Orangerie du Château de Versailles |
Décidément incontournable, Groupe F innove cette année en accompagnant l’ensemble italien Zefiro, chargé d’interpréter la spectaculaire Musique pour les feux d’artifice royaux composée en 1749 par Haendel. Un spectacle agréable, fondé sur des feux d’artifice variés et une astucieuse mise en lumière du site, mais dont on aurait aimé comprendre en quoi il se rapproche - ou non - des pyrotechnies possibles du temps de Louis XIV et ses successeurs. Malheureusement muet à ce sujet, le programme se contente de disserter sur le brio haendelien, omettant également toute mention sur la première partie du concert consacré à un superbe florilège de musiques baroques pour vents et percussions.
Sur scène, une véritable armée composée de pas moins de vingt-cinq hautbois entourés de treize bassons, neuf cors, neuf trompettes et d’une triple paires de timbales, se succèdent au grand complet dans les œuvres de Haendel, Lully, Fasch et Porpora ici réunies, apportant un faste et une pompe dignes des musiques guerrières auxquelles elles font référence. En utilisant des effectifs plus modestes en comparaison pour les autres pièces, ce programme s’avère admirablement construit – les savoureuses danses françaises du méconnu Johann Caspar Ferdinand Fischer (1656-1746) répondant aux fanfares de chasse dévolues aux cors chez Jean-Joseph Mouret (1682-1738). Mais c’est tout de même le contexte guerrier qui prédomine dans ce beau programme, Alfredo Bernardini, hautboïste baroque et actuel chef de l’ensemble Zefiro, révélant une brillante «bataille navale» mise en musique par Ferdinand Donninger (1715-1781). L’occasion pour les trompettes et timbales de s’opposer vigoureusement.
Une interprétation globalement satisfaisante, même si l’on aura pu noter, ici et là, quelques problèmes de justesse pour les cors ou un tempo qui manque de respiration dans Haendel. Un concert également marqué par un temps splendide, seulement perturbé par quelques malicieuses bourrasques de vent obligeant les interprètes à se battre pour conserver leur partition devant eux, tandis que le souffle puissant s’engouffrant dans les micros a pu faire penser à l’ajout d’un éoliphone (ou héliophone), cet instrument précisément inventé au XVIIe siècle pour reproduire le son du vent.
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