lundi 24 octobre 2011

« Tannhäuser » de Richard Wagner - Robert Carsen - Opéra Bastille à Paris - 20/10/2011

On ne saurait trop vous conseiller de courir prendre une place pour aller voir cette superbe production tant qu’il en est encore temps ! Et ce, malgré les prix toujours aussi délirants de notre opéra national multisubventionné.


Tout le prix de ce spectacle créé en 2007 revient à la mise en scène du canadien Robert Carsen, très expérimenté en la matière (déjà à Bastille avec Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach) et aux chanteurs quasi parfaits. Tout d'abord une mise en scène très inspirée, qui parvient à transposer l'oeuvre de Wagner dans un atelier de peintre, interrogeant ainsi l'artiste face aux doutes et à la création. Les éclairages, très variés, sont sans cesse adaptés pour soutenir le drame, tandis que les personnages principaux sont nimbés d'une couleur propre, avec le leitmotiv musical wagnérien qui les accompagne.

Après l'impressionnante ouverture qui montre les multiples doubles torturés de l'artiste dans une danse macabre grotesque, la scène de la réception s'avère particulièrement réussie, Robert Carsen parvenant à donner une dimension de personnage unique à un choeur pourtant très fourni. Elégante et raffinée, non dénuée d'humour, cette mise en scène multiplie les idées et surprend sans cesse. 


Côté direction, surprise avec le geste évanescent de Mark Elder qui fait jouer l'orchestre quasiment en sourdine. Ce Wagner auquel on a ôté toute pompe, tout peps, permet la mise en valeur des vents par rapport aux cordes, et surtout des chanteurs qui bénéficient en premier chef de cette direction très analytique. Une version de chambre à Bastille, on croit rêver... et ça fonctionne ! Grâce à des voix d'exceptions, les femmes surtout.

Nina Stemme (Elisabeth) impressionne avec son timbre superbe dans les graves, même si on lui préfère les qualités d'actrice de Sophie Koch (Vénus), elle aussi vocalement très à l'aise dans un rôle difficile. Avec une présence incroyable sur scène pendant toute la soirée, le vaillant Tannhäuser interprété par Christopher Ventris montre quelques infimes fatigues au dernier acte dans les aiguës. Ces difficultés accompagnent la descente aux enfers de son personnage, qui semble sombrer corps et voix, dans une chute infinie, très émouvante. Les autres rôles sont excellents, au premier rang desquels Stéphane Degout, chanteur français dont la côte est au plus haut en ce moment.

Bref un spectacle à ne pas manquer, assurément!


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