![]() |
(© Odile Motelet) |
Voilà une bien belle idée que de reprendre la production réussie de Trouble in Tahiti, montée à Tours en 2016. Composé en 1952, le premier opéra, en un acte, de Leonard Bernstein se voit cette fois adjoindre la création de Manga-Café
de Pascal Zavaro (né en 1959) – là aussi une toute première expérience
lyrique en un format court. L’idée est opportune tant les deux livrets
peuvent être rapprochés: d’un côté l’expérience d’une vraie-fausse
rencontre sur fond de geek attitude et de l’autre l’expérience des
faux-semblants à l’œuvre dans un couple. Ces deux miroirs d’une solitude
sont heureusement enrichis d’une musique scintillante, faisant valoir
une énergie rythmique et une variation de climats enthousiastes chez
Zavaro, ancien percussionniste souvent proche de la musique minimaliste
américaine, tandis que Bernstein séduit plus encore par ses dons
d’orchestrateur et son irrésistible talent mélodique. Ce sens du swing
que l’on retrouve chez l’un et l’autre est le vrai fil conducteur de la
soirée, même si l’on regrettera un texte (volontairement?) pauvre chez
Zavaro, tourné vers l’esprit simpliste et naïf des mangas, là où
Bernstein interroge avec finesse les illusions du rêve américain, tout
autant que le machisme et l’individualisme (matérialisé dans la
nécessité de réussir professionnellement en tant que winner).
La réussite de la soirée doit beaucoup à la mise en scène pétillante et inventive de Catherine Dune, inspirée par le comique absurde des situations dans les deux ouvrages. Les climats sont admirablement variés dans Manga-Café, s’approchant au plus près des intentions musicales, très nerveuses en son début. Associée à ce sentiment d’urgence, la banalité du fait divers (une femme se fait agresser dans le métro sous les yeux d’un jeune homme qui hésite à réagir) n’en ressort que davantage, bien rendue par la vidéo en noir et blanc et ses images oppressantes de tunnel pris à pleine vitesse. Catherine Dune sait aussi trouver quelques passages empreints de poésie lorsqu’un immense kimono sert à cacher les déplacements des personnages, permettant de découvrir des tableaux visuels inattendus. Avec Trouble in Tahiti, son travail se fait plus minimaliste, moquant avec beaucoup d’à-propos les personnages secondaires, incarnés par les comédiens comme des robots sans âme. La critique sociale de Bernstein prend ainsi un tour absurde tout à fait bienvenu.
L’ensemble du plateau vocal réuni emporte l’adhésion par sa fraîcheur vocale et son investissement manifeste. Si l’on pourra regretter la légère sonorisation pour une salle de si petite taille (un peu moins de 600 places), force est de constater que le choix d’Eléonore Pancrazi (Thomas, Dinah) parait d’emblée évident, tant la mezzo laisse entendre une plénitude vocale à l’aise dans tous les registres. Elle se montre curieusement plus en retrait dans la prononciation du français, un peu hésitante dans les attaques, tout en emportant l’adhésion dans Trouble in Tahiti, au chant il est vrai davantage tourné vers la comédie musicale. De naturel, Morgane Heyse (Makiko) ne manque pas, démontrant des qualités interprétatives superlatives et une souplesse vocale aérienne. Laurent Deleuil compose quant à lui un convainquant Sam, à l’émission bien placée, mais un rien plus en retrait au niveau de la projection. Dans la fosse, Julien Masmondet parvient à lier avec beaucoup de finesse tous les différents climats musicaux à l’œuvre, en adoptant un tempo qui respire harmonieusement: en fin de représentation, il a la bonne idée de faire applaudir sur scène son ensemble Les Apaches, à la hauteur de l’événement.
La réussite de la soirée doit beaucoup à la mise en scène pétillante et inventive de Catherine Dune, inspirée par le comique absurde des situations dans les deux ouvrages. Les climats sont admirablement variés dans Manga-Café, s’approchant au plus près des intentions musicales, très nerveuses en son début. Associée à ce sentiment d’urgence, la banalité du fait divers (une femme se fait agresser dans le métro sous les yeux d’un jeune homme qui hésite à réagir) n’en ressort que davantage, bien rendue par la vidéo en noir et blanc et ses images oppressantes de tunnel pris à pleine vitesse. Catherine Dune sait aussi trouver quelques passages empreints de poésie lorsqu’un immense kimono sert à cacher les déplacements des personnages, permettant de découvrir des tableaux visuels inattendus. Avec Trouble in Tahiti, son travail se fait plus minimaliste, moquant avec beaucoup d’à-propos les personnages secondaires, incarnés par les comédiens comme des robots sans âme. La critique sociale de Bernstein prend ainsi un tour absurde tout à fait bienvenu.
L’ensemble du plateau vocal réuni emporte l’adhésion par sa fraîcheur vocale et son investissement manifeste. Si l’on pourra regretter la légère sonorisation pour une salle de si petite taille (un peu moins de 600 places), force est de constater que le choix d’Eléonore Pancrazi (Thomas, Dinah) parait d’emblée évident, tant la mezzo laisse entendre une plénitude vocale à l’aise dans tous les registres. Elle se montre curieusement plus en retrait dans la prononciation du français, un peu hésitante dans les attaques, tout en emportant l’adhésion dans Trouble in Tahiti, au chant il est vrai davantage tourné vers la comédie musicale. De naturel, Morgane Heyse (Makiko) ne manque pas, démontrant des qualités interprétatives superlatives et une souplesse vocale aérienne. Laurent Deleuil compose quant à lui un convainquant Sam, à l’émission bien placée, mais un rien plus en retrait au niveau de la projection. Dans la fosse, Julien Masmondet parvient à lier avec beaucoup de finesse tous les différents climats musicaux à l’œuvre, en adoptant un tempo qui respire harmonieusement: en fin de représentation, il a la bonne idée de faire applaudir sur scène son ensemble Les Apaches, à la hauteur de l’événement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire