A Paris, les salles prestigieuses de Garnier et Bastille permettent
d’écouter en l’espace de deux soirées la nouvelle production de l’Eliogabalo de Cavalli et la reprise de la Tosca
de Puccini: on se doute du choc musical ressenti tant les esthétiques
diffèrent entre ces œuvres italiennes que plus de deux siècles
séparent... Pour autant, l’une et l’autre se placent dans une volonté de
réalisme dramatique particulièrement réussie: on sait ainsi le soin
apporté par Puccini pour parfaire ses mélodrames avec ses librettistes,
dont celui de Tosca (1900). Adapté de la pièce éponyme de
l’oublié Victorien Sardou, le drame sur fond de guerre napoléonienne a
été réduit au triangle amoureux entre le révolutionnaire Cavaradossi et
la cantatrice Tosca, tous deux cernés par les velléités sadiques du chef
de la police Scarpia.
Ce sont précisément les ambiguïtés du personnage de Scarpia, partagé entre son désir charnel et sa foi proclamée, qui intéressent le metteur en scène franco-libanais Pierre Audi. Dans cette production présentée pour la première à Paris en 2014, l’actuel directeur artistique de l’Opéra néerlandais choisit en effet de placer la religion au cœur de sa scénographie, en liant les trois actes par une immense croix en forme de blockhaus, au sol au I afin de figurer l’Eglise, tandis qu’elle surplombe les protagonistes dans les actes suivants, tout en étant mise en valeur par les éclairages lorsque l’action s’accélère. Au-delà de ces éléments de décor symboliques qui rappellent le travail d’Anish Kapoor par leur monumentalisme brut, Pierre Audi se contente d’une mise en scène naturaliste (bien qu’il s’en défende dans ses intentions) avec force détails dans les accessoires et costumes, tous contextualisés dans la période napoléonienne. Il n’y a évidemment là rien d’indigne, mais force est de constater que tout cela n’apporte pas grand-chose au-delà d’un savoir-faire visuel incontestable, là où la production new-yorkaise de Luc Bondy en 2009 – avec des idées sensiblement identiques – parvenait à trouver davantage d’épure et d’intensité dans sa direction d’acteur serrée.
Ce sont précisément les ambiguïtés du personnage de Scarpia, partagé entre son désir charnel et sa foi proclamée, qui intéressent le metteur en scène franco-libanais Pierre Audi. Dans cette production présentée pour la première à Paris en 2014, l’actuel directeur artistique de l’Opéra néerlandais choisit en effet de placer la religion au cœur de sa scénographie, en liant les trois actes par une immense croix en forme de blockhaus, au sol au I afin de figurer l’Eglise, tandis qu’elle surplombe les protagonistes dans les actes suivants, tout en étant mise en valeur par les éclairages lorsque l’action s’accélère. Au-delà de ces éléments de décor symboliques qui rappellent le travail d’Anish Kapoor par leur monumentalisme brut, Pierre Audi se contente d’une mise en scène naturaliste (bien qu’il s’en défende dans ses intentions) avec force détails dans les accessoires et costumes, tous contextualisés dans la période napoléonienne. Il n’y a évidemment là rien d’indigne, mais force est de constater que tout cela n’apporte pas grand-chose au-delà d’un savoir-faire visuel incontestable, là où la production new-yorkaise de Luc Bondy en 2009 – avec des idées sensiblement identiques – parvenait à trouver davantage d’épure et d’intensité dans sa direction d’acteur serrée.
Cette reprise était surtout attendue pour son plateau vocal réunissant un trio de stars reconnues internationalement. Las, on a bien du mal à comprendre aujourd’hui l’enthousiasme pour le chant fatigué et peu audible de Bryn Terfel (Scarpia), souvent couvert par l’orchestre dans les forte ou, pire, lors de son affrontement avec Anja Harteros au II. On peut avoir beaucoup de respect pour la carrière éminente du chanteur gallois, mais il faut reconnaitre que ses emplois wagnériens ont par trop usé ses forces vocales. A ses côtés, Anja Harteros se joue au contraire de toute difficulté, imposant par sa maestria vocale sa classe naturelle, partout reconnue. Elle est vivement applaudie à l’instar de Marcelo Alvarez, déjà entendu dans le rôle de Mario Cavaradossi dans la précédente production de 2014, et toujours éloquent de souplesse et d’aisance. Son timbre préservé, tout comme sa diction exemplaire, font de chaque apparition un régal. Autour de lui, le reste du plateau vocal convainc pleinement par son homogénéité, tandis que le chœur se montre à la hauteur, notamment dans le superbe Te Deum concluant le premier acte.
Un spectacle en demi-teinte, à voir pour son couple star Alvarez-Harteros jusqu’au 23 septembre. A compter du 26, la soprano Liudmyla Monastyrska, à la réputation flatteuse, reprendra le rôle-titre jusqu’à la fin des représentations.
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