jeudi 4 octobre 2012

« Julie des Batignolles » de Pascal Laurent - Théâtre La Bruyère - 12/09/2012

Après la réussite de sa mise en scène des « Trente-neuf Marches », Éric Métayer s’attaque à « Julie des Batignolles », un « polar à l’ancienne ». Une pièce de boulevard de piètre qualité qui sonne comme un accident de parcours.

Le succès se fait parfois attendre. En 2009, à tout juste 50 ans, le comédien et metteur en scène Éric Métayer a connu ce bonheur avec les Trente‑neuf Marches, une pièce récompensée par le Molière du Spectacle comique et celui de la Meilleure Adaptation. Un triomphe amplement mérité pendant trois ans au Théâtre de la Bruyère, suivi d’une tournée à travers toute la France qui n’est pas encore achevée.
Avec la pièce Julie des Batignolles, Métayer choisit à nouveau un projet proche de l’adaptation cinématographique, une sorte de polar à l’ancienne truffé de truands minables et gouailleurs, embarqués dans une aventure rocambolesque d’enlèvement qui tourne mal. Les répliques fusent à la manière d’Audiard sans pour autant approcher le génie du célèbre dialoguiste. Et le doute s’installe rapidement. Pourquoi ce choix d’une pièce qui peine à dépasser le niveau d’un boulevard, multipliant les situations convenues et les reparties faciles ?
Une pièce ratée
Avec une telle matière, toutes les audaces de mise en scène du précédent spectacle deviennent impossibles. Les rares tableaux mimés dans un rythme endiablé en interstice au récit n’apportent pas grand-chose à l’action, et leur réalisation même paraît bâclée. On est également déçu par la création lumière de Philippe Quillet, qui ne parvient pas à imposer la moindre poésie à l’ensemble. Manque de préparation ? Contraintes techniques dues à une scène trop exiguë ?
Côté comédiens, l’expérience précieuse de Thierry Liagre dans le rôle du faux naïf rappelle parfois l’immense Bernard Blier, tandis que Philippe Lelièvre, bien connu des jeunes générations qui l’ont découvert en professeur de théâtre dans l’émission de télé-réalité « Star Academy », campe un convaincant cerveau incapable de contrôler son équipe. On aurait sans doute aimé que Lelièvre accentue davantage encore les possibilités comiques de son rôle à l’instar de sa comparse Viviane Marcenaro, aux accents délicieusement vulgaires et outranciers. Mais c’est un détail tant sa présence tranche avec la jeune Manon Gilbert, encore un peu tendre pour son rôle difficile de pimbêche haute en couleur. À ses côtés, le jeune Kevin Métayer (fils d’Éric Métayer et Viviane Marcenaro) compose un benêt très crédible, un rien plus maladroit dans sa romance avec la captive.
Au final, un spectacle qui déplaira aux inconditionnels des Trente‑neuf Marches, et qui pourra intéresser quelque peu les amateurs de boulevard routinier et sans grand esprit.

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