mardi 30 septembre 2014

Concert du Ghislieri Choir & Consort - Festival d'Ambronay - 27/09/2014

Giulio Prandi
Pour la trente-cinquième édition, les festivités se bousculent à Ambronay pour célébrer les anniversaires d’un grand nombre de compositeurs baroques: Jean-Philippe Rameau, Jean-Marie Leclair, Pietro Locatelli, Niccolò Jommelli et Carl Philipp Emanuel Bach. Une initiative habituelle au fil des ans, certes, mais on se réjouira toujours de ce type de manifestations, si tant est qu’elles ne se bornent pas à circonscrire les œuvres entendues aux sempiternels «tubes» du répertoire. Rien de tel, fort heureusement, avec «l’année Rameau». Un simple parcours des programmations à travers la France permet de se convaincre de la chance de pouvoir découvrir la quasi-totalité de son œuvre, plus seulement au disque mais sur la grande scène du spectacle vivant. Pour les autres compositeurs, plus rares au concert, les occasions restent moins nombreuses, même si l’on sait pouvoir faire confiance à Ambronay pour se tourner vers d’évidents spécialistes.

Pour le trois centième anniversaire de la naissance de Niccolò Jommelli (1714-1774), parfait contemporain de C. P. E. Bach et Gluck, le festival d’Ambronay a fait appel à l’un des jeunes ensembles très en vue en ce moment: le Ghislieri Choir and Consort. Basée à Pavie, ville moyenne située à une trentaine de kilomètres au sud de Milan, la formation a été fondée en 2003 par Giulio Prandi. Après avoir déjà enregistré trois disques remarqués pour DHM/Sony, tous centrés sur le répertoire de la musique religieuse italienne du XVIIIe siècle, Prandi sillonne désormais les festivals, comme récemment encore à la Chaise-Dieu et à Besançon. Ces manifestations proches géographiquement se sont accordées pour proposer des programmes différents lors de ces trois dates. Une gageure rendue possible grâce à l’énergie et à la formidable curiosité intellectuelle de ce chef né en 1977, qui devrait graver prochainement la musique religieuse du jeune Mozart. A Ambronay, associé au Dixit Dominus de Haendel (l’une des œuvres les plus brillantes de son auteur), Prandi ose le Beatus Vir de Jommelli, compositeur peu connu du grand public.


Très célèbre en son temps, le Napolitain a fait carrière dans toute l’Italie – de Rome à Venise, avant de rejoindre la cour de Stuttgart – composant une œuvre religieuse considérable, dont trois Beatus Vir. Ecrite à Rome en 1751, l’œuvre ici révélée fait la part belle à la soprano, omniprésente dans cette partition aux embuches redoutables. Rachel Redmond, lauréate de la cinquième édition du «Jardin des voix» des Arts florissants, fait valoir son timbre solaire et aérien, se jouant de toutes les difficultés. Particulièrement à l’aise dans le registre aigu et les vocalises, on aimerait cependant un peu plus de velouté dans son émission. Un détail tant son engagement et ses qualités de projection emportent rapidement toutes réserves. Dans une acoustique qui privilégie la voix, Prandi se montre attentif à toutes les nuances, prêtant une attention constante au sens du texte chanté. Les individualités jaillissent comme autant d’interventions théâtrales, apportant lisibilité et sensibilité à ce chœur où les différentes voix sont indifféremment mêlées. Le «Jucundus homo» enthousiasme par l’excitation frénétique du chœur, toujours parfaitement secondé par un orchestre prêt à rugir ou à murmurer, en réponse aux moindres inflexions de son chef. Cette direction particulièrement dramatique se révèle sans cesse exaltante, tant la vigueur que Prandi parvient à impulser à ses troupes est visiblement communicative.


Avec Haendel, l’excitation ne retombe pas. L’énergie continue de circuler à travers tout le chœur, tandis que l’alto de Marta Fumagalli fait son entrée, avec une aisance radieuse digne des plus grandes. Les parties individuelles du chœur se montrent elles aussi d’un haut niveau, particulièrement la basse de Renato Dolcini, tandis que les sopranos offrent un «De torrente» empreint d’une grâce subtile. Toujours aussi en verve, mouillant la chemise au propre comme au figuré, Prandi poursuit son jeu de nuances attentives sans jamais relâcher la tension inhérente à la ferveur religieuse. Un public enthousiaste salue cette vibrante prestation, vite récompensé par deux bis brillants – Giulio Prandi mettant astucieusement en miroir le premier mouvement du Dixit Dominus de Haendel avec celui de Galuppi. On retrouvera ce programme enthousiasmant le 22 novembre prochain en la basilique San Michele Maggiore de Pavie, une occasion d’apprécier ce formidable ensemble en ses terres lombardes.

