samedi 16 mai 2015

« Concerto pour violon » d'Erich Wolfgang Korngold - Daniel Hope contre Kristóf Baráti - Disques Deutsche Grammophon et Brilliant Classics


Deux versions très différentes du Concerto pour violon de Korngold, l’une des œuvres les plus fameuses du compositeur autrichien naturalisé américain suite à sa fuite du régime nazi. Fruit d’une longue gestation entre 1937 et la création à Saint-Louis dix ans plus tard (par le grand Jascha Heifetz), ce concerto bénéficie de l’imagination mélodique et de l’orchestration foisonnante qui permettront à Korngold de s’imposer brillamment à Hollywood comme compositeur de musique de film. C’est précisément en cette direction que le violoniste anglais d’origine sud-africaine Daniel Hope (né en 1973) avance, mettant au premier plan son instrument pour imposer d’emblée la mélodie principale. Une lecture très personnelle, hédoniste et toujours séduisante dans sa respiration au tempo mesuré, qui bénéficie d’une excellente prise de son. A ses côtés, l’Orchestre philharmonique royal de Stockholm dirigé par Alexander Shelley joue les seconds rôles en colorant chacune de ses interventions pour mettre en valeur le soliste. Une version d’un envoûtement sonore immédiat pour le profane, peut-être insuffisamment fouillée pour l’amateur plus chevronné.

Une toute autre optique préside à la version enregistrée par Kristóf Baráti (né en 1979), avec un violon plus en retrait qui exalte les contrechants – n’oubliant aucune subtilité dans le respect des nuances. C’est davantage une symphonie avec violon obligé, exaltant les moindres contrastes de la partition pour apporter une vision vivante et colorée, aux accents sensibles et délicats, presque fragiles, dans la «Romance». Un deuxième mouvement très touchant sous l’archet du violoniste hongrois. Cette vision chambriste particulièrement vivante se poursuit dans l’Allegro conclusif, rapide et sautillant, emporté dans un dialogue endiablé entre les différents pupitres autour du violon.


Deux versions hautement recommandables malgré leurs optiques opposées, toutes deux accompagnées de compléments fort différents. Baráti choisit de se tourner vers le jeune Korngold, auteur à seulement seize ans d’une Sonate pour violon et piano déjà prometteuse. Il poursuit dans sa volonté de ne jamais prendre le dessus, permettant une lecture équilibrée, toute de contraste dans l’exaltation de la rythmique propre à cette œuvre. Daniel Hope choisit quant à lui des compléments plus faciles d’accès, réunissant notamment toute une série de compositeurs exilés aux Etats-Unis, finalement accueillis par Hollywood. Le large panel sélectionné inclut également des compositeurs actuels bien connus, tel John Williams, sans oublier de convoquer Sting, inattendu chanteur pop dans Eisler. Des pièces très calibrées dans leur bref minutage, admirablement variées dans les accompagnements (voix, piano ou harpe), même si Hope maintient son optique sage et doucereuse – signature globale de son album.

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