samedi 25 mai 2019

« Ein Lämmlein geht und trägt die Schuld » de Gottfried Heinrich Stölzel - György Vashegyi - Disque Glossa


Depuis la parution en 2015 de son disque consacré à Adrien de Méhul, le chef hongrois György Vashegyi a continué de manifester son intérêt pour le répertoire français en éditant plusieurs disques consacrés à Rameau et Mondonville (voir le compte rendu d’Isbé, donné à Budapest avant la sortie du disque en 2017), tous très réussis. On regrette de ne pas avoir pu entendre ces ouvrages dans l’écrin idéal de l’Opéra de Versailles, en lieu et place du pot-pourri Un opéra pour trois rois, plus ou moins convaincant, présenté en 2016. Quoi qu’il en soit, le disque permet de pallier le voyage à Budapest, incontournable pour profiter de l’excitation du spectacle vivant.

György Vashegyi s’intéresse cette fois au répertoire germanique en faisant honneur à la figure méconnue du prolifique Gottfried Heinrich Stölzel (1690-1749), dont les ouvrages religieux sont défendus avec constance par les éditeurs CPO et MDG depuis plusieurs années, sans parler des pièces pour trompette redécouvertes jadis par Maurice André ou... Carl Schuricht. On ne s’étonnera pas de l’intérêt de Vashegyi pour ce compositeur admiré par Jean-Sébastien Bach, tant son élégance raffinée et son refus de la virtuosité le rapprochent de la musique française: des caractéristiques particulièrement audibles dans ce disque consacré à l’oratorio Un agneau passe et porte la faute, créé en 1720 et repris ensuite, notamment en 1734 à Leipzig à l’initiative et sous la direction, très probablement, de Bach. Ce dernier se verra longtemps attribuer à tort l’aria «Bist du bei mir», pourtant tiré de l’opéra Diomède (1718) de Stölzel.


De quoi donner une idée de l’inspiration de Stölzel, véritable maître de la miniature sereine, gracieuse et expressive: aucun des quarante morceaux qui composent cet oratorio
(ici donné dans sa version de 1731, plus courte que la version de la création) ne dure plus de 4 minutes. On aimerait bien entendu que les plus réussis d’entre eux (notamment le choral «Mein Jesus stirbt») soient plus développés, mais on s’habitue bien vite au style concis de ce compositeur. On notera aussi la capacité à varier les climats, avec un chœur très présent: il est vrai que le superlatif Chœur Purcell n’est pas pour rien dans cette impression, d’autant plus que les phrasés aériens de Vashegyi séduisent tout du long par leur justesse de ton. Tous les solistes réunis se montrent d’un bon niveau homogène, hormis le perfectible Zoltán Megyesi, à l’aigu forcé. Un disque chaleureusement recommandé, malgré cette réserve.

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