lundi 29 septembre 2014

Concert de Jordi Savall et l'ensemble Hesperion XXI - Festival d'Ambronay - 26/09/2014

Jordi Savall
Pour sa trente-cinquième édition, le festival d’Ambronay propose cette année encore pas moins de quatre-vingt-dix événements centrés autour de la musique du XVIe au XVIIIe siècle. Concerts, rencontres avec les artistes, conférences, les différentes propositions de rencontre ne manquent pas pour visiter la petite cité située à mi-chemin entre Lyon et Genève! Il faut dire que la fidèle équipe organisatrice, aussi passionnée qu’enthousiaste, ne compte pas ses efforts pour accueillir la crème du baroque sur quatre week-ends – tout en proposant des concerts décalés, du jazz-baroque à la musique du monde (Keyvan Chemirani, etc), sous le chapiteau ou lors de l’after au bar du festival. Si l’Académie baroque européenne tourne toujours à plein comme pépinière de talents, Ambronay innove cette année pour aider et promouvoir les jeunes ensembles – le projet Eeemerging révélera ainsi ses lauréats lors du dernier week-end de l’édition 2014. Mais le festival n’en oublie pas pour autant de célébrer les grands artistes qui ont fait sa renommée depuis sa création, William Christie – longtemps pilier de la manifestation – ayant fait place à Jordi Savall, artiste associé à Ambronay de 1987 à 1996.

Incroyable défricheur de répertoires oubliés depuis plus de vingt ans, l’homme à l’écharpe rouge poursuit une activité discographique intense qui le mène de l’Europe occidentale jusqu’aux confins de la méditerranée orientale. Bien connu du grand public depuis sa participation au film Tous les matins du monde en 1991, le musicien catalan retrouve régulièrement son instrument de prédilection, la viole de gambe, instrument méconnu qui, rappelons-le, trouve sa source dans l’Espagne du XVe siècle. Pour cette édition 2014, Savall choisit de s’entourer de six autres instrumentistes (y compris un guitariste et un percussionniste), tous réunis autour de la viole et de son vaste répertoire. En à peine moins de 2 heures, c’est à un véritable voyage musical entre les XVe et XVIe siècles que Jordi Savall nous convie: celui de l’âge d’or de la musique pour ensemble de violes à travers l’Europe.


Si l’on a parfois du mal à saisir les nuances entre les tessitures des différentes violes entourant Jordi Savall, cela s’explique par une entrée en matière assez aride, autour de danses italiennes anonymes assez répétitives qui ne cherchent pas à mettre en valeur la polyphonie des instruments. Seule la percussion ressort de cette introduction douce, un rien monotone, prélude à une montée en gamme avec les pièces anglaises et espagnoles qui suivent. Avec Orlando Gibbons (1583-1625), les saillies individuelles permettent ainsi à Savall de se mettre en avant, tandis que Philippe Pierlot lui répond avec une belle vaillance, le Catalan mettant un peu de temps à pleinement se chauffer. On retient aussi de superbes parties en pizzicato, à l’évocation poétique savoureuse, lors de la dernière pièce espagnole (Canarios) qui conclut la première partie du concert.


Après l’entracte, les musiques du temps de la cour de Louis XIII apportent une note plus enlevée, particulièrement l’entrainante et entêtante Bourrée d’Avignonez. Place ensuite aux musiques de l’Allemagne qui s’avèrent plus austères en leur début, avant qu’une amorce de dialogues entre les instruments se fasse jour. Les musiciens rivalisent ainsi de virtuosité dans l’Allemande XVI, aux oppositions variées. Le concert s’achève avec un rapide aperçu de l’Europe musicale baroque où fleurissent quelques grands noms bien connus, de Purcell à Bach. Les différentes entrées en canon permettent de constater combien ces grands maîtres parviennent à renouveler habilement le genre. Mais Savall garde le meilleur pour la fin, s’échinant sur son instrument lors d’un final très enlevé avec la spectaculaire Gallarda Napolitana d’Antonio Valente, vivement applaudie. En bis, le chef catalan prend la parole pour rendre hommage à Christopher Hogwood, disparu quatre jours plus tôt, lui dédiant cette soirée. La Danse des satyres de
William Brade (1560-1630), puis la Courante du Banchetto musicale de Johann Hermann Schein (1586-1630) concluent ce concert qui aura mis un peu de temps à démarrer avant de convaincre pleinement en sa dernière partie.

