Créé en 2014 à l’initiative du clarinettiste Amaury Viduvier, l’Ensemble
Ouranos a dès ses débuts reçu le soutien de la fondation
Singer-Polignac (où il est toujours en résidence), avant de se produire
régulièrement au festival de Deauville (notamment en 2015, 2017, et 2019). Aujourd’hui, l’ensemble réalise son tout premier disque
autour d’un programme très bien construit qui met en valeur les Bagatelles
(1953) de Ligeti en début de disque. Ces courtes pièces d’à peine plus
de 3 minutes dévoilent une rythmique entêtante au début, avant une
raréfaction du tissu dramatique qui confère une ambiance énigmatique.
Dans cette œuvre de jeunesse, Ligeti fait preuve d’une inspiration
variée, s’appuyant sur un sens mélodique savoureux tout autant qu’un
esprit facétieux bienvenu, le tout parfaitement rendu par la verve et
les détails piquants révélés par les Ouranos, par ailleurs idéalement
enregistrés.
Avec le Quintette (1922) de Nielsen, on retrouve l’un des
chefs-d’œuvre les plus accomplis de son auteur, très fécond à cette
époque qui est aussi celle de sa Cinquième Symphonie. Les Ouranos
se distinguent par les dialogues incisifs entre instruments, tout
particulièrement dans le dernier mouvement, très élaboré. Son
introduction sombre et mystérieuse trouve ici un écrin idéal, avant le
retour à davantage de facétie légère, en un ton clair et limpide: la
suite de variations ainsi révélée permet à chacun de démontrer ses
qualités individuelles.
Le disque se conclut avec l’un des plus beaux quatuors de Dvorák, le Douzième «Américain»,
ici transcrit pour ensemble à vents par David Walter. Les Ouranos font
preuve d’une même maîtrise aérienne et piquante, aux phrasés
irrésistibles et passionnants. Assurément un très beau premier disque
pour ces Ouranos qui s’installent d’emblée aux premières loges des
ensembles de musique de chambre.
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