Daniel Reuss |
Parmi la multitude de festivals organisés tout l’été, les Rencontres
musicales de Vézelay restent l’un des plus attachants, en faisant vivre
la ville de pèlerinage et ses environs d’une activité intense pendant
quatre jours, autour d’un public venu en nombre. Chacun peut y trouver
son compte, de l’ambiance plus décontractée et familiale des concerts
gratuits derrière la Basilique aux programmes ambitieux donnés dans
plusieurs églises des environs, dont Vézelay (et tous précédés d’une
présentation gratuite par un musicologue).
Après le faste des Vêpres de Monteverdi données la veille
par un Leonardo García Alarcón imaginatif et haut en couleur, le
contraste n’en est que plus saisissant avec le programme plus austère du
lendemain : on est loin de la foi joyeuse et solaire de Monteverdi,
tant cette soirée dédiée à la pénitence, de Roland de Lassus (1532‑1594)
à Arvo Pärt (né en 1935) nous plonge dans un monde d’épure et de
légèreté diaphane, tout en sensibilité. La musique de Lassus fascine par
sa répétition hypnotique des mêmes motifs entrecroisés par les
solistes, sans parvenir, toutefois, à éviter une sensation de sur place
par endroits. L’atmosphère de renoncement est également présente chez
Pärt, en une même veine sombre et éloignée de ses partitions plus
extraverties. La délicatesse soyeuse des lignes séduit peu à peu, et ce
d’autant plus qu’elle parvient à faire oublier un texte au moralisme
sévère et bien peu subtil.
La première partie du concert se conclut dans le bourdonnement à
l’unisson des graves, d’une précision inouïe à l’image du reste des
pupitres. Cette application millimétrée à faire corps, comme un seul
être, impressionne tout du long par son sérieux et son attention aux
équilibres. Il ne faut pas attendre ici de grains de folie dans cette
interprétation d’une perfection formelle fascinante mais sans surprises.
En fin de soirée, les vingt‑quatre chanteurs se concertent avec le chef
Daniel Reuss pour offrir un bis au public : un parfum d’improvisation
surprenant pour satisfaire une dernière fois le chaleureux public de
Vézelay, manifestement prêt à pénétrer plus avant les mystères de la
pénitence.
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