mardi 4 octobre 2016

Concert de Michael Schønwandt - Oeuvres de Berlioz et Brahms - Opéra Berlioz de Montpellier - 01/10/2016

Marc-André Hamelin

Pour sa deuxième saison à la tête de l’Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon, Michael Schønwandt a visiblement rempli sa mission: relever le niveau d’une formation mise à mal par le mandat controversé de son prédécesseur Lawrence Foster, sans parler des problèmes financiers rencontrés ces dernières saisons. Associée désormais à l’Opéra, la formation symphonique a aussi bénéficié du travail du jeune chef assistant allemand David Niemann (26 ans) dont la réputation en tant que préparateur d’orchestre est déjà des plus flatteuses.

Cet ensemble d’éléments doit donc conduire à reconsidérer le positionnement de cet orchestre longtemps resté dans l’ombre du rival et voisin Toulouse, sous la houlette du charismatique Tugan Sokhiev. L’institution menée par Valérie Chevalier a choisi quant à elle de faire confiance à Michael Schønwandt (né en 1953), plus méconnu que Sokhiev, mais qui a pourtant dirigé les plus grandes phalanges de son pays natal, sans négliger une carrière remarquée de chef d’opéra à Berlin, Bruxelles ou Paris (Così fan tutte ou Ariane à Naxos). S’il partage son mandat montpelliérain entre l’opéra (comme Turandot en début d’année) et la musique orchestrale pure, le Danois semble apporter autant de soin à ces domaines différents. Pour preuve, deux soirées «Esprit Second Empire» parrainées par le musée Fabre voisin étaient consacrées en ce début d’automne à deux chefs-d’œuvre de Berlioz et Brahms: l’occasion d’agrémenter l’écoute de la Symphonie fantastique par la projection en fond de scène de tableaux et sculptures de la collection permanente, tous centrés autour de la période de composition de cette œuvre, en 1830. On pourra évidemment s’étonner de n’avoir là ni une œuvre du Second Empire, ni une illustration visuelle adaptée aux différents mouvements d’une œuvre à programme: seul le lien chronologique sert ici de fil conducteur.


Au niveau musical, Michael Schønwandt surprend d’emblée par sa fine sensibilité, assise sur l’allégement du tissu orchestral, le respect des nuances et la respiration harmonieuse lors des passages lents. C’est là tout le miel de sa direction, toute de douceur et sans pathos, évacuant le vibrato pour tendre vers une probité sans faille. Les tempi sont plus vifs dès lors que l’orchestre de Berlioz rugit, même si on pourra noter ici les limites de la formation montpelliéraine, parfois inaudible dans les contrechants, tandis que le chef danois donne peu de relief, renforçant l’aspect séquentiel de la partition. Après la pause, une même optique domine dans le Premier Concerto (1859) de Brahms, même si l’orchestre semble plus à l’aise autour du classicisme altier de ce Brahms de jeunesse, volontiers héritier de Beethoven et bien éloigné des expérimentations audacieuses de Berlioz. Au piano, en véritable félin agile, Marc-André Hamelin nous régale de son geste véloce qui évite tout sentimentalisme ou virtuosité, particulièrement dans l’Adagio, mené en un tempo étonnamment marmoréen d’où ressort une belle intériorité pudique, presque en sourdine par endroit. C’est un public ravi qui acclame le Canadien, très généreux en ce début d’automne avec pas moins de deux bis donnés dans la foulée du concerto.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire