L’heure de la renaissance de Fromental Halévy (1799-1862) a-t-elle
sonné? Il reste aujourd’hui pour le grand public et la quasi-totalité
des mélomanes l’homme d’un seul opéra, La Juive (1835). Cet
immense succès «de jeunesse» allait en faire un des compositeurs les
plus en vue, avant la longue éclipse que l’on connaît encore
aujourd’hui, hormis, donc, La Juive. C’est donc un événement que de découvrir son grand opéra La Reine de Chypre
(1843), où l’on retrouve ses talents d’orchestrateur, tendre et
gracieux, au service de la primauté du chant. Cette simplicité aux
allures presque mozartiennes par endroit lui a été reprochée, même si on
note aussi quelques passages plus verticaux, tels que le superbe finale
de l’acte I avec la présence notable des chœurs, ou en un acte IV un
peu raide et répétitif.
Le présent enregistrement (sans les ballets) a été réalisé au Théâtre des Champs-Elysées, deux jours avant le concert. C’est là l’un des points
faibles de ce double disque, tant l’acoustique perfectible de la célèbre
salle parisienne place les interprètes en une sorte de halo lointain.
Le disque bénéficie en revanche de la présence de Cyril Dubois, dont la
pharyngite allait le contraindre à renoncer ensuite au concert. On note
d’emblée une fragilisation de son timbre, moins apollinien qu’à
l’habitude, mais qui ne nuit en rien à la caractérisation du rôle, lui
donnant une aspérité bienvenue. A ses côtés, on retrouve les impeccables
Véronique Gens et Etienne Dupuis, tandis que la direction d’Hervé Niquet semble avoir gagné ici en modulations et en variété, en comparaison du concert (deux disques et un livre Glossa ES 1032).
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