Après avoir triomphé
au Point-Virgule puis au Théâtre du Temple à Paris, l’humoriste Ben
part en tournée à travers toute la France, avec
un détour par la Belgique et la Suisse. Un excellent spectacle à
ne manquer sous aucun prétexte.
Ben |
À seulement 32 ans, l’humoriste Ben est bien connu des auditeurs
de France Inter, qui le retrouvent tous les matins pour son billet
d’humeur, l’une des chroniques radiophoniques
les plus attendues, en alternance avec François Morel, Sophia Aram
et Stéphane Blakowski. Insatiable travailleur, Ben a plusieurs cordes à
son arc : tour à tour acteur dans
la série les Invincibles sur Arte ou pilier du stand-up
dans le célèbre Jamel Comedy Club de Jamel Debbouze, après avoir assuré
les premières parties des spectacles
de Tomer Sisley ou de Daniel Prévost.
Influencé par Pierre Desproges, Raymond Devos ou encore les
Monty Python, Ben multiplie les contre-pieds, l’autodérision et les
mises en abymes. L’entrée du jeune humoriste est
ainsi à l’image de son spectacle. Pas de feu d’artifice initial
pour chauffer la salle. Ici, Ben dynamite les codes habituels et arrive
discrètement sur scène, promenant sa silhouette fine et
élégante dans la pénombre. Les lumières s’allument. Le discours
s’installe, fragmenté, fébrile et étonnant.
Hésitations, mots qui semblent lui échapper, voix peu assurée. Le
personnage semble perdu sur la grande scène d’Ermont. Le plan du
spectacle qui nous est présenté, loufoque et incohérent, ne
rassure pas plus. Et pourtant, le spectateur ne s’y trompe pas :
Ben nous emmène où il veut avec son air de ne pas y toucher, avec sa
palette subtile d’allers-retours, de répétitions,
d’absurdités lyriques. Sans y prendre garde, on se trouve déjà
dans la forêt avec des loups qui fument ou avec une mère qui s’appelle
Jean-Jacques. L’auditeur tend l’oreille. La chute, toujours
surprenante, sans cesse à contre-pied, force à une attention de
tous les instants, tandis que le charme de Ben fait le reste.
Un charme irrésistible
On aime l’écouter. On aime se laisser entraîner dans ces contes
racontés à la première personne. Ici, pas de galerie de personnages
comme chez François-Xavier Demaison ou Alex Lutz.
Pas d’humour vulgaire ou facile. À peine s’autorise-t-il une
allusion sur les prêtres pédophiles, que le public hilare est
immédiatement sanctionné : « il faut bien gagner sa
vie » conclut Ben, s’adressant à lui-même. Malgré la pudeur
évoquée – qui semble bien réelle –, Ben choisit de se raconter quelque
peu au travers de son personnage, dévoilant les
origines algériennes de son père Ben Abdallah. Suit le récit
absurde et désopilant de ses difficultés à trouver un appartement avec
ce patronyme connoté. Comme souvent, l’humour délicat de
Ben permet d’évoquer des sujets sérieux l’air de ne pas y toucher.
Enfin, avec sa propension à se jouer de l’altérité, Ben refuse
constamment toute étiquette, confondant sans cesse le féminin
avec le masculin dans les prénoms, les clichés attachés aux
représentants de deux sexes ou à l’homosexualité.
Même si on peut s’amuser à découper le spectacle en différents
sketches, tout s’enchaîne naturellement dans un rythme parfaitement
maîtrisé. Le trait n’est jamais forcé, tandis que l’idée
esquissée provoque les esprits avant que Ben ne nous emmène
ailleurs. Un message presque subliminal donné à nos cerveaux stimulés
par cet éclatant tourbillon de non-sens.
J'ai adoré ce one man show où on se sait vraiment pas du tout on l'on va. en tou cas on va droit au rire...
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