vendredi 16 septembre 2011

Un concert inégal du symphonique de Chicago - Salle Pleyel - 02/09/2011


Pour son concert de rentrée, la Salle Pleyel a placé la barre haut avec la venue d’un orchestre aussi réputé que celui de Chicago. On se souvient en effet de ses grands chefs du passé tels Fritz Reiner et ses Richard Strauss d’anthologie, de Georg Solti et son intégrale Mahler virtuose, ou même de Daniel Barenboïm et ses Bruckner au son prodigieux.

Le chef italien Riccardo Muti dirige à son tour la phalange nord américaine dans un beau programme Richard Strauss/Chostakovitch. Là encore, le disque a permis à Muti de graver des versions majeures des symphonies de Tchaikovski, tout en s’imposant comme l’un des chefs d’opéra capable de réunir les meilleures distributions. On a ainsi le souvenir d’un geste flamboyant, parfois péremptoire, au service d’une narration dramatique passionnante. 


Riccardo Muti

Force est de constater que le maestro s’est grandement assagi en vieillissant, ce que confirme la première partie du concert avec Mort et transfiguration de Richard Strauss. Alors que mes voisins insistaient sur le prétendu raffinement de la direction, je n’y ai vu qu’une vision froide et désincarnée, à la limite du maniérisme – particulièrement cette désolante manie contemporaine de ralentir les passages lents, et d’accélérer les plus rapides. Tout l’aspect descriptif de l'oeuvre de Strauss est évacué au profit d’une vision toute extérieure. Rien d’indigne évidemment, mais on reste sur sa faim.

La deuxième partie du concert est plus convaincante avec la cinquième symphonie de Chostakovitch. Cette œuvre spectaculaire convient davantage au chef italien qui tente de galvaniser un orchestre singulièrement rétif à l’emballement – les cordes surtout.  Alors évidemment on pourra trouver quelque petites choses à redire sur la compréhension de certains passages (les chefs Sanderling, Kondrachine ou Haitink, incontournables au disque, sont évidemment un cran au-dessus), ou sur un finale triomphaliste alors que Chostakovitch le voulait plus ironique dans sa subtile dénonciation de l’oppression totalitariste.

Mais l’essentiel est là, le plaisir au rendez-vous, avec l’écoute de l'un des chefs d’œuvre les plus accomplis du 20esiècle. Car n'est-ce pas finalement la marque des chefs d'oeuvre que de résister à des interprétations un rien imparfaite ou inégale ?


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