Ancien élève de Zemlinsky, puis Roussel, Hans Krása (1899‑1944) fut l’un
des talents les plus prometteurs de son temps, en recueillant notamment
le Prix de l’Etat tchécoslovaque pour son opéra Fiançailles en rêve (1933). Un disque édité par Decca
en 1998, dans la fameuse collection « Entartete Musik » (« Musique
dégénérée »), avait mis en avant ce trésor oublié, aujourd’hui considéré
comme le plus ambitieux de son auteur. Son tout dernier ouvrage
lyrique, Brundibár, fut composé en 1938 à destination d’un public
d’enfants, avant de connaître une reprise inattendue dans les camps
nazis, où il fut monté peu de temps avant la disparition tragique de son
auteur.
Cet ouvrage permet de nos jours à la musique de Krása de conserver une
certaine audience sur scène, particulièrement en France avec deux
spectacles récents, à Caen en 2015 puis à Lyon en 2016.
On retrouve précisément cette dernière production en ce printemps,
toujours organisée sous le patronage de l’Opéra de Lyon, en partenariat
avec les théâtres d’Oullins et Saint‑Priest, en proche banlieue.
Florent Karrer |
Il est parfaitement épaulé par l’ensemble de musiciens dirigé par le jeune chef Clément Lonca (28 ans), qui se saisit de la musique piquante et enjouée de Krása avec bonheur, entre rythmes de danses (fox‑trot, polka...) et ambiances cabaret à la Kurt Weill. La mise en scène de Jeanne Candel joue quant à elle la carte de la sobriété, tirant davantage le conte vers la malice et l’espièglerie. On est bien loin des allusions politiques qu’on a parfois pu prêter à cette farce, il est vrai moins féroce, en ce domaine, que son jumeau, L’Empereur d’Atlantis d’Ullmann (voir le spectacle récemment monté à Ostrava).
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