Rien ne saurait mieux résumer l’état d’esprit qui règne habituellement
au festival Pablo Casals de Prades que le concert surprise organisé
cette année en un de ces lieux insolites dont Michel Lethiec a le
secret. Avec humour et fantaisie, le directeur artistique du festival et
éminent clarinettiste n’a pas son pareil pour réunir autour de lui une
pléiade de musiciens aussi talentueux que sympathiques, tous conviés à
une heure de plaisanterie musicale avec le public. Rendez-vous est
d’abord pris devant l’église Saint-Pierre de Prades avec une
cinquantaine de curieux, avides de deviner où on va les conduire, avant
qu’une brève pérégrination à travers les rues de la sous-préfecture des
Pyrénées-Orientales ne les mène dans les jardins ombragés d’un hôtel
jadis prestigieux. C’est là, nous apprend Michel Lethiec, que Pablo
Casals se réunissait avec l’ensemble des organisateurs et bénévoles pour
conduire aux destinées du festival de musique de chambre.
Aujourd’hui, le programme fait la part belle à de courtes pièces savoureuses et précédées d’anecdotes malicieuses, tel ce récit de Patrick Gallois affrontant le vent dantesque du Théâtre antique à Orange voilà quelques années. Michel Lethiec ne résiste pas à quelques blagues plus ou moins heureuses, avant de nous embarquer dans un improbable solo réalisé avec un tuyau d’évacuation des eaux de machine à laver! Performance hilarante qu’il réalisera quelques jours plus tard pendant les répétitions d’un concert, mettant à rude épreuve la patience de l’accordeur du piano, incapable de faire son travail dans ces conditions... Le concert surprise sait aussi retrouver son sérieux avec les raffinements chopiniens au piano, tandis que les variations sur le thème Happy birthday ravissent l’assistance. Mais c’est sans doute le final d’improvisations klezmer avec neuf clarinettistes qui impressionne le public par son ostinato hypnotique: pendant près de quinze minutes, les différents solistes se distinguent individuellement à tour de rôle, jusqu’à Michel Lethiec lui-même. Les habitués auront reconnu parmi eux son propre petit-fils, bien parti pour assurer la relève de son aîné.
Fallait-il ce moment de détente et de plaisir partagés pour affronter ce monument de la musique de chambre qu’est le Quatuor pour la fin du Temps
de Messiaen, donné en soirée à l’abbaye Saint-Michel de Cuxà? C’est la
l’une des questions que l’on se pose à l’issue du concert où Michel
Lethiec semble manifestement très ému, comme un hommage rendu en ce
vingt-cinquième anniversaire de la disparition du compositeur. Avec ses
trois comparses, il se joue aisément des passages tour à tour tourmentés
et volontiers statiques, tandis que les trois solos parfaitement
maîtrisés, d’une douleur intériorisée, rendent plus poignante encore
cette œuvre majeure de Messiaen. Plus tôt dans la soirée, la mise en
bouche assez brève dédiée au Prélude et Fugue n° 3 de Mozart
d’après Jean-Sébastien Bach, avait permis de faire valoir une clarté
sereine, avant que le Quatuor Artis ne nous régale de son sens de
l’engagement et du caractère dans le magnifique Quatuor «Lever de soleil» de Haydn. Sans aucun vibrato, les quatre interprètes (récemment
remarqués au disque dans un très beau programme) font valoir leurs
attaques tranchantes et vives au service d’une lecture d’une grande
lisibilité, toujours probe. A peine pourra-t-on leur reprocher une
certaine raideur ici et là, mais ce n’est là qu’un détail à ce niveau
interprétatif superlatif.
Aujourd’hui, le programme fait la part belle à de courtes pièces savoureuses et précédées d’anecdotes malicieuses, tel ce récit de Patrick Gallois affrontant le vent dantesque du Théâtre antique à Orange voilà quelques années. Michel Lethiec ne résiste pas à quelques blagues plus ou moins heureuses, avant de nous embarquer dans un improbable solo réalisé avec un tuyau d’évacuation des eaux de machine à laver! Performance hilarante qu’il réalisera quelques jours plus tard pendant les répétitions d’un concert, mettant à rude épreuve la patience de l’accordeur du piano, incapable de faire son travail dans ces conditions... Le concert surprise sait aussi retrouver son sérieux avec les raffinements chopiniens au piano, tandis que les variations sur le thème Happy birthday ravissent l’assistance. Mais c’est sans doute le final d’improvisations klezmer avec neuf clarinettistes qui impressionne le public par son ostinato hypnotique: pendant près de quinze minutes, les différents solistes se distinguent individuellement à tour de rôle, jusqu’à Michel Lethiec lui-même. Les habitués auront reconnu parmi eux son propre petit-fils, bien parti pour assurer la relève de son aîné.
Quatuor Artis |
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