jeudi 25 septembre 2014

Concert de l'Orchestre symphonique de Bâle - Festival de Besançon - 21/09/2014


Elisabeth Leonskaïa
Est-il encore besoin de la présenter? Elisabeth Leonskaïa, celle que d’aucuns appellent la «dernière grande dame de l’école soviétique», revient à Besançon après son dernier récital consacré à Schubert voilà deux ans. Place cette fois à un concerto, deuxième (par la numérotation) de Beethoven en ce domaine. Composée en 1795, l’œuvre est encore redevable à Mozart, ce que la grande pianiste russe n’oublie pas, dévoilant un toucher aérien et gracieux, épris de sensibilité. Volontiers expressive dans la narration, Leonskaïa sait aussi faire preuve d’autorité, particulièrement dans la cadence véloce. Ce Beethoven apaisé évoque plutôt une symphonie concertante avec piano, sans brutalités, dont le toucher racé pourra sembler manquer de surprise à un auditeur rétif à cette constante volonté de douceur subtile. Si l’élégance des phrasés ou la lenteur habitée de l’artiste pourraient à elles seules nous contenter, Leonskaïa sait aussi faire chanter son piano, particulièrement dans le superbe Adagio au tempo suspendu. A ses côtés, Dennis Russell Davies lui répond dans le même sens, distillant un accompagnement soigné, sans maniérisme. Dommage que les différents pupitres de cordes, un peu ternes, manquent d’individualités. En bis, la pianiste russe offre à nouveau l’étalage de sa sérénité radieuse au final de la Dix-septième Sonate «La Tempête» de Beethoven, avant de se fondre parmi le public à l’entracte, répondant aux différentes sollicitations dans une étonnante simplicité.


En parfait contraste avec l’effectif orchestral réduit du concerto de Beethoven (aucune clarinette, une seule flûte et seulement deux cors), la seconde partie de ce concert de clôture se déroule sous les auspices d’un grand ensemble pléthorique – propre aux symphonies du XXe siècle. On retrouve la suite Les Planètes de Gustav Holst, une œuvre célébrissime qui a complètement occulté les autres opus du compositeur, rarement joués en dehors du Royaume-Uni. Passionné d’astronomie et d’astrologie, le Britannique donne à ses sept planètes (sans la Terre ni Pluton, non encore découverte en 1917) des «caractères» différents, prétexte à des variations au charme mélodique évocateur. Le chef américain prend l’exact contrepied d’une interprétation privilégiant la mélodie principale pour faire ressortir chaque contrechant, dans un rythme lent et solennel, marquant les scansions de manière abrupte. Cette vision assez univoque, très raide, rend plus sombre encore le premier mouvement («Mars»), tandis que les mouvements dansants («Mercure» et «Uranus») s’avèrent plus réussis. Evitant tout lyrisme, l’ensemble de l’œuvre apparaît plus moderne mais manque indéniablement de poésie ou d’émotion. Intellectuellement intéressante, une telle vision se révèle trop souvent inégale avec ses baisses de tension mais aussi ses fulgurances, tel un superbe crescendo dans la poignante «Saturne». Dennis Russell Davies y brosse là davantage le portrait de l’ennui que de la vieillesse annonciatrice de mort. A moins que cet homme s’ennuie de ne pas mourir assez vite?


Chef associé du festival de Besançon, Dennis Russell Davies dirigera l’an prochain le concours international de jeunes chefs d’orchestre, ici même. Une manifestation présidée avant lui par de prestigieux maestros, dont le regretté Gerd Albrecht, disparu en début d’année à l’âge de 78 ans. L’organisation du festival, se rappelant qu’il en fut l’un des tout premiers lauréats en 1957, lui a fort opportunément dédié sa soixante-septième édition.

mardi 23 septembre 2014

Concert de l'Orchestre national d'Ile-de-France - Festival de Besançon - 20/09/2014

Traditionnel point d’orgue de la fin de l’été, l’avant-dernier week-end de septembre attire chaque année de nombreux visiteurs à Besançon. Il n’est qu’à poindre le nez dehors pour entendre les échos des rues bondées, animant le charmant centre-ville de la capitale franc-comtoise. Et pour cause! Outre les traditionnelles journées du patrimoine, le festival du livre «Les Mots Doubs» s’inscrit désormais dans le paysage culturel avec sa treizième édition, tandis que le célèbre festival de musique classique conclut ses dix jours de marathon dévolus principalement à l’orchestre. C’est précisément sur son concours de direction que la manifestation musicale a bâti sa réputation, événement bisannuel que l’on retrouvera l’an prochain à la même période.

