui-même avec son usage incessant de la vidéo filmée en direct, au rapport trop éloigné avec l’action pour convaincre. Si l’écran géant permet de voir les réactions de chaque protagoniste filmées en gros plan, on se lasse vite de ce procédé qui ne démontre pas sa pertinence par rapport à la compréhension de l’ouvrage. Le refus obstiné de tout décor, outre le déséquilibre acoustique déjà évoqué, souffre d’une direction d’acteur brouillonne en première partie, avant de se reprendre ensuite dans les tableaux plus vivants qui suivent l’entracte. Pour autant, van Hove cède à une certaine facilité en montrant des procédés cinématographiques d’images incrustées avec la réalité qui ressemblent davantage à un gadget technique plaqué là pour faire sensation – la nudité aidant. On aurait aimé que la mise en scène accompagne davantage la réflexion de Brecht sur les rapports entre l’individu, le groupe et la société, et plus encore la critique du capitalisme qui parcoure tout cet ouvrage.
La déception de la soirée vient de la mise en scène peu inspirée d’Ivo van Hove, qui semble se caricaturer lui-même avec son usage incessant de la vidéo filmée en direct, au rapport trop éloigné avec l’action pour convaincre. Si l’écran géant permet de voir les réactions de chaque protagoniste filmées en gros plan, on se lasse vite de ce procédé qui ne démontre pas sa pertinence par rapport à la compréhension de l’ouvrage. Le refus obstiné de tout décor, outre le déséquilibre acoustique déjà évoqué, souffre d’une direction d’acteur brouillonne en première partie, avant de se reprendre ensuite dans les tableaux plus vivants qui suivent l’entracte. Pour autant, van Hove cède à une certaine facilité en montrant des procédés cinématographiques d’images incrustées avec la réalité qui ressemblent davantage à un gadget technique plaqué là pour faire sensation – la nudité aidant. On aurait aimé que la mise en scène accompagne davantage la réflexion de Brecht sur les rapports entre l’individu, le groupe et la société, et plus encore la critique du capitalisme qui parcoure tout cet ouvrage.
Un autre motif de perplexité vient de la fosse, tant la direction d’Esa-Pekka Salonen souffle le chaud et le froid avec un sens du legato qui cherche trop à gommer les angles. A la tête d’un splendide Orchestre Philharmonia, le chef finlandais montre son goût pour une expression des couleurs et des sonorités, d’une maîtrise certes admirable de mise en place, mais au détriment de la vision d’ensemble et des passages plus dramatiques, volontairement lents. Rien d’indigne bien sur, mais on a souvent l’impression d’une lecture à contre-courant par rapport au plateau, qui fuit trop l’émotion. Dommage.


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