mardi 19 juin 2012

« Ciel d'Athènes à New York » - Festival de Saint-Denis - 15/06/2012

Le Festival de Saint-Denis fait cette année escale en Grèce. Le concert « Ciel d’Athènes à New York » réunit en effet des musiciens grecs et américains, qui dynamitent les genres dans une ambiance chaleureuse et populaire.
Alkinoos Ioannidis

Le Festival de Saint-Denis fait partie de ces évènements immanquables que les passionnés de musique classique ne ratent sous aucun prétexte chaque année au mois de juin, et ce depuis quarante‑deux ans. Car la programmation audacieuse réunit les meilleurs interprètes du moment, de Colin Davis, Jérémie Rhorer à John Eliot Gardiner, dans le cadre prestigieux de la basilique de Saint‑Denis et de la Maison d’éducation de la Légion d’honneur voisine. Un écrin idéal pour des chefs d’orchestre heureux de pouvoir diriger le rare oratorio Davidde penitente * de Mozart ou l’imposant Requiem * de Berlioz.

À côté de ces grandes œuvres du répertoire, la programmation s’est étendue en 2004 à des concerts de musique du monde donnés au printemps sur tout le territoire de la Seine‑Saint‑Denis, avec notamment Goran Bregovic, Talvin Singh, Smadj ou Murcof. Dénommé Festival Métis, cette initiative de la communauté d’agglomération Plaine‑Commune rend hommage à une terre d’immigration qui a accueilli de nombreux Bretons à la fin du xixe siècle, des Espagnols suite à la guerre civile de 1936, puis des travailleurs maghrébins et d’Afrique subsaharienne pendant la deuxième moitié du xxe siècle.

De Chypre à New York

L’exploration des musiques de la Méditerranée se poursuit cette année avec le Liban (Ibrahim Maalouf) et la Grèce, avec le concert Ciel d’Athènes à New York, une partition lyrique mêlant chants médiévaux de Chypre, sons classiques du xxie siècle, et musiques actuelles grecques. Ce projet original, né au Théâtre d’Épidaure d’Athènes il y a deux ans, réunit le chef d’orchestre Kristjan Järvi, son Absolute Ensemble de New York et trois musiciens grecs célèbres dans leur pays.

On retient surtout la personnalité attachante et sensible du chanteur et guitariste chypriote Alkinoos Ioannidis, qui semble particulièrement à l’aise pour oser plusieurs fois lâcher le micro et embrasser l’acoustique généreuse de la Basilique. Incroyable touche‑à‑tout, Alkinoos a également été comédien, puis s’est tourné récemment vers la composition, entamant des études en Russie avec rien de moins qu’un ancien élève de Chostakovitch. Au violon, son compatriote Miltiades Papastamou se régale dans les passages tziganes nombreux en fin de soirée.

On comprend dès lors la réussite de ce projet fondé sur la réunion heureuse de ces musiciens et d’un ensemble symphonique de tout premier plan, capable de passer d’une ambiance à la Bregovic au jazz‑rock de Joe Zawinul, en passant par les atmosphères entêtantes des harmonies orientales. Déchaînés, les musiciens semblent prendre un plaisir infini à accompagner ces musiciens grecs chaleureux et talentueux.

Le bouillant Kristjan Järvi

Il est vrai que la personnalité du bouillant Kristjan Järvi n’est pas étrangère à cette bonne humeur générale. Fils du grand maestro Neeme Järvi et frère cadet de l’actuel directeur musical de l’Orchestre de Paris Paavo Jaärvi, Kristjan a fondé l’Absolute Academy en 2006 afin de sensibiliser de jeunes interprètes à des musiques émanant de différentes cultures. Un pari réussi, qui l’emmène en tournée à travers le monde autour des musiques arabes ou indiennes, toujours dans cette volonté de mêler et entremêler les genres pour mieux surprendre son auditoire.

On retrouvera Kristjan Järvi à la tête de l’Orchestre de Paris dès le mercredi 20 juin 2012 dans un passionnant programme de musique hispanique et sud‑américaine consacré à Chávez, Rodrigo, Falla et Ravel. Un concert à ne pas manquer là aussi.

* Donnés tous deux à la basilique, Davidde penitente de Mozart le lundi 25 juin 2012, et le Requiem de Berlioz les jeudi 28 et samedi 30 juin 2012 (à la fin du Festival).

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