Cette année, pour la soixante-septième édition du festival, l’Orchestre national d’Ile-de-France effectue un heureux retour en terres bisontines. Sept ans après sa première venue, la formation primée par la revue britannique Gramophone offre ainsi l’une de ses rares sorties en dehors du territoire francilien, après sa participation aux «Journées George Onslow» organisées à la fin du mois d’août à La Chaise-Dieu. A la baguette, on découvre le jeune prodige letton Ainārs Rubikis (né en 1978), déjà primé aux concours de direction Gustav Mahler en 2010, à seulement 31 ans, puis l’année suivante à Salzbourg.

Ainārs Rubikis

Le concert commence sur les chapeaux de roue avec Maslenitsa de Guillaume Connesson, brève ouverture symphonique en guise d’apéritif. Le compositeur français, en résidence à Besançon pour la saison 2014-2015, trouve son inspiration dans le folklore russe, le titre de l’œuvre faisant référence à la traditionnelle fête des crêpes – l’équivalent de notre Mardi gras. Rien d’étonnant, dès lors, à retrouver un véritable esprit de carnaval où s’entremêlent les emprunts les plus variés, du lyrisme hollywoodien cher à Korngold à l’intense frénésie du Prokofiev constructiviste, sans oublier de savoureux accents moqueurs aux bois – lointains échos du Concerto pour orchestre de Bartók. Ainārs Rubikis s’empare de ce petit bijou rutilant avec une maestria peu commune, faisant rugir l’orchestre dans un tempo très vif, d’une éclatante virtuosité.

Place ensuite à une pièce de jeunesse assez méconnue de Richard Strauss, composée à l’âge de 22 ans et plusieurs fois révisée avant d’acquérir son nom définitif, Burlesque pour piano et orchestre. Si la double influence de Brahms et Liszt paraît d’emblée patente, Rubikis fait valoir le formidable talent d’orchestrateur du compositeur bavarois par une attention à l’éventail de couleurs déployées en contraste avec les imprévisibles et incessantes ruptures rythmiques. Les attaques sèches de l’orchestre répondent à une approche non moins virile du pianiste Wilhem Latchoumia, résolument tourné vers le XXe siècle pour éviter tout épanchement romantique. A tout juste 40 ans, le français semble vouloir dévorer son instrument pour mieux faire l’étalage de son tempérament démonstratif, arborant une facilité déconcertante – un rien péremptoire. Si les prises de risque excusent certaines approximations, on aimerait davantage de respiration, à l’instar des dialogues intimistes avec les timbales où Latchoumia laisse entrevoir une touchante délicatesse. En bis, la virtuosité reprend ses droits avec l’irrésistible galop du «Polichinelle» de la Première Suite d’A prole do bebê de Villa-Lobos.

Après l’entracte, les instrumentistes tombent la veste, écrasés par la chaleur qui règne dans le théâtre. L’atmosphère irrespirable devient plus encore étouffante avec les premières notes de la Cinquième Symphonie de Chostakovitch, qui résonnent dans un rythme à la lenteur sépulcrale. Le climat de désolation imprimé par Ainārs Rubikis fait place à une triste résignation, rappelant ainsi combien le compositeur russe se sentait menacé après la mise à l’index de sa précédente symphonie par le régime stalinien. D’une étonnante lisibilité, la direction du chef letton offre à chaque pupitre des saillies individuelles déchirantes, comme autant de cris de révolte. Si l’Allegretto poursuit dans cette veine, le ton se fait plus extraverti, un sort semblant être réservé à chaque note. Rubikis muscle habilement le propos en contraste avec les deux mouvements qui entourent ce bref scherzo. Le chef letton ralentit à nouveau lors du Largo qui suit, imprimant un climat chambriste à la limite du murmure. Tout au long de la symphonie, on dénote une propension à jouer avec le tempo, ralentissant les passages mesurés, accélérant les parties plus vives. Le dernier tutti surprend ainsi par ses attaques sèches et ses scansions marquées, auquel succède l’écho des harpes au tempo mécanique, quasi hypnotique. Le célèbre final entonne son ode aux accents faussement triomphaux dans un rythme accéléré, l’orchestre faisant preuve d’une maîtrise hors pair. Tout est en place, sans aucun décalage. Les cordes à pleine puissance répondent au martellement sauvage des timbales: la colère est bien là, loin d’une hypothétique célébration du régime en place. Une optique très sombre qui rapproche incontestablement Ainārs Rubikis de son illustre aîné, le chef allemand Kurt Sanderling.

mercredi 17 septembre 2014

Théâtre - Saison 2014 2015 - Banlieue parisienne

Théâtre L'Apostrophe à Cergy (78)

24 novembre, 1er et 8 décembre : Les Insatiables de Hanokh Levin. Mes Gloria Paris.

