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Santtu‑Matias Rouvali |
Située à un peu moins de trois heures de train de l’aéroport d’Helsinki,
la ville de Mikkeli (51 000 habitants) a tout pour séduire en été, de
la visite de ses manoirs anciens (dont ceux de Kenkävero), à
l’exploration de la nature qui s’expose en majesté tout autour, dans la
vaste région des lacs. De quoi s’adonner à la navigation ou à la
randonnée dans les nombreuses forêts à perte de vue, majoritairement
composées de bouleaux, pins et sapins. On comprend mieux, dans ce
contexte, pourquoi la biographie officielle du chef finlandais
Santtu‑Matias Rouvali se conclut de la manière suivante : « Quand il
ne dirige pas, Santtu aime passer son temps à méditer, à cueillir et à
chasser dans la forêt près de chez lui en Finlande, puis à cuisiner les
aliments qu’il ramène à la maison ». Cette précision insolite et
inhabituelle est sans doute révélatrice de l’état d’esprit finlandais,
là où nos biographies sont habituellement plus réservées en ce domaine.
Quoi qu’il en soit, on retrouve avec plaisir l’art du chef principal du
Philharmonia, placé cette fois dans le cadre de la salle de concert
moderne de la ville, d’un peu moins de 700 places. Si le Finlandais a
fait parler de lui avec une intégrale Sibelius remarquée, il s’est aussi illustré en enregistrant deux suites de ballets de Stravinsky l’an passé, pour l’éditeur Signum Classics. La poursuite de l’exploration de ce répertoire se fait cette fois avec le Divertimento (1934) tiré du ballet néoclassique Le Baiser de la fée
(1928, révisé en 1950), en un style tout de légèreté et d’élégance, qui
fait la part belle aux nuances. Les ruptures de ton sont nombreuses, ce
qui explique pourquoi la souplesse des transitions de Rouvali compte
beaucoup ici. Le Finlandais se délecte de ce bijou d’orchestration,
souvent imprévisible dans ses changements de direction incessants.
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Senja Rummukainen |
Après l’entracte, les Tableaux d’une exposition (1874, orchestrés en 1922) de Moussorgski célèbrent le goût de Rouvali pour les variations d’atmosphère, en un sens consommé de la conduite du discours musical. La volonté d’allégement est perceptible, ciselant chaque tableau et chaque transition, d’une attention infinie au moindre détail, le tout porté par un orchestre en grande forme. En bis, ce beau programme russe trouve en Chostakovitch une conclusion délicieusement superficielle, aux traits étonnamment espiègles, avec l’étourdissante ouverture de l’opérette Moscou, quartier des cerises (1958).