Semyon Bychkov |
Longtemps directeur musical de l’Orchestre de Paris (1989-1998), Semyon
Bychkov aura laissé un souvenir mitigé à la tête de cette phalange,
délaissant ensuite la capitale pendant plusieurs années avant de faire
un retour en force depuis quelques saisons. On se souvient notamment du
concert d’anthologie donné en 2008
au Théâtre des Champs-Elysées avec l’Orchestre symphonique de la Radio
de l’Allemagne occidentale (WDR, Cologne). Déjà Chostakovitch si l’on
peut dire, ou plutôt toujours Chostakovitch – lorsqu’on se rappelle que
c’est avec ce compositeur que le chef, star montante chez Philips à la fin des années 1980, s’était fait connaître en enregistrant plusieurs symphonies.
Déjà enregistrée en 1993 avec les Berliner Philharmoniker, remise sur le métier en 2008 avec le WDR de Cologne, c’est dire les affinités de Bychkov avec la Huitième Symphonie de Chostakovitch entendue à nouveau ce soir. Pour autant, rien de routinier en cette nouvelle lecture très personnelle où l’époux de Marielle Labèque se permet de nombreuses libertés avec la partition. Les tenants du respect de l’Urtext en seront pour leur frais: ici, Bychkov ralentit les passages narratifs pour offrir un Chostakovitch à nul autre pareil, aux allures beaucoup plus modernes grâce à l’éclatement constant de la ligne mélodique. Les premières notes sans aucun vibrato aux cordes installent ainsi un climat morne rapidement déchiré par les cris des scansions littéralement cravachées à l’orchestre. Pendant toute la symphonie, de nombreux contrastes viendront surprendre l’auditeur, tantôt étonné par les attaques sèches et les ponctuations marquées, tantôt intrigué par l’allégement dénervé des cordes. Les passages verticaux s’avèrent les plus réussis en leur extraversion sauvage particulièrement intense (il faut entendre rugir les cordes déchaînées avant le solo du cor anglais au I!), où Bychkov lâche la bride au risque aussi de faire ressortir un Chostakovitch un rien trivial. Parfois génial mais inégal, le chef se montre moins à l’aise dans les parties plus apaisées, trop alanguies et raides, même si les toutes dernières notes de la symphonie font leur effet avec des fins de phrases presque murmurées, sans effusion.
La première partie de concert aura connu moins d’excitation, la faute à un Alexandre Tharaud bien pâle dans Mozart. On retrouve les qualités habituelles du pianiste français, véloce et agile, amateur de clair-obscur. Mais si ces qualités font mouche au piano solo, elles ne masquent pas un manque de puissance rédhibitoire dans le répertoire concertant. Les défauts acoustiques de la salle n’expliquent pas tout, et Tharaud se laisse trop couvrir par un orchestre que Bychkov tente pourtant d’alléger, en des textures claires, toujours sans vibrato. Plus à l’aise dans le mouvement lent, le pianiste délaisse pourtant les couleurs, si importantes dans cette œuvre. Peu applaudi, le soliste est apparu plus frêle que jamais au moment des rares rappels à l’issue de sa prestation. En bis, le Prélude en si mineur BWV 855a de Bach, extrait du Klavierbüchlein für Wilhelm Friedemann Bach et arrangé par Alexandre Siloti, laisse pourtant entrevoir un toucher aérien, presque effleuré, d’une délicate sensibilité. Gageons que cette expérience peu heureuse lui vaudra de privilégier le répertoire de piano solo, tellement mieux maîtrisé en ce qui le concerne.
Déjà enregistrée en 1993 avec les Berliner Philharmoniker, remise sur le métier en 2008 avec le WDR de Cologne, c’est dire les affinités de Bychkov avec la Huitième Symphonie de Chostakovitch entendue à nouveau ce soir. Pour autant, rien de routinier en cette nouvelle lecture très personnelle où l’époux de Marielle Labèque se permet de nombreuses libertés avec la partition. Les tenants du respect de l’Urtext en seront pour leur frais: ici, Bychkov ralentit les passages narratifs pour offrir un Chostakovitch à nul autre pareil, aux allures beaucoup plus modernes grâce à l’éclatement constant de la ligne mélodique. Les premières notes sans aucun vibrato aux cordes installent ainsi un climat morne rapidement déchiré par les cris des scansions littéralement cravachées à l’orchestre. Pendant toute la symphonie, de nombreux contrastes viendront surprendre l’auditeur, tantôt étonné par les attaques sèches et les ponctuations marquées, tantôt intrigué par l’allégement dénervé des cordes. Les passages verticaux s’avèrent les plus réussis en leur extraversion sauvage particulièrement intense (il faut entendre rugir les cordes déchaînées avant le solo du cor anglais au I!), où Bychkov lâche la bride au risque aussi de faire ressortir un Chostakovitch un rien trivial. Parfois génial mais inégal, le chef se montre moins à l’aise dans les parties plus apaisées, trop alanguies et raides, même si les toutes dernières notes de la symphonie font leur effet avec des fins de phrases presque murmurées, sans effusion.
La première partie de concert aura connu moins d’excitation, la faute à un Alexandre Tharaud bien pâle dans Mozart. On retrouve les qualités habituelles du pianiste français, véloce et agile, amateur de clair-obscur. Mais si ces qualités font mouche au piano solo, elles ne masquent pas un manque de puissance rédhibitoire dans le répertoire concertant. Les défauts acoustiques de la salle n’expliquent pas tout, et Tharaud se laisse trop couvrir par un orchestre que Bychkov tente pourtant d’alléger, en des textures claires, toujours sans vibrato. Plus à l’aise dans le mouvement lent, le pianiste délaisse pourtant les couleurs, si importantes dans cette œuvre. Peu applaudi, le soliste est apparu plus frêle que jamais au moment des rares rappels à l’issue de sa prestation. En bis, le Prélude en si mineur BWV 855a de Bach, extrait du Klavierbüchlein für Wilhelm Friedemann Bach et arrangé par Alexandre Siloti, laisse pourtant entrevoir un toucher aérien, presque effleuré, d’une délicate sensibilité. Gageons que cette expérience peu heureuse lui vaudra de privilégier le répertoire de piano solo, tellement mieux maîtrisé en ce qui le concerne.
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