Georges Lavaudant

Théâtre La Piscine à Châtenay-Malabry (92)

8 octobre : Le Faiseur de théâtre d'après Thomas Bernhard. Mes Julia Vidit.

3 et 4 décembre : Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand. Mes Georges Lavaudant.

16 et 17 janvier : La Vie de Galilée de Bertolt Brecht. Mes Jean-François Sivadier.

Théâtre L'Avant-Scène à Colombes (92)

18 octobre : Le Petit Chaperon rouge de et mes Joël Pommerat.

7 février : Le Misanthrope de Molière. Mes Michel Fau.

Michel Fau
Théâtre de l'Usine à Eragny-sur-Oise (95)

21 novembre au 14 décembre : Il ne faut jurer de rien d'Alfred de Musset. Mes Hubert Jappelle.

20 au 29 mars : L'Atelier de Jean-Claude Grumberg. Mes Hubert Jappelle.

Théâtre des Quartiers d'Ivry (94)

9 au 22 mars : Le Moche, Voir clair, Perplexe de Marius Von Mayenburg. Mes Maïa Sandoz.

26 mars au 5 avril : Les Aveugles de Maurice Maeterlinck. Mes Daniel Jeanneteau.

4 au 31 mai : Le Projet Penthésilée de Heinrich von Kleist. Mes Catherine Boskowitz.

Théâtre 71 à Malakoff (92)

18 au 30 novembre : Yvonne, Princesse de Bourgogne de Witold Gombrowicz. Mes Jacques Vincey.

Théâtre de Sartrouville (78)

6 février : On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset. Mes Christophe Thiry.

12 au 14 mars : Requiem de Hanokh Levin. Mes Cécile Backès.

19 au 21 mars : Les Caprices de Marianne d'Alfred de Musset. Mes Frédéric Bélier-Garcia.

5 et 6 mai : Pantagruel de Rabelais. Mes Benjamin Lazar.

27 au 29 mai : Animal(s) de Eugène Labiche. Mes Jean Boillot.

Benjamin Lazar
Théâtre des Gémeaux à Sceaux (92)

5 au 14 février : Le Prince de Hombourg de Heinrich von Kleist. Mes Giorgio Barberio Corsetti.

Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis (93)

25 septembre au 12 octobre : Liliom de Ferenc Molnár. Mes Jean Bellorini. (A l'Odéon-Berthier du 28 mai au 28 juin)

6 au 23 novembre : Martyr de Marius Von Mayenburg. Mes Matthieu Roy.

10 au 12 janvier : Un fils de notre temps de Odon von Horvath. Mes Jean Bellorini. (A Châtenay du 27 janvier au 1er février)

Jean Bellorini

lundi 15 septembre 2014

Théâtre - Saison 2014 2015 - Paris

Théâtre de l'Athénée

2 au 18 avril : Don Juan revient de guerre de Ödon von Horváth. Mes Jacques Osinski.


Théâtre de la Bastille

24 mars au 16 avril : Shitz de Hanokh Levin. Mes David Strosberg.
15 juin au 5 juillet : Trahisons de Harold Pinter. Mes tg STAN.

Joël Pommerat
Théâtre des Bouffes du Nord

10 au 27 septembre : Cet enfant de et mes Joël Pommerat.


Théâtre de Chaillot

21 au 30 novembre : Dans la République du bonheur de Martin Crimp. Mes Elise Vigier et Marcial di Fonzo Bo.

La Colline

1er octobre au 21 novembre : Rien de moi de Arne Lygre. Mes Stéphane Braunschweig.

5 au 30 novembre : La Mission de Heiner Muller. Mes Michael Thalheimer.

27 novembre au 20 décembre : La Ville de Martin Crimp. Mes Rémy Barché.

16 au 19 décembre : Légendes de la forêt viennoise de Ödon von Horváth. Mes Michael Thalheimer.

12 mai au 6 juin : Affabulazione de Pier Paolo Pasolini. Mes Stanislas Nordey.

Stanislas Nordey
Comédie-Française

17 septembre au 26 octobre : Trahisons de Harold Pinter. Mes Frédéric Bélier-Garcia.
8 octobre au 14 janvier : Un chapeau de paille d'Italie de Eugène Labiche. Mes Giorgio Barberio Corsetti.

29 novembre au 1er mars : La Double inconstance de Marivaux. Mes Anne Kessler.
22 janvier au 8 mars : La Dame aux jambes d'azur de Eugène Labiche. Mes Jean-Pierre Vincent. 
14 avril au 19 juillet : Lucrèce Borgia de Victor Hugo. Mes Denis Podalydès.  
19 juin au 26 juillet : Un fil à la patte de George Feydeau. Mes Jérôme Deschamps. 
 
