Heureux ceux qui ont déjà découvert la figure de Michelangelo Falvetti
(1642-1692), compositeur italien attaché à la Sicile, dont ne subsistent
aujourd’hui que deux œuvres complètes: Le Déluge universel (1682) et Il dialogo del Nabucco
(1683). On doit au chef Leonardo García Alarcón (né en 1976)
l’exhumation de ces œuvres superbes à Ambronay, en 2010 et 2012 (voir la
reprise de Nabucco à Saint-Etienne la même année),
avant de faire le tour de l’Europe en une traînée de poudre, autour
d’un succès critique et public jamais démenti. Il semble même que les
deux ouvrages, repris l’an passé
à Versailles, s’inscrivent durablement au répertoire baroque
contemporain. D’autres chefs qu’Alarcón oseront-ils nous proposer une
autre version de ces chefs-d’œuvre?
Quoi qu’il en soit, la réussite de ce projet doit beaucoup au jeune Argentin, toujours aussi investi dans l’équilibre entre musique et théâtre, autant que l’harmonie entre voix et orchestre. Comme nous avions récemment pu le constater à Saint-Denis, García Alarcón sait s’accommoder d’une acoustique périlleuse, comme ici dans la Chapelle royale du Château de Versailles, où la réverbération importante aide davantage les voix au détriment de l’orchestre. Les détails orchestraux semblent ainsi s’évanouir dès lors que l’effectif joue au grand complet. C’est donc en toute logique que les cordes ont été réduites à dix, tout en étant agrémentées du clavecin, de l’orgue, de deux luths, des vents et des percussions. L’une des grandes réussites de ce Nabucco (bien antérieur à l’ouvrage de Verdi) consiste précisément dans l’instrumentation originale réunie, aussi diverse qu’envoûtante autour d’une inspiration orientale, du ney au kaval (flûtes obliques), en passant par le duduk (instrument arménien à anche double, comme le hautbois), sans oublier les percussions iraniennes dévolues à Keyvan Chemirani, percussionniste de tradition orale.
Le bonheur vient aussi du très beau plateau vocal réuni, pratiquement identique à celui de l’an passé (seuls João Fernandes et Christopher Lowrey ayant rejoint la troupe), d’une exemplarité remarquable à une exception près: le rôle-titre incarné par Fernando Guimarães affiche une évidente méforme. Souffle court, timbre fatigué, difficulté à placer sa voix: le ténor portugais est bien en dessous de ses partenaires. Fort heureusement, les nouveaux venus se distinguent, au premier rang desquels le contre-ténor Christopher Lowrey (Arioco), à juste titre acclamé en fin de représentation. Pureté du chant et timbre suave vont de pair avec un investissement dramatique éloquent. On retrouve ces qualités parmi le grand trio féminin star de la soirée, autour des impeccables Caroline Weynants (Anania), Mariana Flores (Azaria, Idolatria) et Lucia Martín Cartón (Misaele). Elles aussi très applaudies, ces jeunes interprètes ne sont pas pour rien dans la réussite de la soirée, se permettant aussi un minimum de jeu théâtral pour animer cet oratorio aux faux airs de dramma per musica.
Comme à l’habitude, l’irréprochable Chœur de chambre de Namur dispense toutes ses qualités de précision dans les attaques, de souplesse dans les transitions, s’attachant à l’instar des solistes à soigner la diction et l’articulation. Du grand art mené par un Leonardo García Alarcón ivre de plaisir en fin de soirée, remerciant le public comme Laurent Brunner – l’initiateur de cette soirée en tant que directeur de Château de Versailles spectacles. On retrouvera à la rentrée prochaine le chef argentin, décidément très en vogue en France, choisi pour l’ouverture de la saison de l’Opéra national de Paris. Au programme, le rare Eliogabalo de Francesco Cavalli (1602-1676): l’une des deux incursions baroques de la saison (avec Rameau en 2017) pour la grande maison parisienne.
Quoi qu’il en soit, la réussite de ce projet doit beaucoup au jeune Argentin, toujours aussi investi dans l’équilibre entre musique et théâtre, autant que l’harmonie entre voix et orchestre. Comme nous avions récemment pu le constater à Saint-Denis, García Alarcón sait s’accommoder d’une acoustique périlleuse, comme ici dans la Chapelle royale du Château de Versailles, où la réverbération importante aide davantage les voix au détriment de l’orchestre. Les détails orchestraux semblent ainsi s’évanouir dès lors que l’effectif joue au grand complet. C’est donc en toute logique que les cordes ont été réduites à dix, tout en étant agrémentées du clavecin, de l’orgue, de deux luths, des vents et des percussions. L’une des grandes réussites de ce Nabucco (bien antérieur à l’ouvrage de Verdi) consiste précisément dans l’instrumentation originale réunie, aussi diverse qu’envoûtante autour d’une inspiration orientale, du ney au kaval (flûtes obliques), en passant par le duduk (instrument arménien à anche double, comme le hautbois), sans oublier les percussions iraniennes dévolues à Keyvan Chemirani, percussionniste de tradition orale.
Le bonheur vient aussi du très beau plateau vocal réuni, pratiquement identique à celui de l’an passé (seuls João Fernandes et Christopher Lowrey ayant rejoint la troupe), d’une exemplarité remarquable à une exception près: le rôle-titre incarné par Fernando Guimarães affiche une évidente méforme. Souffle court, timbre fatigué, difficulté à placer sa voix: le ténor portugais est bien en dessous de ses partenaires. Fort heureusement, les nouveaux venus se distinguent, au premier rang desquels le contre-ténor Christopher Lowrey (Arioco), à juste titre acclamé en fin de représentation. Pureté du chant et timbre suave vont de pair avec un investissement dramatique éloquent. On retrouve ces qualités parmi le grand trio féminin star de la soirée, autour des impeccables Caroline Weynants (Anania), Mariana Flores (Azaria, Idolatria) et Lucia Martín Cartón (Misaele). Elles aussi très applaudies, ces jeunes interprètes ne sont pas pour rien dans la réussite de la soirée, se permettant aussi un minimum de jeu théâtral pour animer cet oratorio aux faux airs de dramma per musica.
Comme à l’habitude, l’irréprochable Chœur de chambre de Namur dispense toutes ses qualités de précision dans les attaques, de souplesse dans les transitions, s’attachant à l’instar des solistes à soigner la diction et l’articulation. Du grand art mené par un Leonardo García Alarcón ivre de plaisir en fin de soirée, remerciant le public comme Laurent Brunner – l’initiateur de cette soirée en tant que directeur de Château de Versailles spectacles. On retrouvera à la rentrée prochaine le chef argentin, décidément très en vogue en France, choisi pour l’ouverture de la saison de l’Opéra national de Paris. Au programme, le rare Eliogabalo de Francesco Cavalli (1602-1676): l’une des deux incursions baroques de la saison (avec Rameau en 2017) pour la grande maison parisienne.
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