mardi 5 mars 2024

Concert du Philharmonisches Staatsorchester Hamburg - Kent Nagano - Elbphilharmonie de Hambourg - 04/03/2024

Kent Nagano

L’Orchestre philharmonique d’Etat de Hambourg figure parmi les orchestres principaux de la deuxième ville d’Allemagne, aux côtés de celui de l’Elbphilharmonie (ex‑NDR) : sa mission principale consiste à accompagner toute la saison des opéras et ballets, mais il donne aussi plusieurs concerts avec Kent Nagano, son directeur musical depuis 2015. Eugen Jochum et Wolfgang Sawallisch en furent jadis deux des directeurs les plus emblématiques, insistant chacun sur la primauté du répertoire romantique, dont Bruckner est l’un des éminents représentants tardifs.

Avec la célébration du bicentenaire de la naissance du compositeur, on ne peut que se féliciter de retrouver des ouvrages rarissimes au concert, comme ceux récemment entendus à Berlin et dans une moindre mesure la Cinquième Symphonie (1878). Mal aimé, cet ouvrage au ton globalement sérieux fut pourtant l’un des rares à ne pas être retravaillé durant plusieurs années, Bruckner se sentant à juste titre très fier de son savant Finale. A lui seul, ce dernier vaut tous les autres mouvements, tant le travail contrapuntique impressionne par sa rigueur hypnotique, avant la longue et majestueuse péroraison finale, parmi les plus réussies de son auteur. A Hambourg, le chef américain Kent Nagano (né en 1951) aborde ce dernier mouvement d’une traite, sans respiration : de quoi donner une grande modernité à ce tour de force d’audace, avec des troupes chauffées à blanc pour l’occasion.

Avant cette conclusion à la hauteur de l’événement, le concert avait été malheureusement plus inégal, du fait de la volonté de Nagano d’éviter tout pathos excessif. Si ce parti pris peut se défendre, on est moins convaincu par les moyens employés pour y parvenir, notamment les variations de tempo nombreuses entre verticalités sonores aux cuivres prosaïques (la trompette surtout), en contraste avec les passages apaisés, tout en sobriété. Nagano n’évite pas l’aspect séquentiel et analytique de sa battue certes attentive, mais dont les attaques se révèlent moins précises que celles d’Honeck la veille la veille. On gagne en équilibre ce que l’on perd en électricité, en une volonté de transparence toujours élégante dans la primauté donnée aux cordes.

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