5 juin au 26 juillet : La Tragédie d'Hamlet de William Shakespeare. Mes Dan Jemmet.    


Théâtre de l'Oeuvre

A partir du 16 septembre : Dispersion de Harold Pinter. Mes Gérard Desarthe. Avec Carole Bouquet et Gérard Desarthe.


Théâtre de la Tempête

11 septembre au 12 octobre : Matin et soir de Jon Fosse. Mes Jacques Lassalle.


Théâtre 13

6 janvier au 15 février : L'Affaire de la rue de Lourcine de Eugène Labiche. Mes Yann Dacosta.

3 mars au 12 avril : La Discrète amoureuse de Lope de Vega. Mes Justine Heynemann.

Emmanuel Demarcy-Mota
Théâtre de la Ville

26 mars au 11 avril : Le Faiseur de Honoré de Balzac. Mes Emmanuel Demarcy-Mota.

vendredi 5 septembre 2014

« La Damnation de Faust » d'Hector Berlioz - Festival berlioz à La Côte-Saint-André - 31/08/2014

Soutenu par un orchestre et un chœur splendides, un plateau vocal idéal illumine « la Damnation de Faust » de Berlioz. Et ce, même si la palette des émotions exprimée sur le seul visage du ténor Michael Spyres aurait déjà suffi à nous contenter !

Michael Spyres et François-Xavier Roth
Le Festival Berlioz reprend vie dès 1994 à La Côte-Saint-André, ville natale du musicien, située à moins d’une heure de Lyon ou Grenoble. Depuis lors, la manifestation s’est peu à peu imposée comme une référence, travaillant bien sûr à porter haut l’œuvre d’Hector Berlioz (1803-1869) jusqu’aux plus absolues raretés, tout en militant pour faire apprécier d’autres artistes moins renommés. La programmation 2014 met ainsi l’accent sur Berlioz et l’Amérique, offrant par exemple de découvrir un parfait contemporain du compositeur, le méconnu Félicien David et son ode-symphonie Christophe Colomb, ou encore le pianiste américain Edward MacDowell (1860-1908) dans l’un de ses concertos.

Une organisation audacieuse qui permet au spectateur de retrouver l’enfant du pays lors de nombreux concerts, tout en consacrant une opportune visite à sa maison natale – authentique musée complet sur trois étages, tout à la gloire du génial Français. Pour sa dernière soirée, le Festival propose l’une des créations les plus populaires de Berlioz (aux côtés de l’inévitable Symphonie fantastique), la Damnation de Faust. Si cet opus reçoit le nom de « légende dramatique », et non pas d’opéra, cela s’explique par le caractère hybride de la partition, qui donne une place omniprésente à l’orchestre tout comme au chœur, tous deux véritables acteurs du drame. Assez déroutante, l’œuvre se laisse peu à peu apprivoiser, convainquant pleinement par l’entrecroisement virtuose des idées musicales, l’éclat rythmique ou la variété de son orchestration.

Un orchestre-académie pour les jeunes

Très statique en son début, l’œuvre peut dérouter le profane par le peu d’action avant la décisive rencontre entre Faust et Méphistophélès, prélude au fameux pacte signé entre les deux hommes. C’est pour ces raisons que l’on représente très souvent cette « légende » en version de concert – ce qui est précisément le cas à La Côte-Saint-André cette année. On retrouve à la baguette François‑Xavier Roth, fondateur de l’orchestre Les Siècles, à la tête d’une vaste formation réunissant ses musiciens habituels, auxquels s’ajoutent soixante élèves parmi les plus brillants de différents conservatoires européens. Spécialement conçu pour le Festival, cet orchestre-académie opère sur le modèle de celui de Verbier, en Suisse.

Roth s’affirme tout du long par une direction précise, toujours attachée à ne pas escamoter les toutes dernières notes des airs ou ensembles, offrant ainsi aux brumes éthérées du début un écrin délicat et évocateur. Mais il sait aussi faire rugir son groupe sur instruments d’époque, très réactif hormis quelques défaillances techniques aux cuivres, lorsque la partition s’anime. On retiendra donc une magnifique course à l’abîme en fin d’ouvrage, véritable maelstrom sonore dans lequel s’engouffrent tous les musiciens et chanteurs. Préparé par Nicole Corti, le chœur Britten affiche une belle cohésion, assumant pleinement son rôle prépondérant grâce à ses qualités de projection et de diction. 

