jeudi 1 mars 2012

Rétrospective Robert Altman à la Cinémathèque française (18/01 au 11/03/2012)

On ne peut que remercier l'excellente initiative de la Cinémathèque française de diffuser l'intégrale des films de Robert Altman, un cinéaste qui reste curieusement méconnu malgré ses quarante films réalisés entre 1955 et 2006. Longtemps scénariste pour la télévision et le cinéma, il a attendu le début des années 1970 pour enchaîner les premiers succès critiques en tant que metteur en scène.

M.A.S.H. (1970)
Le public l'a en effet souvent boudé, ne lui consacrant qu'un seul véritable succès au début de sa carrière avec le film M.A.S.H. (palme d'or à Cannes). Cette satire aussi drôle que féroce contre la guerre du Vietnam fera même l'objet d'une série qui porte le même nom. On retrouve déjà le goût et la maitrise du cinéaste américain pour le film choral dont la mosaïque de personnages finit toujours pas se croiser et s'entrecroiser. Plusieurs chefs d'oeuvre suivent très vite, Altman enchaînant les réalisations, du western (John McCabe avec Warren Beatty en 1971) à l'immersion dans cet Amérique profonde qu'il aime tant à décrire dans Nashville (avec Géraldine Chaplin) ou dans Trois femmes (avec Sissy Spacek et Shelley Duvall, actrice fétiche du réalisateur jusqu'en 1980).

Les flambeurs (1974)
L'un de ses films les plus marquants est sans doute Les flambeurs, avec le bouillant Elliott Gould qui crève l'écran avec un bagou désopilant et un charme irrésistible qui lui permettent d'embarquer son compère George Segal (plus sobre mais très juste lui aussi) dans les artifices de l'addiction au jeu. Le scénario très subtil multiplie les seconds rôles intéressants, particulièrement la prostituée désenchantée de la touchante Gwenn Wells.

Un mariage (1978)
On retiendra aussi le jubilatoire Un mariage, où un Altman déchainé explose les faux-semblants d'une journée de mariage qui confronte deux familles socialement opposées. Sans doute un de ces films choral les plus accessibles, interprété notamment par Géraldine Chaplin et Mia Farrow.

Shortcuts (1993)
Les années 1980 sont plus décevantes, Altman perdant de son mordant. Il retrouve son inspiration en 1992 avec The Player, une satire d'Hollywood (dont il s'est toujours tenu à distance), et surtout Short Cuts l'année suivante, récompensé par le prestigieux Lion d'or à Venise. Le cinéaste va plus loin encore dans le nombre de ses personnages et déconstruit son récit à l'envie avec ses "chassés-croisés" virtuoses et incessants. Brillant mais sans doute pas le plus évident pour découvrir l'univers du cinéaste américain.

Gosford Park (2001)

Désormais, le pape du film choral réunit des castings qui multiplient les acteurs de renom, avec les habitués Tim Robbins et Julianne Moore, ou plus rarement Glenn Close (magnifique rôle de garce dans Cookie's Fortune en 1999) et Maggie Smith dans le très réussi Gosford Park en 2001. Récompensé aux Oscars pour son scénario, ce film aux nombreux personnages oppose habilement les réactions de deux classes (aristocrates et domestiques) à un meurtre survenu dans une grande demeure anglaise des années 1930.

The Last Show (2006)
Cet ultime succès est suivi du dernier film de Robert Altman, The Last Show, au titre prémonitoire. Une histoire très simple pour finir, celle des dernières heures d'une célèbre émission radiophonique enregistrée depuis plus de trente ans dans le Midwest américain. Un long métrage mineur au charme fou, avec son attention aux multiples détails du quotidien et surtout son scénario étonnant qui se refuse à utiliser le moindre artifice pour célébrer la dernière émission. Pas de rétrospective ou d'atermoiements. L'émission - la vie - se termine, et Altman la célèbre à sa manière, avec son intransigeante simplicité. La marque d'un grand.

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