Disons-le tout net: le spectacle réglé par Johan Anton Rechi ne restera
pas dans les annales, et ce malgré l’idée initiale intéressante mais
finalement trop intellectuelle de transposer l’action de l’opéra avant
et après le bombardement nucléaire funeste de Nagasaki. Le metteur en
scène andorran peine en effet à dépasser le statisme imposée par la
scénographie unique pendant toute la représentation: un vaste temple
emblématique de l’architecture officielle américaine emplit ainsi la
scène pendant tout le premier acte, avant que les suivants ne dévoilent
les colonnes désormais brisées comme un symbole des conflits perdus,
tout autant que des blessures psychologiques de l’héroïne. On peut aussi
voir ce temple renversé comme annonciateur d’un tombeau pour Butterfly,
mais ces suggestions visuelles ne résistent pas à la durée de la
représentation, tant les personnages semblent livrés à eux-mêmes au
niveau interprétatif. Restent des costumes années 1940-1950 de toute
beauté qui, exception faite de Butterfly, s’éloignent du folklore
japonisant habituel, tandis que les éclairages stylisés et variés se
distinguent dans cette mise en scène en fin de compte très classique.
Incontestable spécialiste du rôle-titre qu’elle a interprété à travers le monde, Ermonela Jaho fait étalage d’une grande classe vocale à force de couleurs et de pianissimi de rêve, même si on la préférera en pleine voix, là où les dialogues en parlé-chanté montrent un chant moins souple que ses partenaires masculins. Manifestement peu ou mal dirigée, la soprano albanaise agace aussi à plusieurs reprises en poussant outre mesure l’opéra vers le mélodrame, sans parler des applaudissements conclusifs où elle surjoue l’émotion face à l’engouement du public. Rien de tel avec Bryan Hymel, qui donne à son Pinkerton une prestance un rien pataude mais heureusement compensée par un investissement vocal harmonieux et naturel, et ce malgré une émission étroite. Ses phrasés homogènes assurent une grande maîtrise du rôle, tandis que le Sharpless de Carlos Alvarez s’en sort bien également malgré une tessiture peu marquée dans les graves et une puissance moindre par rapport à ses partenaires. Régional de l’étape, il reçoit cependant une ovation du public, là où Hymel doit se contenter du minimum requis. On mentionnera également une Gemma Coma-Alabert (Suzuki) convaincante mais peu en phase avec Jaho dans le duo des fleurs, tandis que le Chœur du Liceu démontre une nouvelle fois ses qualités de cohésion. Enfin, le chef israélien Dan Ettinger tire le meilleur de l’Orchestre symphonique de Bilbao, lançant le drame en des tempi assez vifs, avant de suspendre son attention aux déchirements de l’héroïne.
Malgré une mise en scène décevante, on ne boudera pas le plaisir de cette belle soirée vocale en plein air dans le parc du château de Peralada, baignée des caquètements insolites des cigognes qui y ont trouvé refuge pour l’été. Créée en début d’année à l’Opéra de Duisbourg dans la Ruhr, cette nouvelle production de Madame Butterfly sera reprise à l’automne à Düsseldorf, puis en début d’année prochaine à nouveau à Duisbourg, avec un plateau vocal différent de Peralada.
Incontestable spécialiste du rôle-titre qu’elle a interprété à travers le monde, Ermonela Jaho fait étalage d’une grande classe vocale à force de couleurs et de pianissimi de rêve, même si on la préférera en pleine voix, là où les dialogues en parlé-chanté montrent un chant moins souple que ses partenaires masculins. Manifestement peu ou mal dirigée, la soprano albanaise agace aussi à plusieurs reprises en poussant outre mesure l’opéra vers le mélodrame, sans parler des applaudissements conclusifs où elle surjoue l’émotion face à l’engouement du public. Rien de tel avec Bryan Hymel, qui donne à son Pinkerton une prestance un rien pataude mais heureusement compensée par un investissement vocal harmonieux et naturel, et ce malgré une émission étroite. Ses phrasés homogènes assurent une grande maîtrise du rôle, tandis que le Sharpless de Carlos Alvarez s’en sort bien également malgré une tessiture peu marquée dans les graves et une puissance moindre par rapport à ses partenaires. Régional de l’étape, il reçoit cependant une ovation du public, là où Hymel doit se contenter du minimum requis. On mentionnera également une Gemma Coma-Alabert (Suzuki) convaincante mais peu en phase avec Jaho dans le duo des fleurs, tandis que le Chœur du Liceu démontre une nouvelle fois ses qualités de cohésion. Enfin, le chef israélien Dan Ettinger tire le meilleur de l’Orchestre symphonique de Bilbao, lançant le drame en des tempi assez vifs, avant de suspendre son attention aux déchirements de l’héroïne.
Malgré une mise en scène décevante, on ne boudera pas le plaisir de cette belle soirée vocale en plein air dans le parc du château de Peralada, baignée des caquètements insolites des cigognes qui y ont trouvé refuge pour l’été. Créée en début d’année à l’Opéra de Duisbourg dans la Ruhr, cette nouvelle production de Madame Butterfly sera reprise à l’automne à Düsseldorf, puis en début d’année prochaine à nouveau à Duisbourg, avec un plateau vocal différent de Peralada.
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