Parmi les bâtiments d’exception liégeois figure l’ancienne salle des
fêtes du Conservatoire royal, désormais dénommée Salle philharmonique,
qui accueille le Philharmonique royal de Liège (OPRL) depuis sa
rénovation en 2000. Doté de plus de 1 100 places, ce théâtre à
l’italienne construit en 1887 impressionne par sa décoration intérieure,
tout particulièrement les fresques monumentales (1954) d’Edgar
Scauflaire, qui encadrent l’orgue en arrière‑scène. Mais plus encore que
cet effet visuel harmonieux, c’est bien l’acoustique qui donne le
frisson, à force de précision audible pour chaque pupitre, sans aucune
saturation.
Le concert débute avec la création mondiale de la pièce pour timbales et percussions Quintessences
(2020) de Daniel Capelletti (né en 1958) : il s’agit d’une commande
pour fêter les 60 ans de l’OPRL, qui avait été ajournée par la pandémie.
Initialement, cette œuvre en quatre brefs mouvements (environ 8 minutes
au total) devait être donnée avec le Guide de l’orchestre à l’attention de la jeunesse
de Britten. D’où l’impression d’une démonstration virtuose pour chaque
instrument, en un mariage de bruitages expressifs et de scansions
parfois débridées, mais qui reste malheureusement un rien anecdotique.
Curieusement, les spectateurs qui ont pu assister au même concert, la
veille à Namur, ont pu bénéficier d’un programme sensiblement différent
et autrement plus consistant, puisque le Deuxième Concerto pour piano de Prokofiev était donné en lieu et place de la création de Capelletti. Quoi qu’il en soit, on retrouve bien la Cinquième Symphonie (1937)
de Chostakovitch pour les deux soirées, preuve s’il en était besoin des
affinités de la formation avec la musique russe (voir notamment le
précédent concert de l’OPRL consacré à cette même symphonie, en 2012).
Gergely Madaras |
Cette proposition manque toutefois de mystère en privilégiant avant tout la mise en place, au bénéfice de la musique pure. Enchainé immédiatement, le dernier mouvement démarre sur des tempi dantesques, à même de créer une certaine excitation : celle‑ci retombe quelque peu face au refus de Madaras de mettre en relief les points d’orgue du mouvement. Le ralentissement progressif de cette course à l’abîme refuse le triomphalisme final, désormais glacial et intimidant, en lien avec les intentions voilées du compositeur.
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