vendredi 4 mars 2016

Concertos pour violon de S. Coleridge-Taylor, F. Delius et H. Wood - Tasmin Little - Disque Chandos


Le très beau disque consacré à la musique de chambre anglaise pour clarinette récemment sorti chez CPO avait déjà permis de faire un peu plus découvrir la figure du Britannique Samuel Coleridge-Taylor (1875-1912), que l’on retrouve de nouveau dans ce disque au programme passionnant. Exit la clarinette et place au violon, autour d’un Concerto composé en 1910 suite à une commande venue des Etats-Unis – Coleridge-Taylor ayant alors réussi à se faire un nom en dehors de son pays. Las, le compositeur n’avait en réalité plus que deux ans à vivre, et c’est donc là l’une de ses dernières œuvres qu’il nous est donné d’entendre, dans sa version définitive. Insatisfait de sa première mouture, Coleridge-Taylor remis en effet sur le métier son ouvrage sans parvenir à dépasser l’influence marquante de Dvorák, mais également de Grieg. Dommage que la direction sans relief et sans surprise d’Andrew Davis peine à animer cette œuvre au lyrisme omniprésent, tandis que Tasmin Little elle-même n’offre guère qu’un violon lisse incapable de donner une dimension autre à ce charmant mais peu original concerto.

Plus intéressante est la Suite pour violon et orchestre (1888-1891), une œuvre de jeunesse de Frederick Delius (1862-1934) seulement révélée après la mort du compositeur. Influencé par Debussy, Delius reste encore trop méconnu en France, et ce alors même qu’il y passa l’essentiel de sa vie, s’installant pour plus de trente ans à Grez-sur-Loing, petite ville de Seine-et-Marne nichée entre Nemours et Fontainebleau. Avec la Suite, contemporaine de la plus connue Suite Florida, on retrouve déjà toute l’élégance de l’orchestration fluide et légère de Delius, ainsi que le sens de la mélodie propre à son maître Grieg. La finesse du tissu orchestral est portée par l’accompagnement serein de Davis, plus à son aise ici avec le violon pudique de Little. On pourrait évidemment espérer davantage d’espièglerie dans le délicieux Intermezzo, mais il faut attendre l’Adagio mélodique et inspiré pour enfin entendre les interprètes dans leur élément, avant un Finale de caractère, plus engagé.


C’est peut-être plus encore dans le mésestimé Concerto pour violon (1933) de Haydn Wood (1882-1959), par ailleurs auteur de la chanson Roses de Picardie, que Tasmin Little se lâche enfin, apportant une fougue bienvenue en opposition à l’orchestre. Cette œuvre agréable mais passéiste rappelle souvent Tchaïkovski par sa primauté du lyrisme et de la mélodie, sans parvenir à la virtuosité orchestrale de ses contemporains Korngold ou Schreker. Un disque au programme intéressant et au minutage on ne peut plus généreux, mais dont l’interprétation globalement un rien trop sage ne parvient pas à encanailler davantage ces œuvres plaisantes.

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