Un Michael Spyres en larmes

Côté chanteurs, Michael Spyres impressionne de bout en bout dans son lourd rôle de Faust. Comme à Saint-Denis en juin dernier, le ténor américain impose son timbre clair et olympien, tout en se délectant de la partition comme jamais, n’hésitant pas à se tourner vers l’orchestre pour ressentir les évocations subtiles de Berlioz. Faisant corps avec son personnage, il lâche même quelques larmes discrètes en première partie. Dommage qu’Anna Caterina Antonacci (Marguerite) n’ait pas souhaité interpréter au-delà de la seule version de concert, imprimant à son rôle une intériorité contenue, mais heureusement bouleversante par les qualités de son chant. Son sens du phrasé, toujours aussi éloquent, compense désormais un timbre un rien métallique et une émission plus étroite. Enfin, Nicolas Courjal offre un jeu convaincant à son Méphistophélès, tour à tour autoritaire et moqueur. Souplesse de l’articulation, richesse du timbre aux couleurs variées, il n’est pas pour rien dans l’ovation finale qui conclut la soirée.

jeudi 4 septembre 2014

Concert du Quatuor Diotima - Festival de la Chaise-Dieu - 30/08/2014

Parmi les plus anciens et les plus prestigieux festivals d’Europe, le Festival de La Chaise‑Dieu rend cette année hommage au méconnu compositeur auvergnat George Onslow. L’impeccable quatuor Diotima donne toute la mesure de son talent dans un programme qui confronte Onslow à son maître spirituel Beethoven.

Quatuor Diotima

On doit au célèbre pianiste hongrois György Cziffra, spécialiste du répertoire de Franz Liszt, l’initiative de la création du Festival de La Chaise-Dieu, voilà 48 ans. Fasciné par le grand orgue de l’abbatiale Saint-Robert de La Chaise-Dieu, petite ville de Haute-Loire, Cziffra lance l’idée d’une restauration financée par l’organisation de concerts : le Festival est né. Dès lors, chaque soirée sera traditionnellement précédée d’une courte pièce d’orgue, comme une invitation solennelle à la nécessaire concentration d’avant-concert. Programmé pendant les dix derniers jours du mois d’août, le Festival propose pas moins de quarante représentations payantes, auxquels s’ajoutent de nombreuses manifestations gratuites (concerts, conférences, répétitions publiques, etc.).

Principalement dédiée à la musique vocale, La Chaise-Dieu s’autorise depuis quelques années des incursions vers le répertoire symphonique ou la musique de chambre (à l’auditorium Cziffra, voisin de l’abbatiale), permettant ainsi à cette édition 2014 de rendre un passionnant hommage au méconnu George Onslow * (1784-1853), compositeur surnommé le « Beethoven français ». Natif de Clermont-Ferrand, mais d’origine anglaise par son père, Onslow bénéficie d’une importante renommée de son vivant, justifiant qu’il succède à Cherubini à l’Académie des beaux-arts, devant rien moins que Berlioz ou Auber. À sa mort, son œuvre tombe pourtant rapidement dans l’oubli, et ce malgré une production considérable et respectée dans le domaine de la musique de chambre.
Onslow, compositeur auvergnat contemporain de Beethoven
Si le disque rend peu à peu justice à Onslow, avec une quinzaine d’enregistrements à ce jour, La Chaise-Dieu a choisi cette année de mettre en avant ce compositeur, attaché à ses origines auvergnates, en confrontant sa musique à celle de son contemporain Beethoven. Un miroir passionnant, sur trois jours et plusieurs concerts. Le Festival s’est tout naturellement tourné vers le quatuor Diotima, jeune formation habituée des lieux qui a obtenu un remarquable succès critique avec ses différents travaux gravés depuis dix ans, et particulièrement avec Onslow. C’est d’ailleurs avec le Quatuor nº 28 déjà inscrit chez Naïve que les Diotima entament leur exécution, faisant ressortir l’invention mélodique, le sens du détail et la pulsion rythmique caractéristiques de l’Auvergnat.
Si l’on peut regretter un premier violon un rien trop tranchant dans cette œuvre, sa vision convient mieux aux aspérités du Quatuor nº 15 de Beethoven. Un des tout derniers monuments du natif de Bonn, d’une exigeante modernité, fort éloigné de l’élégance un peu distante d’Onslow. Rien d’étonnant à cela tant Onslow avouait ne pas comprendre cette ultime manière du grand maître allemand. On retient surtout le poignant adagio, parfaitement rendu par l’engagement physique des Diotima. Auparavant, entre les deux œuvres, les quatre hommes avaient donné un extrait en forme de clin d’œil d’une pièce pour quatuor écrite par Pierre Boulez. Un « compositeur local », là aussi, né à Montbrison à quelques kilomètres de La Chaise-Dieu. Les Diotima rappelaient ainsi malicieusement leur vif intérêt pour la musique contemporaine, qu’ils ne cessent de défendre avec bonheur au disque comme en concert. 

