jeudi 25 août 2011

Saison théâtrale 2011-2012 en Région parisienne - Théâtres publics

Aubervilliers / La Commune

21 – 25 septembre : Le soir, des lions, concert de François Morel mis en scène par la chanteuse Juliette.

11 – 15 octobre : Le voyage de Penazar, de François Cervantes, avec sur les planches la bouillante et hallucinée Catherine Germain, capable tour à tour d'interpréter Médée ou un clown désopilant (avec Cervantes déjà).



4 - 21 octobre : l’Opéra de Quat’sous de Kurt Weill, spectacle mis en scène par le directeur du théâtre Laurent Fréchuret, toujours inventif et pertinent. Après la version de la Comédie française, on espère que le cast sera à la hauteur.

7 - 9 novembre : Embrassons-nous Folleville !, d'Eugène Labiche, à nouveau présenté dans la mise en scène réussie de Fréchuret.

24 - 25 janvier : Gemelos, d'après Agota Kristof, l'auteur récemment décédée de la trilogie Le Grand Cahier. Reprise après son triomphe à Avignon.

31 janvier - 1er février : El Viento en un violin, nouvelle pièce de Claudio Tolcachir, auteur du brillant Le cas de la famille Coleman (également proposé par Sartrouville en 2012), grand succès cette année au théâtre du Rond Point.



4 – 23 octobre : Instants critiques, d'après l'émission radiophonique Le masque et la plume, sur France Inter. François Morel et Olivier Broche feront revivre les fameuses joutes verbales entre Jean-louis Bory et Georges Charensol.

6 – 16 mars : Invasion, première pièce du jeune écrivain suédois Jonas Hassen Khemiri qui livre une "comédie enlevée sur le racisme ordinaire, les questions d’intégration, de terrorisme et de phobies collectives".



15 novembre : Hamlet*, de Shakespeare, reprise du spectacle phare des fêtes de Grignan, avec Philippe Torreton dans le rôle-titre longtemps interprété à la Comédie-française. Mise en scène de Jean-Luc Revol qui réunit encore une fois une belle équipe autour de Torreton, notamment Catherine Salviat.


30 novembre – 18 décembre : Dommage qu'elle soit une putain, de John Ford, auteur sulfureux contemporain de Shakespeare. Spectacle en anglais surtitré.

22 mars – 1er avril : Mort d'un commis voyageur, drame social qui a fait le succès de son auteur américain Arthur Miller. Mise en scène de Dominique Pitoiset, directeur du Théâtre national de Bordeaux.



Bobigny / Maison de la Culture (MC 93)

6 – 15 janvier : Le Suicidé, de Nicolaï Erdman, auteur du 20e siècle qui interroge le système soviétique par la comédie et le théâtre de l'absurde.
 
9 mars – 1er avril : La mort de Danton, de Georg Büchner, mis en scène par l'ancien directeur du théâtre de l'Odéon, Georges Lavaudant. Assurément l'un des spectacles à ne pas manquer cette année.


Nanterre / Les Amandiers

10 – 22 janvier : Une maison de poupée, d'Henrik Ibsen, reprise du spectacle de Jean-Louis Martinelli avec Marina Foïs, qui compose une Nora très contemporaine, blasée ou évanescente, toujours juste.



12 – 29 janvier : Ennemi public, d’après Un ennemi du peuple d'Ibsen, dans la mise en scène de Thierry Roisin, directeur de la Comédie de Béthune (Centre dramatique national).


Saint-Denis / Gérard Philipe

5 – 15 avril : Violet, de Jon Fosse, transposée pour théâtre de marionnettes par Bérangère Vantusso. L'occasion de retrouver le verbe laconique et abrupt de Fosse, brillamment transposé au théâtre de la Ville l'an passé par Chéreau, avec Hiver.


 
30 avril – 27 mai : Incendie, de Wajdi Mouawad, reprise de la mise en scène de Stanislas Nordey, dans la foulée du succès du film éponyme.

Cergy / L'Apostrophe

10 – 11 mai : Nicomède et Suréna, de Pierre Corneille, reprise des deux pièces émouvantes de Brigitte Jacques-Wajeman présentées auparavant au Théâtre de la Ville.


* Egalement donné au Théâtre de Rueil-Malmaison le 6 décembre.

vendredi 19 août 2011

Rentrée musicale à Paris : petit tour d’horizon des concerts et opéras choisis en septembre/octobre

La capitale n’est pas vraiment gâtée cette année puisque deux grandes salles sont en travaux : le Théâtre des Champs-Elysées et l’Opéra comique ouvriront respectivement leurs portes le 10 novembre 2011 et le 2 janvier 2012.
 
