samedi 4 mai 2019

« Le Chant de la mine » d'Eugène Bozza - Disque IndéSens


C’est semble-t-il le tout premier enregistrement disponible en disque compact de l’oratorio Le Chant de la mine (1956), dont la recréation contemporaine a été l’un des événements de la saison dernière à Valenciennes. C’est dans cette ville qu’Eugène Bozza (1905-1991) fut chargé de la direction du Conservatoire entre 1950 et 1975, après avoir mené une carrière de violoniste virtuose, puis de compositeur, ce qui lui vaudra de remporter le Premier Grand Prix de Rome en 1934. Né à Nice, Eugène Bozza choisit de rendre hommage aux corons et miniers du Nord, bénéficiant de l’aide du poète et critique musical belge José Bruyr (1889-1980) pour le livret. D’emblée, l’omniprésence du récitant (incarné par le clair et emphatique Didier Kerckaert), tout autant que la superbe fanfare introductive, évoquent Le Roi David d’Honegger. L’orchestration légère et raffinée de Bozza fait la part belle aux vents, tout en pastichant en de nombreux endroits ses prédécesseurs, de Bizet à Ravel, en passant par Debussy. On note aussi une allusion au célèbre Dies Irae lors de l’avant-dernier mouvement en forme de chœur paroxystique, interrompu par des silences typiquement brucknériens.

Nicolas Bucher dirige avec un sens des couleurs admirable l’Orchestre Valentiana, bien préparé pour l’événement. Les différents chœurs réunis affichent un niveau plus disparate, parfois mis en difficulté par les écueils de la partition. On pourra noter aussi un certain déséquilibre entre la prise de son avantageuse pour le récitant, plus lointaine s’agissant des chœurs. Quoi qu’il en soit, les solistes sont à la hauteur, hormis Daniel Ottevaere (la voix du charbon) et son vibrato envahissant. Parmi les belles satisfactions, outre le timbre charmant de Zoé Gosset (l’alouette), la présence vibrante de Sarah Laulan apporte une belle incarnation de caractère, parfaitement en phase avec ses doubles rôles, le tout en une émission ronde et souple. De quoi donner beaucoup de tenue à ce disque dont on regrettera seulement le contenu éditorial expéditif: on ne trouve nulle part le détail des onze plages que compte l’ouvrage, ni le livret ou la biographie des interprètes. Dommage.

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