On doit à la célébration du centenaire de la naissance de Gottfried von
Einem (1918-1996) l’initiative d’une nouvelle production de La Mort de Danton (1947), déjà donnée l’an passé par le Staatsoper
de Vienne. La reprise en ce printemps avec un plateau vocal différent
permet de découvrir cette adaptation fidèle de l’œuvre éponyme de Georg
Büchner, plus fréquente sur les planches que son équivalent lyrique. En
France, quelques rares maisons d’opéra ont cherché à mettre en valeur
une partie du corpus lyrique du compositeur autrichien, telle Nantes
avec Le Procès en 2001.
A l’instar de son parfait contemporain Alberto Ginastera, dont l’Opéra du Rhin a opportunément fait revivre Beatrix Cenci en début d’année, von Einem place une ambition élevée dans la qualité littéraire de ses livrets (ici truffé de métaphores, telle la splendide «Combien de temps les empreintes de la liberté resteront-elles des tombes?»), tout en adoptant un style musical mixte entre langage d’avant-garde et emphase néoromantique, avec un Sprechgesang toujours expressif.
L’une des plus grandes qualités de ce petit maître est précisément d’adapter son langage musical à chaque situation dramatique: on passe ainsi de l’urgence colorée et nerveuse proche de Hindemith aux scènes hautes en couleur du peuple déchaîné, où l’orchestre (le plus souvent autonome par rapport aux voix) se fait plus présent encore dans la masse sonore. Les talents d’orchestrateur de von Einem sont un délice de chaque instant, tant on se régale de la variété d’inspiration, particulièrement audible dans l’un des interludes orchestraux où domine la clarinette solo.
A l’instar de son parfait contemporain Alberto Ginastera, dont l’Opéra du Rhin a opportunément fait revivre Beatrix Cenci en début d’année, von Einem place une ambition élevée dans la qualité littéraire de ses livrets (ici truffé de métaphores, telle la splendide «Combien de temps les empreintes de la liberté resteront-elles des tombes?»), tout en adoptant un style musical mixte entre langage d’avant-garde et emphase néoromantique, avec un Sprechgesang toujours expressif.
L’une des plus grandes qualités de ce petit maître est précisément d’adapter son langage musical à chaque situation dramatique: on passe ainsi de l’urgence colorée et nerveuse proche de Hindemith aux scènes hautes en couleur du peuple déchaîné, où l’orchestre (le plus souvent autonome par rapport aux voix) se fait plus présent encore dans la masse sonore. Les talents d’orchestrateur de von Einem sont un délice de chaque instant, tant on se régale de la variété d’inspiration, particulièrement audible dans l’un des interludes orchestraux où domine la clarinette solo.
La mise en scène classique de Josef Ernst Köpplinger opte pour un décor unique pendant toute la représentation, ce qui resserre le drame en forme de huis clos, en phase avec la durée très courte de l’ouvrage (une heure et demie environ). Constitué d’une sorte d’immense cage de bois, le décor laisse entrevoir la foule qui guette les protagonistes par les interstices, suggérant finement le climat de suspicion générale propre aux événements révolutionnaires. Köpplinger revisite constamment la scène au moyen de superbes éclairages, tandis que les personnages habillés en habit d’époque se meuvent dans une direction d’acteur serrée et dynamique. La tension culmine avec la scène d’accusation de Danton, d’un réalisme saisissant, avant de retomber ensuite dans une certaine banalité lors d’une fin d’ouvrage malheureusement trop abrupte.
Le plateau vocal, de bonne qualité, est dominé par un exceptionnel Tomasz Konieczny (Danton), dont la projection vocale et les qualités d’articulation, autant que l’engagement physique, emportent l’adhésion tout du long. A ses côtés, Benjamin Bruns (Desmoulins) et Olga Bezsmertna (Lucile) se hissent souvent au même niveau, tandis qu’on regrette seulement le manque de puissance du Saint-Just de Peter Kellner. Le reste du plateau est à la hauteur, de même qu’un chœur parfait de cohésion et d’ivresse maîtrisée. Seule la direction de Michael Boder, certes parfaitement en place et probe, manque de variété dans l’expression des différents climats, à même de mettre en valeur les parties plus sensuelles et lyriques ou, en contraste, les attaques plus soutenues des passages verticaux.
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