Nous restent heureusement la Salle Pleyel et l’Opéra national de Paris, et quelques petits théâtres audacieux cette année encore.




Dès le vendredi 2 septembre, l’Orchestre symphonique de Chicago, l’une des grandes phalanges américaines à la réputation un rien surfaite, sera dirigé par le non moins célèbre Riccardo Muti, dans un programme dédié au 20e siècle (Richard Strauss/Chostakovitch). On espère que Muti saura cette fois-ci réveiller un orchestre qui m’avait semblé bien plat lors de leur  venue à Pleyel avec le même chef en octobre 2007.

Deuxième poids lourd le 18 septembre avec l’Orchestre philharmonique d’Israël, toujours stimulé par la baguette de Zubin Mehta. Beau menu classique autour de Mahler et Bruch.

A suivre le 6 octobre, le retour à Paris du très intéressant chef allemand Thomas Hengelbrock (qui sera aussi à l’Opéra en février 2012 pour la superbe version chorégraphiée par  Pina Bausch de l’Orphée et Eurydice de Gluck) dans la rare quatrième symphonie de Dvorák.

Les 12 et 13 octobre, l'Orchestre de Paris et Paavo Järvi nous offrent les très méconnues symphonies d’Eduard Tubin et Hans Rott. Je ne serai pas à Paris à ce moment-là mais compte bien voir ce concert sur le web.

A ne pas manquer le 18 octobre, l’un de mes chefs favoris, Yoel Levi et son orchestre national d'Ile-de-France, dans un programme Chostakovitch/ Bartók/Prokofiev.

Enfin encore un grand orchestre à Pleyel, le 26 octobre, avec le Cleveland Orchestra qui interprétera notamment la méconnue « Doctor Atomic Symphony » de John Adams.




L’Opéra ouvre sa saison avec Salomé, l’une des œuvres majeures de Richard Strauss, qu’il me sera donné de découvrir en dehors du disque. Espérons que la mise en scène d’André Engel soit plus réussie que sa fade prestation pour la Petite renarde rusée de Janáček, reprise l’an passé. Inquiétude côté chanteurs également, avec l’éternelle Angela Denoke qui semble bien fatiguée.

Evènement en octobre avec Tannhäuser de Wagner monté avec  -excusez du peu-  Nina Stemme et Sophie Koch, toutes deux dirigées par l’excellent Marc Elder. Un grand moment en perspective.

J’irai peut-être faire un tour à Bastille pour le Faust de Gounod avec Roberto Alagna dans le rôle-titre, ainsi que pour la Lulu de Berg dans la belle mise en scène de Willy Decker déjà vue à Paris.




Dans le cadre de ses « escales musicales », le Théâtre 13 propose un programme de musique de chambre passionnant autour de Kodály, Martinu et Dvorák. 




Deux opéras intéressants  montés en octobre, avec Le tour d’écrou de Britten et L’Egisto de Cavalli. La proximité avec la scène est un réel atout qu'il ne faut pas négliger, faute de chanteurs connus attractifs.




Après la Comédie française,  l’Opéra de Quat’sous de Kurt Weill est présenté en ouverture de saison à Sartrouville. On attend beaucoup de ce spectacle mis en scène par le directeur du théâtre Laurent Fréchuret, toujours inventif et pertinent. Le casting sera-t-il à la hauteur ? 


mardi 16 août 2011

"Háry János" de Zoltán Kodály

Du compositeur hongrois Zoltán Kodály (1882-1967), l'amateur de musique classique pourra certainement connaître les suites pour orchestre tirées de l'opéra Háry János - dont ce célèbre Intermezzo :


Il sera plus rare que cet amateur - et souvent le fin connaisseur - connaisse l'opéra de Kodály dans son entier. Pour cela, le curieux devra en effet se rendre en Hongrie -tant les représentations sont peu fréquentes en dehors de ce pays- ou disposer dans sa discothèque du merveilleux enregistrement d'István Kertész accompagné du comédien Peter Ustinov en récitant. Et quel bonheur à l'arrivée !

