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L'Abbaye aux Dames à Saintes |
Faut-il encore présenter le festival de Saintes? Organisé chaque année
pendant une dizaine de jours à la mi-juillet, le festival prend place
dans le cadre harmonieux de l’abbaye aux Dames, à deux pas du
centre-ville aux allures de petit Montpellier avec ses élégantes façades
de pierre blanche et son centre commerçant animé. On ne manquera pas la
visite complète de la sous-préfecture de la Charente-Maritime au
patrimoine fourni, avec l’étonnante cathédrale Saint-Pierre mutilée par
les guerres de religion, l’arc de Germanicus érigé pour l’empereur
Tibère, l’amphithéâtre romain dans les hauteurs de la ville, ou encore
les intéressants musées hébergés dans les demeures bourgeoises du
centre-ville. Dans l’abbaye, l’ambiance décontractée et chaleureuse
saisit le nouvel arrivant dès son entrée dans la vaste cour ombragée de
vénérables platanes, où l’on peut prendre un verre et profiter de
l’offre de restauration avant et après les concerts. Mais c’est surtout
l’excellente acoustique de l’abbatiale Sainte-Marie qui permet à
l’auditeur de se sentir au cœur de la musique sous les deux coupoles
romanes, rappelant en cela l’église Saint-Etienne-de-la-Cité à Périgueux
(voir notamment un concert du festival Sinfonia en Périgord en 2015).
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Lionel Meunier (Vox Luminis) |
D’abord dédié à la musique ancienne à sa création en 1972, le festival
de Saintes s’est ensuite ouvert à d’autres répertoires sous l’impulsion
de Philippe Herreweghe (directeur artistique de 1982 à 2002), tout en
gardant une appétence pour le baroque et particulièrement pour
Jean-Sébastien Bach. C’est de nouveau le cas en ce début de festival
2017 avec le concert donné par Vox luminis, un ensemble déjà habitué des
lieux, qui nous offre un très beau programme de motets de la dynastie
Bach. Huit chanteurs, seulement accompagnés par l’orgue et le violone,
font valoir les qualités de mise en place et de cohésion qui ont valu à
cet ensemble sa réputation. Le chef Lionel Meunier cherche davantage la
fusion des timbres que l’individualisation des pupitres, autour
d’interprètes visiblement heureux de chanter ensemble. On pourra trouver
l’ensemble un rien trop linéaire et appliqué, mais il n’en reste pas
moins que la perfection technique obtenue – surtout chez les femmes – en
séduira plus d’un. Le public enthousiaste ne s’y trompe pas en
réservant un bel accueil à cette jeune formation, rapidement récompensé
par un extrait de la Passion selon saint Jean donné en bis. De quoi permettre au plus célèbre des Bach de retrouver ses droits en l’abbaye aux Dames.
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Alexis Kossenko |
Plus tard dans l’après-midi, on retrouve Jean-Sébastien Bach autour des trois derniers Concertos brandebourgeois
interprétés par Alexis Kossenko et son ensemble Les Ambassadeurs, après
une copieuse première partie dédiée à Sammartini, Tartini et Vivaldi.
On pourra être dérouté par l’extrême volubilité du flutiste français,
aux amples gestes désarticulés lorsqu’il dirige, tout en louant sa
sensibilité artistique particulièrement émouvante dans les passages
lents. Les intentions virtuoses des mouvements vifs laissent parfois
place à une perte de substance au profit du rythme, tandis que
l’ensemble Les Ambassadeurs se contente d’un rôle soumis au soliste.
C’est également le cas pour le premier violon Stefano Rossi, excellent
technicien mais bien pâle de caractère dans ses joutes duettistes avec
Alexis Kossenko, tandis que le claveciniste François Guerrier se
distingue par des phrasés élégants dans le long solo du Cinquième Concerto.
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