On doit à Richard Bonynge d’avoir redonné une relative notoriété au
compositeur français d’origine maltaise Nicolas Isouard (1773-1818), en
publiant en première mondiale l’enregistrement live (Olympia, 2000) de son plus célèbre ouvrage lyrique Cendrillon
(1810). Reconnu en son temps, Isouard était déjà en grande partie
oublié en 1845, lorsque un heureux concours de circonstance permit de
remonter Cendrillon à l’Opéra-Comique – là même où Isouard avait
obtenu ses plus grands succès avec l’appui de son ami Rodolphe Kreutzer
(1766-1831), dédicataire de la Neuvième Sonate pour piano et violon de Beethoven.
L’Opéra de Saint-Etienne et les équipes du Palazzetto Bru Zane nous permettent aujourd’hui de découvrir le chef-d’œuvre d’Isouard dans sa version de 1845, réorchestrée et augmentée d’un air pour le rôle-titre par Adolphe Adam (1803-1856). D’où l’impression immédiate d’un soyeux et d’une perfection orchestrale dignes de l’auteur de Giselle, tandis qu’Isouard charme par son évident talent mélodique et sa fine caractérisation musicale: dès l’Ouverture, les appels de cor symbolisent l’appel de la nature en contraste avec le confort intérieur incarné par la harpe. C’est là la principale originalité de cette adaptation due à Charles Guillaume Etienne (qui sera lui-même adapté, avec moins de talent, par le librettiste de Rossini), qui fait de ce conte un récit d’apprentissage où le Prince cherche l’amour sincère pour mieux fuir les courtisanes ambitieuses. Avec beaucoup de finesse, le livret centre ainsi l’action sur les trois sœurs qui incarnent chacune l’un de ces rôles – écartant du récit toute magie.
Le metteur en scène Marc Paquien (déjà très en forme en début d’année avec Le Monde de la lune
de Haydn présenté au Conservatoire de Paris) choisit précisément de
réintroduire quelques éléments d’illusion et de merveilleux, d’une
délicate simplicité, à même de provoquer le rire parmi toutes les
tranches d’âge du public venu en nombre dans le cadre du week-end «Tous à
l’Opéra». On pense par exemple à ce balai qui bouge tout seul pendant
que Cendrillon somnole ou à ces citrouilles qui la surélèvent
légèrement: des détails qui viennent animer une direction d’acteur bien
enlevée, par ailleurs rehaussée de moments de poésie bienvenus avec le
prélude enneigé, baigné d’une lumière délicate. Avec les costumes
farfelus de Claire Risterucci et un décor tournant astucieusement
revisité, cette production est une réussite qui sera opportunément
reprise à l’Athénée, Caen et Massy, en des versions un peu plus longues.
En effet, l’adaptation présentée à Saint-Etienne a malheureusement
réduit l’ouvrage de moitié, supprimant notamment l’ensemble des chœurs
de la partition.
Avec l’absence d’enregistrement discographique, c’est là le principal reproche adressé à cette production, par ailleurs très bien servie par le plateau vocal réuni, d’un très bon niveau global. Outre les deux rôles parlés interprétés par les irrésistibles Christophe Vandevelde (Dandini) et Jean-Paul Muel (Montefiascone), Jérôme Boutillier se distingue dans son rôle d’Alidor par un timbre velouté et une noblesse de chant éloquente. A ses côtés, quel plaisir aussi de profiter des joutes piquantes de Jeanne Crousaud (Clorinde) et Mercedes Arcuri (Tisbé), idéales de souplesse dans leur chant raffiné. Seule la Cendrillon d’Anaïs Constans montre quelques faiblesses dans les passages de registre des parties apaisées, du fait d’une voix trop puissante. Elle est plus à l’aise dans les airs de caractère, où elle a cependant tendance à couvrir la petite voix de Riccardo Romeo (Ramiro), admirable de style mais qui manque par trop de projection.
L’autre grande réussite de la représentation vient de la direction inspirée de Julien Chauvin, qui donne le meilleur d’une Académie d’orchestre pour le moins étonnante à ce niveau: à part quelques verdeurs aux cordes et petites imperfections au cor solo, on n’est pas loin d’un sans faute, chaleureusement applaudi en fin de représentation. Bravo!
L’Opéra de Saint-Etienne et les équipes du Palazzetto Bru Zane nous permettent aujourd’hui de découvrir le chef-d’œuvre d’Isouard dans sa version de 1845, réorchestrée et augmentée d’un air pour le rôle-titre par Adolphe Adam (1803-1856). D’où l’impression immédiate d’un soyeux et d’une perfection orchestrale dignes de l’auteur de Giselle, tandis qu’Isouard charme par son évident talent mélodique et sa fine caractérisation musicale: dès l’Ouverture, les appels de cor symbolisent l’appel de la nature en contraste avec le confort intérieur incarné par la harpe. C’est là la principale originalité de cette adaptation due à Charles Guillaume Etienne (qui sera lui-même adapté, avec moins de talent, par le librettiste de Rossini), qui fait de ce conte un récit d’apprentissage où le Prince cherche l’amour sincère pour mieux fuir les courtisanes ambitieuses. Avec beaucoup de finesse, le livret centre ainsi l’action sur les trois sœurs qui incarnent chacune l’un de ces rôles – écartant du récit toute magie.
Riccardo Romeo et Jérôme Boutillier |
Avec l’absence d’enregistrement discographique, c’est là le principal reproche adressé à cette production, par ailleurs très bien servie par le plateau vocal réuni, d’un très bon niveau global. Outre les deux rôles parlés interprétés par les irrésistibles Christophe Vandevelde (Dandini) et Jean-Paul Muel (Montefiascone), Jérôme Boutillier se distingue dans son rôle d’Alidor par un timbre velouté et une noblesse de chant éloquente. A ses côtés, quel plaisir aussi de profiter des joutes piquantes de Jeanne Crousaud (Clorinde) et Mercedes Arcuri (Tisbé), idéales de souplesse dans leur chant raffiné. Seule la Cendrillon d’Anaïs Constans montre quelques faiblesses dans les passages de registre des parties apaisées, du fait d’une voix trop puissante. Elle est plus à l’aise dans les airs de caractère, où elle a cependant tendance à couvrir la petite voix de Riccardo Romeo (Ramiro), admirable de style mais qui manque par trop de projection.
L’autre grande réussite de la représentation vient de la direction inspirée de Julien Chauvin, qui donne le meilleur d’une Académie d’orchestre pour le moins étonnante à ce niveau: à part quelques verdeurs aux cordes et petites imperfections au cor solo, on n’est pas loin d’un sans faute, chaleureusement applaudi en fin de représentation. Bravo!
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