A seulement 23 ans, le jeune chef français Valentin Tournet fait partie
de ces phénomènes que l’on découvre toujours avec un mélange
d’admiration et de scepticisme: parvenir, à un âge aussi jeune, à créer
son ensemble baroque (voilà deux ans) et être déjà soutenu par la
fondation Singer-Polignac, Auvers-sur-Oise et Beaune, entre autres, ne
peut manquer d’impressionner. Le résultat entendu est à la hauteur des
attentes, tout particulièrement au niveau technique, même si l’on ne
peut qu’inciter l’ancien gambiste à quitter les rives d’une direction un
rien trop uniforme, en variant davantage les nuances, surtout dans les
passages lents. Quoi qu’il en soit, le travail sur la clarté des
différents groupes d’instrument est notable, tout comme le style, entre
noblesse et virilité, en un tempo assez vif. L’ancien élève de Pierre
Cao n’évite pas quelques infimes décalages avec les solistes, inhérents à
l’ivresse du concert, même si l’articulation est plus fluide avec le
chœur, aux visages aussi juvéniles que l’ensemble orchestral. Comme les
solistes, le chœur montre une belle attention à la diction, avec des
pupitres féminins particulièrement bien affûtés.
La version choisie des Indes galantes, celle de 1761, pourra
surprendre les habitués, avec le remplacement de l’Entrée des Fleurs au
profit de celle des Sauvages. On notera toutefois que le Prologue a été
augmenté du rôle de l’Amour, habituellement supprimé. Dans la chaleur
étouffante de la basilique, les excellents solistes réunis s’emparent de
l’ouvrage avec une belle énergie et une volonté manifeste de dépasser
la seule version de concert: le jeu minimal ainsi offert donne à voir de
nombreux jeux de regards et mines narquoises pendant le prologue, avant
que chaque entrée ne fasse valoir sa spécificité, le tout avec l’apport
des surtitres. Le plateau vocal, essentiellement francophone, montre
une attention bienvenue à la diction, essentielle dans cet ouvrage
déclamatoire à mi-chemin entre théâtre et opéra.
Ana Quintans (Hébé, Zima) s’impose comme une valeur sûre pendant toute la représentation, autour d’aigus rayonnants et d’une émission soyeuse, par ailleurs superbe d’intensité dramatique au II. A ses côtés, Emmanuelle de Negri (Emilie, Phani) n’est pas en reste avec une aisance technique qui lui permet de multiples finesses dans son ornementation: un régal de précision et de détail. Julie Roset (Amour) se montre tout autant engagée que ces deux aînées, faisant valoir des phrasés d’une belle rondeur, même si on note quelques petites inexactitudes de placement de voix en tout début de soirée. Philippe Talbot (Valère, Carlos, Damon) met également un peu de temps à se chauffer, surtout dans les difficiles premières accélérations, avant de se rattraper par l’éclat de sa diction. Si les phrasés de Guillaume Andrieux (Osman, Adario) manquent de naturel, du fait d’une technique audible, il domine toutefois sa partie sans difficultés, malgré un léger manque de graves. Aucun problème d’étendue de tessiture pour Luigi de Donato (Bellone, Huascar, Alvar), impressionnant d’autorité et de puissance, malgré la diction perfectible. Il est vrai que l’apport des surtitres aura su nous faire oublier ce léger désagrément pendant toute la représentation, à l’issue de laquelle Valentin Tournet bisse la célèbre danse du Grand calumet de la paix, issue de l’Entrée des Sauvages, pour le plus grand plaisir de l’assistance.
Ana Quintans (Hébé, Zima) s’impose comme une valeur sûre pendant toute la représentation, autour d’aigus rayonnants et d’une émission soyeuse, par ailleurs superbe d’intensité dramatique au II. A ses côtés, Emmanuelle de Negri (Emilie, Phani) n’est pas en reste avec une aisance technique qui lui permet de multiples finesses dans son ornementation: un régal de précision et de détail. Julie Roset (Amour) se montre tout autant engagée que ces deux aînées, faisant valoir des phrasés d’une belle rondeur, même si on note quelques petites inexactitudes de placement de voix en tout début de soirée. Philippe Talbot (Valère, Carlos, Damon) met également un peu de temps à se chauffer, surtout dans les difficiles premières accélérations, avant de se rattraper par l’éclat de sa diction. Si les phrasés de Guillaume Andrieux (Osman, Adario) manquent de naturel, du fait d’une technique audible, il domine toutefois sa partie sans difficultés, malgré un léger manque de graves. Aucun problème d’étendue de tessiture pour Luigi de Donato (Bellone, Huascar, Alvar), impressionnant d’autorité et de puissance, malgré la diction perfectible. Il est vrai que l’apport des surtitres aura su nous faire oublier ce léger désagrément pendant toute la représentation, à l’issue de laquelle Valentin Tournet bisse la célèbre danse du Grand calumet de la paix, issue de l’Entrée des Sauvages, pour le plus grand plaisir de l’assistance.
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