Découvrir cet opéra qui n'en est pas vraiment un, tant les dialogues parlés sont omniprésents, peut rebuter au premier abord. Pour autant, cette forme lyrique inhabituelle bénéficie de la présence d'un récitant de tout premier plan en la personne du très distingué Peter Ustinov. La performance est à la mesure du talent du comédien, celui-ci interprétant en anglais tous les rôles parlés, féminins ou masculins, avec force truculence ou raffinement. Un véritable feu d'artifice bien éloigné du jeu timoré de certains récitants en vogue actuellement (Huppert par exemple).

Mais c'est avant tout la richesse de l'invention mélodique et la verve rythmique de l'orchestration de Kodály qui font de Háry János un chef d'oeuvre. Son utilisation des mélodies populaires et traditionnelles hongroises, qu'il a recueilli tout au long de sa vie à l'instar de son compatriote Béla Bartók, sied parfaitement à illustrer ce conte burlesque :




On comprend dès lors l'enthousiasme de Jean-Charles Hoffelé et Piotr Kaminski qui n'hésitent pas à mettre en avant "l'un des plus grands disques jamais produit" dans leur Guide des indispensables du disque compact (Fayard, 1994).


"Melancholia" de Lars von Trier

On entend ici et là que les propos cannois de l’homme Lars von Trier ont fait louper la palme d’or au réalisateur Lars von Trier. Qu’en est-il vraiment si on s’en tient à son film ?



Sentiments partagés au sortir de la salle.

Le prologue, majestueux et emphatique, surprend par son ampleur et sa beauté visuelle, surtout quand on se rappelle que Lars von Trier a professé, avec Thomas Vinteberg, la rigueur du Dogme en 1995 (abandon des effets spéciaux, sobriété formelle marquée par l’utilisation d’une caméra légère). Et justement, la suite de ce prologue nous plonge avec délice dans une première partie qui nous ramène aux présupposés de ce Dogme, dans une étude sociologique digne de l’excellent Festen de son compère Vinteberg. Cette première partie du film m’a clairement passionné, foisonnante de questions et de mystères autour de cette famille disloquée, marquée par l’égoïsme du père, l’aridité de la mère et le lien mystérieux qui unit les deux soeurs. La mélancolie annonciatrice de la fin du monde, interprétée avec subtilité par Kirsten Dust, est-elle un fantasme ou une réalité prochaine ?



La deuxième partie, tour à tour mystique et contemplative, abandonne ces questionnements pour se parer des habits d’un blockbuster efficace et percutant. La musique de Wagner envoûte, étreint et asphyxie son petit monde agonisant.

Sentiments ambivalents au sortir de la salle donc. Et puis, au fil des jours, ce film travaille. Au corps. L’ampleur majestueuse des images reste imprimée dans l’esprit, l’abandon des passionnantes questions de la première partie ne pose finalement plus problème. Si la fin du monde est pour demain, que restera-t-il des problèmes freudiens qui encombrent notre quotidien ?



vendredi 12 août 2011

"Deep end" de Jerzy Skolimowski

A ne pas manquer au cinéma, ce beau film délicat et sensible qui nous fait partager les premiers émois d'un adolescent de quinze ans pour une femme plus âgée que lui.


Avec une caméra qui tourne autour de ses personnages principaux, collant au plus près des visages, on est saisi d'emblée par la vérité qui s'en dégage : le désir, brut et intense, se déploie dans les regards, les gestes, les attitudes. L'atmosphère de huis clos renforce cette danse du désir et la fait tournoyer dangereusement vers un épilogue inévitable.


Les deux jeunes acteurs sont aujourd'hui totalement méconnus. Peut-être certains se souviennent de la ravissante Jane Asher comme de l'ex compagne de Paul McCartney... ou de John Moulder-Brown dans le Ludwig de Visconti. Ces deux acteurs anglais sont pour beaucoup dans la réussite du film, avec d'un côté la grâce lascive de son actrice, et de l'autre la naïveté lumineuse interprétée par Moulder-Brown.

Jerzy Skolimowski a quant à lui commencé sa carrière comme scénariste du premier film de Roman Polanski, Un couteau dans l'eau. Un scénario dense, intense, qui impose sa réputation avant de le lancer dans la réalisation. Mais le renouveau du cinéma polonais ne dure qu'un temps et la censure de son dernier film le convainc de quitter la Pologne en 1967, à l'instar de quelques uns de ses voisins tchèques de la nouvelle vague - Milos Forman notamment.

A noter que Le départ, premier film de Skolimowski réalisé en dehors de Pologne, ressortira en salle dès septembre.