Michel Lethiec |
Comme la veille, les concerts de la journée se déroulent sous la
houlette de Michel Lethiec, attentif à présenter chaque programme en
début de représentation: c’est là le fruit d’une passion sincère pour la
musique de chambre, sans cesse partagée avec un public fidèle. Le tout
premier concert prend place dans l’intimité du salon du Grand Hôtel de
Molitg-les-Bains, établissement dédié aux cures thermales où Pablo
Casals organisa jadis des concerts. Si les lieux ont été manifestement
modernisés en un style passe-partout depuis cette époque glorieuse, la
proximité avec les artistes est ici appréciable, tant elle invite à une
écoute attentive. Pour autant, le programme appelé malicieusement
«Forfait beauté» ne réserve que peu de découvertes réellement
intéressantes. On pense ainsi à l’adaptation décevante des extraits les
plus fameux de Don Giovanni qui donne la part belle au premier
violon – les trois autres comparses étant réduits à faire de la
figuration. C’est d’autant plus regrettable que Peter Schuhmayer
apparaît un peu en retrait, sans doute fatigué par l’accumulation des
concerts à Prades (voir par exemple la veille) – le dernier avant le retour du Quatuor Artis à Vienne. On passera également sur le Wedding cake,
qui ne montre pas Saint-Saëns à son meilleur, pour mettre en avant le
violon ardent de Ju-Young Baek dans les autres petites pièces du
programme, même si on pourra parfois lui reprocher un certain
détachement au niveau interprétatif. La pianiste française Xénia
Maliarevitch montre quant à elle davantage de sensibilité, en solo comme
dans l’accompagnement.
Florian Uhlig |
Le concert en soirée propose des œuvres autrement plus ambitieuses autour d’un programme original qui regroupe la Sonate pour violon et piano
de Pablo Casals ainsi que les deux œuvres de Mozart et Schubert
présentées par le Catalan lors du tout premier festival de Puerto Rico
en 1957. C’est là qu’il s’installa à la fin de sa vie, tout en
continuant à se produire à Prades lors du festival annuel. On passera
rapidement sur le Second Quatuor avec piano de Mozart, pièce mineure, pour se concentrer sur la belle Sonate
de Casals, une œuvre certes tournée vers le passé mais qui, par son
ampleur et la diversité de ses thèmes, séduit tout du long. Dommage que
le déséquilibre acoustique désavantage à ce point le piano élégant
d’Yves Henry, mettant particulièrement en avant le violon conquérant de
Philippe Graffin, pas exempt d’imprécisions techniques, mais d’une belle
générosité dans l’élan et les couleurs déployés. Trois interprètes
superbes concluent la représentation avec le Second Trio avec piano
de Schubert, chef-d’œuvre bien connu du compositeur qui trouve là une
interprétation proche de l’idéal, assez vive et exaltée, dont on
aimerait seulement davantage de fragilité dans les premières notes en
clair-obscur. Malgré un violon parfois un rien trop linéaire, Hagai
Shaham se montre d’une précision redoutable, tandis qu’Ivan Monighetti
déploie de superbes couleurs au violoncelle, bien épaulé par
l’autorité et la variété de phrasés de Florian Uhlig – le pianiste le
plus intéressant entendu ces deux jours à Prades.
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