Beaucoup plus rare en France ces dernières années, Sir David McVicar –
anobli en 2012 – n’en poursuit pas moins sa carrière internationale à
travers les plus grandes scènes lyriques en une boulimie digne de
l’ivresse de ses succès. Si le metteur en scène britannique a déjà fait
son grand retour à Paris l’été dernier avec la production d’Adriana Lecouvreur,
déjà présentée à Londres et Barcelone notamment, l’autre reprise
attendue prenait place cet automne à Francfort, avec la production du Don Carlo de Verdi dans sa version italienne en cinq actes, dite de Modène (1886).
Depuis la première en 2007, Francfort a monté plusieurs fois ce spectacle réussi, arrimé à une scénographie aussi sobre qu’ingénieuse, n’oubliant pas une direction d’acteur qui privilégie le théâtre (importance des regards notamment). McVicar s’appuie sur un décor sans cesse revisité autour d’un système permettant au sol et à l’immense mur, tous deux recouverts de briques au ton gris clair, de se soulever ou de disparaître sous le regard du public – proposant ici une forêt, là une cathédrale ou encore l’espace plus restreint d’un cabinet de travail. En ce dernier cas, l’ajout d’un simple rideau sur la moitié de la scène – magnifiquement mis en valeur par les éclairages, une constante de cette production – viendra réduire l’espace dévolu aux interprètes, permettant à Eboli de sauver Elisabeth en une scène déchirante de vérité. Mais c’est surtout dans les scènes de chœur que l’étagement obtenu par l’agencement géométrique des modules de brique (à la manière d’un jardin à l’italienne) permet une distanciation toujours millimétrée, à l’esthétique quasi chorégraphique, sans parler de l’indiscutable réussite des costumes d’époque discrètement modernisés.
Fort justement applaudie triomphalement en fin de soirée, Tanja Ariane Baumgartner apporte à sa princesse Eboli une force de conviction sans pareil, s’autorisant de nombreuses prises de risque, particulièrement ses graves exaltants de fureur. Tatiana Monogarova (Elisabeth) manque de puissance en comparaison, compensant par un timbre d’une belle rondeur, irrésistible dans les pianissimi. L’irradiant Rodrigo de Daniel Schmutzhard fait preuve lui aussi d’une belle musicalité, seulement gêné par un aigu serré en début d’opéra, tandis qu’Andreas Bauer (Philippe II) assure bien sa partie malgré une voix un peu terne. Seul Wookyung Kim, peu crédible scéniquement en Don Carlo, déçoit par son intonation irrégulière et peu subtile, heureusement plus affirmée lorsque sa voix est bien posée. A l’issue de la représentation, il reçoit pourtant une belle ovation du public, sans doute conquis par son organe tonitruant.
Si la direction virile de Pier Giorgio Morandi couvre parfois les voix dans les forte, elle sait aussi épouser les moindres inflexions théâtrales de ce chef d’œuvre de Verdi, apportant une narration toujours passionnante. Mais ne serait-ce que pour le tempérament éclatant de l’Eboli de Tanja Ariane Baumgartner ce spectacle mérite tous les éloges. A voir ou revoir jusqu’à fin janvier 2016!
Depuis la première en 2007, Francfort a monté plusieurs fois ce spectacle réussi, arrimé à une scénographie aussi sobre qu’ingénieuse, n’oubliant pas une direction d’acteur qui privilégie le théâtre (importance des regards notamment). McVicar s’appuie sur un décor sans cesse revisité autour d’un système permettant au sol et à l’immense mur, tous deux recouverts de briques au ton gris clair, de se soulever ou de disparaître sous le regard du public – proposant ici une forêt, là une cathédrale ou encore l’espace plus restreint d’un cabinet de travail. En ce dernier cas, l’ajout d’un simple rideau sur la moitié de la scène – magnifiquement mis en valeur par les éclairages, une constante de cette production – viendra réduire l’espace dévolu aux interprètes, permettant à Eboli de sauver Elisabeth en une scène déchirante de vérité. Mais c’est surtout dans les scènes de chœur que l’étagement obtenu par l’agencement géométrique des modules de brique (à la manière d’un jardin à l’italienne) permet une distanciation toujours millimétrée, à l’esthétique quasi chorégraphique, sans parler de l’indiscutable réussite des costumes d’époque discrètement modernisés.
Fort justement applaudie triomphalement en fin de soirée, Tanja Ariane Baumgartner apporte à sa princesse Eboli une force de conviction sans pareil, s’autorisant de nombreuses prises de risque, particulièrement ses graves exaltants de fureur. Tatiana Monogarova (Elisabeth) manque de puissance en comparaison, compensant par un timbre d’une belle rondeur, irrésistible dans les pianissimi. L’irradiant Rodrigo de Daniel Schmutzhard fait preuve lui aussi d’une belle musicalité, seulement gêné par un aigu serré en début d’opéra, tandis qu’Andreas Bauer (Philippe II) assure bien sa partie malgré une voix un peu terne. Seul Wookyung Kim, peu crédible scéniquement en Don Carlo, déçoit par son intonation irrégulière et peu subtile, heureusement plus affirmée lorsque sa voix est bien posée. A l’issue de la représentation, il reçoit pourtant une belle ovation du public, sans doute conquis par son organe tonitruant.
Si la direction virile de Pier Giorgio Morandi couvre parfois les voix dans les forte, elle sait aussi épouser les moindres inflexions théâtrales de ce chef d’œuvre de Verdi, apportant une narration toujours passionnante. Mais ne serait-ce que pour le tempérament éclatant de l’Eboli de Tanja Ariane Baumgartner ce spectacle mérite tous les éloges. A voir ou revoir jusqu’à fin janvier 2016!
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