* Parallèlement à l’hommage rendu à Jean-Philippe Rameau, ancien titulaire du grand orgue de la cathédrale de Clermont-Ferrand – le festival ayant notamment accueilli le concert  "La Grâce et la Gloire" présenté à Vézelay le 23 août 2014.

mercredi 3 septembre 2014

Concerts de l'Orchestre de Lorraine et d'Anima Eterna - Festival de la Chaise-Dieu - 29/08/2014

En deux concerts symphoniques, le Festival de La Chaise-Dieu rend hommage au compositeur George Onslow autour d’une passionnante confrontation avec ses contemporains. Jacques Mercier, bien soutenu par un orchestre de qualité, convainc pleinement.
Abbatiale Saint-Robert de La Chaise-Dieu
Pour décrypter les différences d’interprétation entre deux chefs d’orchestre, rien de plus aisé avec les concerts donnés successivement par Jos Van Immerseel et Jacques Mercier lors du Festival de La Chaise-Dieu. On ne peut en effet imaginer styles artistiques plus opposés, renforcés de surcroît par l’utilisation pour Immerseel d’une formation réduite sur instruments d’époque. Dans le cadre de l’hommage rendu au compositeur George Onslow, Français d’origine auvergnate et anglaise, des programmes symphoniques quasi identiques sont proposés lors de cette première journée, en forme de mise en perspective passionnante autour de ses deux contemporains Beethoven et Schubert.
Dans l’écrin majestueux de l’abbatiale Saint-Robert, l’acoustique séduit d’emblée par sa résonance maîtrisée, qui s’explique sans doute par la faible largeur du lieu, tandis que les boiseries des stalles apportent chaleur et précision. Même au-delà du jubé, où la visibilité devient réduite pour le public (heureusement compensée par un écran géant), les semblables qualités sonores captivent immédiatement. On comprend mieux pourquoi un tel lieu a été choisi, contribuant à la renommée de la manifestation. Le concert d’Immerseel débute avec la méconnue ouverture Die Zauberharfe de Schubert, composée en 1820, et plus tard intégrée à la musique de scène de Rosamunde, princesse de Chypre.
Un Onslow entre Schumann et Mendelssohn
L’entrée solennelle jouée lentement par le maestro belge gomme volontairement tout romantisme, alliant martèlement des cuivres et percussions en contraste avec le ton étonnamment doucereux des cordes. Très vigilant sur le respect des nuances (pianissimos de rêve), les variations d’atmosphère ainsi créées apportent un raffinement très plaisant. La quatrième et dernière symphonie d’Onslow, datée de 1846, se veut plus dramatique, plus mystérieuse aussi. Si le début fastueux peut faire penser à Schumann, la légèreté sautillante des courts motifs entremêlés rapproche ensuite Onslow de Mendelssohn.
L’attention portée par Immerseel à chaque détail donne cependant une forme trop décousue à l’ensemble, de surcroît dévalorisé par des cordes un peu aigres – d’abord les premiers violons, puis les violoncelles dans l’andantino. Les quelques baisses de tension constatées se retrouvent dans la cinquième symphonie de Beethoven, même si la formation semble plus assurée, connaissant évidemment bien mieux la partition (superbe intégrale). On renoue avec la conception habituelle du chef, ne s’intéressant guère aux sous-entendus narratifs de « la Pastorale » pour privilégier une vision cursive et sans vibrato. À force de rechercher le détail en allégeant les graves, son orage sonne trop pâle. Une lecture objective qui le rapproche d’un George Szell, mais avec un orchestre malheureusement plus faible.
Mercier, direct et conquérant
Avec Jacques Mercier et l’Orchestre national de Lorraine, on retrouve un ensemble aux effectifs doublés par rapport au concert précédent. Composée en 1830, la première symphonie d’Onslow affiche un lyrisme et un ton juvénile revigorant, la rapprochant de Beethoven par sa fougue et son élan. Les thèmes homogènes confiés aux cordes, très sollicitées, donnent un classicisme éloquent à cette œuvre charmante. Avec son style direct et conquérant, Mercier sait aussi apporter une jolie douceur à la fin apaisée du deuxième mouvement. Une vision très fidèle à la partition. Avec Beethoven, le chef français, toujours attentif aux contrastes, insiste sur l’équilibre entre les pupitres, d’une belle cohésion. Seuls les cuivres, un rien trop premier degré, déçoivent quelque peu dans ce concert globalement beaucoup plus réussi que le précédent.