jeudi 30 mai 2019

« La Flûte enchantée » de Mozart - Helmuth Lohner - Volksoper à Vienne - 28/05/2019


Equivalent de l’Opéra-Comique à Paris, le Volksoper de Vienne a fêté ses 120 ans d’existence l’an passé, en poursuivant une saison riche de plus de 300 représentations données en alternance. Parmi les piliers de son répertoire, on ne s’étonnera pas d’y retrouver La Flûte enchantée, créée en 1791 dans un théâtre populaire des faubourgs de Vienne. Bénéficiant de surtitres en allemand et anglais, cette reprise d’un spectacle étrenné en 2005 fonctionne bien, sans pour autant briller d’une invention particulière: essentiellement visuel, le dispositif imaginé par Helmuth Lohner repose sur un plateau tournant qui permet de dévoiler plusieurs tableaux minimalistes et symboliques, de l’arbre de la connaissance au télescope de Sarastro. Le tout est élégamment mis en valeur par les éclairages et costumes, mais ne dépasse jamais le cadre d’une illustration classique, certes idéale pour le novice, mais trop convenue pour qui veut fouiller les possibilités offertes par le livret. Trop statique, la direction d’acteur place souvent les interprètes en bord de scène pour chanter face public – sans doute pour pallier le déséquilibre acoustique qui privilégie la fosse.

Fort heureusement, la troupe du Volksoper connaît suffisamment son Mozart pour apporter de nombreuses satisfactions, tout particulièrement l’éblouissante Reine de la nuit incarnée par la Finlandaise Tuuli Takala, qui donne beaucoup de caractère à son rôle – le tout porté par une aisance confondante sur toute la tessiture. On aimerait seulement un peu plus de substance dans les vocalises, mais ce n’est là qu’un détail à ce niveau. La révélation de la soirée est peut-être plus encore celle de l’Orateur de Günter Haumer, vivement applaudi tout du long pour ses phrasés d’une noblesse éloquente, à l’articulation et aux graves mordants. La petite voix d’Anja-Nina Bahrmann (Pamina) manque quant à elle de puissance par endroits, ce qui est heureusement compensé par une grâce jamais prise en défaut. On lui préfère cependant le Papageno d’Alexandre Beuchat, qui trouve un bel équilibre entre chant radieux et nécessités comiques. Plus en retrait, JunHo You (Tamino) s’impose dès lors qu’il est en pleine voix, pour mieux décevoir ensuite dans les subtilités ou les accélérations. On soulignera enfin la belle composition de Juliette Khalil (Papagena), tandis que les trois Dames brillent davantage au niveau théâtral que vocal. Que dire, enfin, des superlatifs jeunes chanteurs de Vienne, aux interventions solides et à la justesse jamais prise en défaut? Avec l’impeccable chœur local, on tient là l’un des atouts décisifs de ce spectacle.


On conclura sur la direction nerveuse et allégée de Gerrit Priessnitz, qui donne une belle tenue à son ensemble, même si ses vifs tempi mettent parfois à mal ses chanteurs, tout en sacrifiant quelque peu les parties apaisées, un peu raides.

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