Créé voilà seize ans sous l’initiative du claveciniste et chef
d’orchestre Ton Koopman, le festival Itinéraire baroque en Périgord vert
a peu à peu étendu son programme sur quatre jours autour du fameux
temps fort de la journée d’itinérance consacrée à des joutes musicales
associées à la découverte du riche patrimoine local. Outre la journée de
concerts dans la belle église fortifiée de Cercles, agrémentée de son
marché de produits locaux de qualité spécialement implanté pour
l’occasion, la soirée d’ouverture et le concert de clôture se tournent
vers des formes symphoniques et chorales de grande ampleur, sous la
baguette de Ton Koopman. Titulaire du label «Telemann 2017», le festival
rend hommage, en cette année qui marque le deux-cent-cinquantième
anniversaire de sa mort, à Georg Philip Telemann (1681-1767), plus
célèbre compositeur de son temps, en tournant entièrement sa
programmation vers le natif de Magdebourg. Outre les concerts, on notera
les nombreuses actions pédagogiques organisées tout au long de l’année
avec plus de 500 élèves du département, tout autant que la conférence de
Gilles Cantagrel (auteur d’un Telemann paru en 2003 aux éditions Papillon),
dont l’érudition et les anecdotes savoureuses permettent de bien saisir
l’apport de Telemann au sein d’une génération d’exception – Vivaldi,
Haendel ou Bach, pour ne citer que ses plus brillants contemporains.
La première soirée se déroule dans l’église de Cercles, à l’acoustique satisfaisante dès lors que l’on se retrouve face aux interprètes. Il en va malheureusement autrement s’agissant d’un placement de côté et plus encore en arrière-scène, lieux à proscrire résolument pour qui veut profiter au mieux des concerts organisés chaque année en cette église Saint-Cybard. Le programme confronte opportunément les figures de Bach et Telemann, auquel s’adjoint la présence fugace de Purcell et sa fameuse Chaconne de l’opéra Le Roi Arthur (1691). Ton Koopman dirige du clavecin pendant toute la soirée en privilégiant une vision franche et virile, très homogène, au détriment du détail et de la respiration. Ses tempi s’enflamment dans les mouvements rapides pour s’apaiser dans les passages plus lents en une vision malheureusement trop uniforme et sans surprise. Si le rôle concertant des flûtes est souvent minoré, c’est à l’avantage du clavecin, envahissant en bien des endroits au risque de déséquilibrer l’ensemble. On a donc là une vision qui met nettement en avant Koopman, très en forme pendant toute la soirée – contrairement à la soprano Bettina Pahn, souffrante, dans l’oubliable Cantate du canari de Telemann. En bis, le Néerlandais reprend avec la même verve le dernier mouvement du Concerto pour flûte traversière et flûte à bec en mi mineur, chef d’œuvre de Telemann du même niveau que les autres concertos pour vents jadis enregistrés par l’excellent Reinhard Goebel (Archiv Produktion, 1987, réédité dans un coffret intégral en 2016).
La première soirée se déroule dans l’église de Cercles, à l’acoustique satisfaisante dès lors que l’on se retrouve face aux interprètes. Il en va malheureusement autrement s’agissant d’un placement de côté et plus encore en arrière-scène, lieux à proscrire résolument pour qui veut profiter au mieux des concerts organisés chaque année en cette église Saint-Cybard. Le programme confronte opportunément les figures de Bach et Telemann, auquel s’adjoint la présence fugace de Purcell et sa fameuse Chaconne de l’opéra Le Roi Arthur (1691). Ton Koopman dirige du clavecin pendant toute la soirée en privilégiant une vision franche et virile, très homogène, au détriment du détail et de la respiration. Ses tempi s’enflamment dans les mouvements rapides pour s’apaiser dans les passages plus lents en une vision malheureusement trop uniforme et sans surprise. Si le rôle concertant des flûtes est souvent minoré, c’est à l’avantage du clavecin, envahissant en bien des endroits au risque de déséquilibrer l’ensemble. On a donc là une vision qui met nettement en avant Koopman, très en forme pendant toute la soirée – contrairement à la soprano Bettina Pahn, souffrante, dans l’oubliable Cantate du canari de Telemann. En bis, le Néerlandais reprend avec la même verve le dernier mouvement du Concerto pour flûte traversière et flûte à bec en mi mineur, chef d’œuvre de Telemann du même niveau que les autres concertos pour vents jadis enregistrés par l’excellent Reinhard Goebel (Archiv Produktion, 1987, réédité dans un coffret intégral en 2016).
Ton Koopman |
Comme à l’habitude, le concert de clôture se tient à quelques encablures
de Périgueux, dans la charmante ville de Saint-Astier. C’est l’église
du même nom, d’une capacité de 500 places environ, qui accueille le
programme superbe réunissant à nouveau Bach et Telemann. Pour autant, on
s’interroge d’emblée sur le choix d’un lieu de concert aux limites
acoustiques évidentes dans la vaste nef: une véritable bouillie sonore
annihile la perception du moindre détail, tandis que les solistes
semblent chanter en sourdine. Après l’entracte, il s’avère ainsi
impératif de changer de place pour rejoindre les officiels et happy few
placés au niveau du bras du transept: le seul endroit de l’église où
l’acoustique soit en réalité satisfaisante. Une centaine de personnes
seulement ont ainsi la chance de pouvoir assister au concert dans de
bonnes conditions, les autres devant se contenter de la bouillie
susmentionnée: avant d’assister à un concert à Saint-Astier, pensez donc
à bien choisir votre place!
On passera donc rapidement sur la première partie inaudible du concert, dont le seul motif de satisfaction ironique était d’entendre au loin la pauvre Bettina Pahn, toujours souffrante. Avec Cornelia Samuelis qui la remplace après l’entracte, le chant harmonieux reprend ses droits autour d’une émission souple et ductile, véritable enchantement lors de ses interventions. Mais c’est plus encore le baryton-basse Andreas Wolf qui imprime sa marque par son autorité naturelle, servie par une diction éloquente et exemplaire. Assurément un chanteur à suivre. On se félicitera également de la précision redoutable de l’excellent chœur baroque d’Amsterdam, tandis que Ton Koopman poursuit dans sa veine chaleureuse, un rien trop uniforme par endroit. En bis, le chef néerlandais reprend le choral introductif de la Cantate «Eine feste Burg ist unser Gott».
On passera donc rapidement sur la première partie inaudible du concert, dont le seul motif de satisfaction ironique était d’entendre au loin la pauvre Bettina Pahn, toujours souffrante. Avec Cornelia Samuelis qui la remplace après l’entracte, le chant harmonieux reprend ses droits autour d’une émission souple et ductile, véritable enchantement lors de ses interventions. Mais c’est plus encore le baryton-basse Andreas Wolf qui imprime sa marque par son autorité naturelle, servie par une diction éloquente et exemplaire. Assurément un chanteur à suivre. On se félicitera également de la précision redoutable de l’excellent chœur baroque d’Amsterdam, tandis que Ton Koopman poursuit dans sa veine chaleureuse, un rien trop uniforme par endroit. En bis, le chef néerlandais reprend le choral introductif de la Cantate «Eine feste Burg ist unser Gott».
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